Posted: février 15th, 2011 | Author: Epine noire | Filed under: Poitiers, Police | 1 Comment »
Policer des lieux de vie, des souffles de vie, et des penchants insaisissables?
Un an après les «_évènements_» du fameux 10 octobre, la répression policière est toujours aussi présente sur les acteurs et actrices du mouvement social local.
En ce qui nous concerne, -et on le répète depuis le début- il n’y a pas réellement un avant et un après 10 octobre, c’est pour le reste de la population poitevine (une légère coupure s’est opérée : cristallisation autour de la personne de Papineau , chef de la police locale ) mais surtout sur la jeunesse que le pouvoir policier aiguise ses savoir-faire…
Rien ne doit se passer ici à Poitiers. Les flics débarquent rapidement sur les lieux de lutte : les squats sont délogés manu militari , les actions des lycéens et étudiants sont surveillés comme du lait sur le feu, et le contrôle incessant de personnes considérées à risque persiste,quoique l’on peut noter une certaine baisse
Bien entendu cette pression policière s’exerce prioritairement sur la jeunesse. Certes, les militants gauchistes et anarchistes sont visés ,mais cela va bien au delà du clanisme politique. C’est comme si il y avait une stratégie de biologiser la jeunesse afin de l’appréhender comme un corps étranger dans le but d’établir des schèmes de pensées et des systèmes de contrôle pour la diviser , l’isoler pour la mater plus facilement. Dans une ville ou il y a près de 30.000 étudiants, les contrôles de terreur sont assez simple à mettre en place, sous couvert de la protection de la jeunesse; on accentue les contrôles routiers les jeudis soirs , on affine les tests anti-drogues, on perquisitionne une chambre ou un studio pour moins d’un gramme de cannabis, on surveille des maisons ou des bouts de terre occupés, on fait des traquenards lors de la fête de la musique , on fait fermer les discothèques pour de fumeuses raisons de nuisances sonores , également les bars réputés pour être des lieux ou vont et viennent les militants gauchistes et/ou anarchistes, on coupe les subventions aux associations qui tentent de faire tenir ce qu’il reste encore de «_culture_». Tous les lieux sont appréhender comme des lieux d’agitations voire de fomentations révolutionnaires…
Depuis le début du mouvement contre la réforme de la retraite et son monde , l’attitude la police poitevine est intéressante a étudier, elle opère de manière très procédurière face aux actions menées par les syndicats et/ou militants gauchistes et anarchistes : donc elle prend un nombre incalculables de photos, filme tous azimuts,ne contrôle plus de manière systématique, sourit même…C’est assez curieux de sa part , sans doute que la consigne de la préfecture c’est de la jouer profil bas.
Par exemple lorsqu’un lycéen rend coup pour coup au chef de la police (car ce dernier l’a giflé) et se retrouve au commissariat face à des flics lui payant le café et lui demandant de passer l’éponge, on peut dire que la pression du mouvement social contre la réforme des retraites en plus de la présence d’un réseau luttant contre la répression policière et judiciaire semblent efficaces et peuvent faire reculer la police dans ces agissements. Cependant se cacher derrière la chaleur et le soutien que peuvent procurer un comité contre la répression ne nous fait pas occulter que ce changement de comportement en plein mouvement est quelque peut curieux. Nous verrons bien par la suite quelles tournures vont prendre les comportements de la police et bien entendu les réactions des personnes face à elle.
Ce qui est certain, il y a quelque chose qui s’est passé ces derniers mois : à savoir que toute une partie de la population poitevine (et pas seulement) est devenue hostile face à la police locale, une majorité connaissent le chef de la police M Papineau. Ce dernier s’est , en quelque sorte, «_starifié_» : qu’il soit honnit ou applaudit, il est devenu un «_notable_de la répression_» du spectacle local. Les jeunes (et moins jeunes également) poitevins peuvent poser un nom, personnifier le contrôle qui s’exerce dans leurs lieux de vie et de rencontres ; ce qui se ressent particulièrement dans leur comportement face aux flics maintenant, une hostilité grandissante.
Alors que personne ne se souvient du dernier chef de la police, celui ci, mis en place par le préfet raciste Tomasini,par une mise en spectacle de son autorité et de ses exactions ont ont la force d’occulter le fait que nombre de personnes déteste la police dans son ensemble , au profit d’une pensée toujours unique : «_y’en a des bien_» , «ils ne sont pas tous comme ça_» etc… Donc de servir d’épouvantail au sein de la police pour de larges franges de la population poitevine (surtout de sa frange militante) en attendant un remaniement , en le substituant par le bon flic de «proximité_», de gauche , le républicain.
Or nous considerons qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais flic (celui de la répression droitière/fasciste ou celui de la proximité de gauche),mais seulement des individus qui portent l’uniforme de la violence de l’ Etat républicain et s’organisent pour que les puissants de ce monde continuent de dominer : alors tous moyens sont nécessaires afin de canaliser des colères et les envies d’en finir avec les injustices. Il n’y a qu’a voir les comportements de la police des différents gouvernements de gauche depuis 1981: répression et récupération politique des mouvements issus des quartiers, des lois liberticides tel que LSQ, répression des mouvements ouvriers, du mouvement antinucléaire, du mouvement des chomeurs, soutien de plusieurs dictatures dans le monde…
Nous entendons, par ci par là, des rumeurs de changement de préfet en plus du départ de son poulain de flic ( car les deux suivent des carrières parallèles..)
Poitiers a beau être, une ville laboratoire de techniques d’appréhension et de prédation policière, des lieux de vie, des gestes et des rencontres en ont prouvé le contraire ; ces techniques policières pouvaient être décryptés ,déjouées et par conséquent mises en désuétude.
Posted: février 15th, 2011 | Author: Epine noire | Filed under: Poitiers, Urbanisme | Commentaires fermés sur A propos de Cœur d’agglo et de son monde
Travaux publics : promotion du pouvoir et domination
On est en plein dedans, dans les énormes travaux de rénovation urbaine de l’agglomération de Poitiers. C’est abrutissant, ça martèle, ça pilonne. Les ouvriers, techniciens et autres ingénieurs sont sur le pied de guerre.
Au départ, une écrasante majorité des habitants est favorable au projet de rénovation urbaine Cœur d’agglo.
En effet, quand on annonce que le centre de votre ville va être plus beau qu’avant, que les façades des immeubles historiques seront refaits à neuf, qu’il y aura moins de voitures, que le piéton sera roi… n’importe quelle personne vous dira qu’elle est pour, car ça rime avec « nouveauté ». Les panneaux avec les schémas en 3D montrent à quel point la ville sera belle et lisse ; les familles seront heureuses.
Mais entre les projections fantasmatiques des architectes et le quotidien des Poitevins, il y a un décalage sérieux. Il suffit de pas grand-chose, après tout, pour que les avis changent de ton. A peine les travaux entamés, on a vu de nombreuses personnes commencer à douter du projet, car à vrai dire il ne concerne pour l’essentiel que le centre-ville, C’est le quotidien qui a fait réagir les habitants : d’un coup leurs habitudes pour se déplacer en voiture ont changé, ils râlent. Ils parlent entre eux des galères dans les déplacements, des tilleuls abattus et du prix de cette rénovation (près de 25 millions d’euros). Les travaux font ressortir de terre une partie de l’histoire poitevine : la découverte de sarcophages médiévaux sous la place d’Armes…
Curieuse est cette manie de tout homme de pouvoir, en l’occurrence A. Claeys, le maire, de vouloir construire pour marquer de son empreinte son règne dans une ville, à petite échelle bien sûr, mais en lorgnant sur les passés glorieux des puissants – tel Mitterrand, de sa famille politique, Président-bâtisseur par excellence (l’Opéra-Bastille, l’Arche de la Défense, le Louvre et sa pyramide…). Les travaux d’Alain masquent quelque peu les difficultés économiques du secteur de la construction depuis le début de la crise, en 2008 (1).
Le plan se présente comme un bien d’utilité publique pour tous les habitants de Poitiers alors qu’il favorise en premier lieu ceux du Plateau.
Au-delà de la question de la durée des travaux, c’est réellement une conception –particulière – de la vie que la mairie et ses urbanistes promeuvent, avec clairement un alignement sur les affaires de la bourgeoisie locale. C’est ce que les sociologues appellent gentrification (ou embourgeoisement). En plus de l’augmentation des activités de services marchands, l’immobilier et les finances sont les leviers de la richesse de la zone littorale, en Poitou-Charentes. Les activités touristiques, les résidences secondaires du littoral qui poussent comme des petits pains (cf. Xynthia) sont également des sources de gains pour les tenants de l’économie locale (2).
Guerre territoriale : prévention et gestion des foules
Dans sa lettre mensuelle de novembre 2010 à ses administrés, A. Claeys déclare :
« Chacun peut en convenir, notre société fabrique de la violence. Deux leviers principaux s’offrent à nous pour la réduire : l’urbanisme et l’éducation. »
Ses propos font écho à ceux d’un autre spécialiste de la répression dans les banlieues :
« Il faut considérer aujourd’hui la prise en compte de la sécurité comme naguère celle de l’incendie, ce qui a conduit à constituer des règles de sécurité incendie. Tous les architectes ont parfaitement intégré les contraintes d’évacuation d’un bâtiment en cas d’incendie. Il appartient aux architectes de se former aux problèmes de sécurité, et donc d’intégrer les solutions dans leurs projets. »
L’auteur de ces immortelles lignes, Jean-Pierre Duport, un grand commis d’Etat, est spécialiste de l’habitat et de l’urbanisme. Préfet de Seine-Saint-Denis, puis de la région Ile-de-France, puis de Paris, puis président du Réseau ferré de France (autre symbole de sa compétence en matière de quadrillage du territoire), actuellement président d’une SA de HLM (Domaxis).
Ainsi, cette notion d’espace défendable ne s’applique plus seulement aux incendies mais est dirigée contre la délinquance urbaine. D’ailleurs, Duport (certainement homme de gauche !) fut, en 1997, chef de cabinet du ministre de l’Intérieur J.-P. Chevènement – qui avait qualifié l’ennemi de « sauvageons » contre lesquels il fallait se protéger.
C’est ce que Jean-Pierre Garnier qualifie d’« architecture de prévention situationnelle », c’est-à-dire aménager les lieux pour prévenir le crime.
Evidemment, ce n’est pas nouveau : du baron Haussmann, désireux d’avoir les émeutiers en ligne de mire depuis tous les carrefours, aux bitumeurs de Mai 68 faisant disparaître en quelques mois tous les pavés, en passant par le no man’s land des « fortifs » que franchissaient les apaches, les efforts urbanistiques pour circonscrire les pauvres et les « dangereux » ne manquent pas.
Ainsi, il y aurait un espace policé, composé de citoyens, et un autre (hors la cité) composé des « dangereux » contre lesquels il faut se protéger : s’il fallait un exemple confortant notre rejet de l’idéologie citoyenniste, nous le trouverions facilement dans l’examen de ces « rénovations urbaines » qui sont une preuve éclatante qu’il n’est de citoyens que dans le discours d’idéologues stipendiés.
Pour organiser cet espace policé se protégeant des sauvageons en les maintenant à la périphérie, il va falloir mettre en place une politique de protection faite d’équipements culturels, de policiers, de psychologues, d’éducateurs, etc.
Et, sur ce terrain, Poitiers est véritablement un laboratoire, avec ses trois têtes emblématiques (un préfet de police, un procureur de la République, un maire) dans un contexte sociologique fournissant un vivier sans fond d’éducateurs de tous ordres (voir autre texte).
Guerre contre les zones d’ombre où il y avait des traficotages de la survie ; guerre contre les pauvres, les précaires, les chômeurs, les zonards. Ne glorifiant en rien ce qu’était le centre-ville, nous pointons seulement que la bourgeoise locale souhaite à tout prix jeter ce qu’elle nomme les indésirables : ceux qui squattent avec leurs bières à la main les rues piétonnes, ceux qui fument leur spliffs de manière éhontée, ceux qui mendient pour deux sous, ceux qui font leur petits deals. Celles et ceux qui échappent aux contrôles policiers.
Poitiers se sent belle et on n’arrête pas de lui dire, de lui ressasser sa grandeur médiévale ; seulement elle a bien pris un coup de vieux, donc il a fallu la faire entrer dans la modernité avec un grand M. Comme maquillages, ce seront : la construction du parc technologique appelé Futuroscope, puis celle plus récente du quartier de la gare en une espèce de quartier d’affaires (pour l’instant, c’est un fiasco complet…) ; et, dernier projet en date, la construction de la LGV Poitiers-Limoges. D’ailleurs, El Mustapha Belgsir, vice-président du Grand Poitiers, a présenté à Cannes, en novembre dernier, le projet Cœur d’agglo au MAPIC (Marché international des professionnels de l’immobilier), qui consiste à attirer des enseignes commerciales, des promoteurs, des investisseurs susceptibles de s’implanter dans la région (3]).
L’urbaniste : un ennemi qui vous veut du bien
Comme on l’a dit précédemment, les urbanistes d’aujourd’hui ont dans leurs petits plans tout droit sortis de leurs petites têtes, non pas seulement la possibilité d’« embellir » une ville, un quartier ou une cité, mais aussi la possibilité de mettre en place des dispositifs et de gérer la circulation de flux humains et de marchandises. L’urbaniste est devenu un agent aussi redoutable qu’un agent du service de renseignement. Dans leur plan, la spécialisation est à l’œuvre : comme les milliers d’immeubles de véritables cités-dortoirs dans les années 60-80, la ségrégation spatio-temporelle et répressive est déjà pensée ; il lui faudra un label éco-construction pour que ce soit accepté par les babas cool, comme ça l’est déjà pour les projets d’éco-quartier (cf. Le futur projet d’éco-quartier de Magnals à Mignaloux-Beauvoir) (4). Pour le reste des quartiers populaires, on détruit des bâtiments afin de reloger les gens dans d’autres immeubles un peu moins déglingués (par exemple, des Couronneries aux Trois-Cités, ou bien des Trois-Cités aux Trois-Cités [sic]) ; et on favorise des logements sociaux de bas étage et on construit des maisons individuelles en bas des dernières tours qui restent encore debout pour des accessions à la propriété qui endettent des familles (pas forcément aisées, loin de là) sur plusieurs années. Il s’agit de disperser un peu plus loin ces classes dangereuses pour les rendre moins visibles et plus isolées. De les remplacer par un saupoudrage de petite bourgeoisie intellectuelle peu riche non plus, mais plus conforme idéologiquement
Dépossession de nos vies
C’est toujours le même schéma qui se produit : le citoyen-habitant est complètement dépossédé de l’élaboration des projets urbanistiques. Seuls les architectes, la mairie et ses gestionnaires de l’habitat de l’urgence sociale vont vous déclarer le contraire ; l’habitant, le démocrate/citoyen participatif a été bien entendu parce qu’il a réclamé (pétitions, requêtes, etc.) des rénovations ; parce que la loi de rénovation urbaine les a réclamées, et surtout parce que ces mêmes maîtres les ont voulues.
Cette dépossession des futures personnes qui vont peupler les nouveaux immeubles est à l’image de la place qu’elles ont au sein du processus de production de la société marchande et capitaliste.
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1. La Nouvelle République du 6/12/10, « Analyse : Ne pas rater Center parcs et la LGV ».
2. Voir les chiffres de l’INSEE sur la région Poitou-Charentes.
3. Poitiers magazine (mensuel d’information de la Ville de Poitiers) de décembre 2010 (n° 182) p. 13.
4. La Nouvelle République du 15/01/11, « L’éco-quartier des Magnals à l’horizon ».
Posted: février 15th, 2011 | Author: Epine noire | Filed under: Poitiers | Commentaires fermés sur Le Grand Condé, le petit condé et le proc’
Un conte pour électeurs.
Nous l’avons constaté, notre bon préfet, ex militant jeune gaulliste de l’UJP (ce qui lui donna l’occasion de copiner avec le tout jeune Sarkozy) est un homme d’ordre, du genre « passe la BAC d’abord on discutera ensuite ». C’est aussi un menteur : le 24 octobre 2009 il affirmait à la Nounou que des « instruments provenant de manifestants violents avaient été saisis » au 23. Or le procès verbal signé par la police a signalé qu’aucun objet n’avait été retrouvé à l’intérieur du bâtiment.
Mais on sait moins qu’avant de s’impliquer dans la vie poitevine, Bernard Tomasini fut préfet du Val de Marne et à ce titre a géré l’affaire dite des « squatters de Cachan », en 2006.
Responsable direct de la brutalité avec laquelle furent traitées à plusieurs reprises ces familles qui durent attendre trois années pour être relogées, on se souviendra de la manière dont nanar fut « piégé » au téléphone (pour le magazine Hyperlink) par l’imitateur Gérald Dahan qui se faisait passer pour… Gérard de Villiers. En si bonne compagnie notre grand condé s’est lâché : Il ne voyait dans les oppositions à son action qu’un complot communiste et surtout affirmait qu’« en réalité, les squatteurs veulent reconstituer un village africain en plein Paris ! » Bingo, ça valait les anciennes « odeurs » de Chirac et le récent « colonialisme musulman » de Marine La Pen.
Un village africain en plein Paris, rendez-vous compte, ça vaut une horde de barbaresque dans notre bonhomme centre ville un samedi d’octobre 2009 !
Il faut dire que les centre-ville ça travaille dur édiles et argousins de tous niveaux et de toutes les couleurs politiques. A côté du Grand Condé avec ses états de services évoqués ci-dessus il y a Pierre Sennes. C’est le proc près du gueuloir de grande instance (Le Dab de la Cigogne comme l’écrivait Balzac) nommé à Poitiers le 30 mars 2009 qui est, lui aussi, un spécialiste : il fut l’un des artisans de la mise en place des conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance qui « attribue clairement la responsabilité du pilotage de la prévention administrative, d’une part, au préfet pour l’échelon départemental, d’autre part, au maire à l’échelon local. » Bref un véritable expérimentateur qui fut il n’y a pas si longtemps, traité de « Papon » par un « gâs qu’a mal tourné » mais qui avait quand même quelques connaissances élémentaire de l’histoire de notre république. « Le procureur est un salaud, un Papon ! », gueula-t-il. Le rapprochement ne plut pas aux huiles. Pourtant Papon siégea sur les mêmes bancs et au même gouvernement que le papa du Grand Condé du Poitou. Y aurait-il là dessous un vieux règlement de compte œdipien ? René Tomasini, le père aurait-il été lui aussi un salaud comme son pote ? certainement pas, il ne fut que secrétaire général de l’UDR et parrain politique de Charles Pasqua : un brevet de respectabilité !
La loi sur les conseils locaux de sécurité (2007) de notre proc’ est claire : elle « institue le maire, au plan local, comme “pilote” de la prévention de la délinquance et conforte ainsi sa légitimité vis-à-vis des autres acteurs institutionnels. » Cela nous mène tout droit à la troisième tête de notre monstre tricéphale, le petit condé de Poitiers, nout’bon maire.
Son boulot à lui c’est cœur d’agglo (voir article par ailleurs) : organiser un centre ville bourgeois et moyen bourgeois bien desservi par Vitalis pour le plus grand bien de la consommation et repousser ou maintenir les pauvres hors la cité mal desservie par le même Vitalis. D’un côté un centre ville propre, net, sans mendiants ni gauchistes, des jeunes, certes, mais étudiants et propres sur eux avec carte de l’Unef ou de la MJS, une culture aseptisée. De l’autre des cités circonscrites, surveillées, animées socioculturellement, à qui ont fera quelques fleurs du genre proposé par madame Franco présidente du comité de quartier Saint Eloi : « Mes projets de marché hebdomadaire et de balade jusqu’à la forêt de Moulière vont finir par aboutir. Je pense également lancer un concours de balcons fleuris, et instaurer un compostage collectif. J’aimerais aussi que des tables en béton avec des trames de jeux de société soient installées près du bassin d’orage. ». Avec ça tout ira mieux ! En attendant le conseiller municipal en charge de la prévention de la délinquance et de la tranquillité publique, le sous-condé Bonneton réclame une présence policière accrue dans le quartier, on n’est jamais trop prudent !
Tout remodelage urbain s’accompagne d’une politique des transports. L’occasion pour instaurer leur gratuité ? Pas pour le bonhomme Claeys qui représente la version de gauche de la trilogie sécuritaire expérimentale poitevine (TSEP). il veut pas de la gratuité… ça ne serait pas égalitaire estime-t-il. Comme l’a fait remarquer Maryse Desbourdes, alors, l’école « gratuite » n’est pas non plus égalitaire ! Rien à voir rétorque l’édile en chef. Bon, on pourrait le comprendre : faire payer le bourgeois qui va ou vient du centre ville pour permettre aux chômeurs des cités de venir s’éclater à la FNAC ou à ND la Grande. Pourquoi pas ? Mais ce n’est pas ça, c’est faire payer tout le monde, ceux pour qui un billet de bus ne représente rien et ceux pour qui c’est un frein à la libre circulation.
L’argument égalitaire est de pure démagogie car si il voulait faire payer plus aux plus riches pour ne pas se priver des 5 millions d’euros que coûteraient la gratuité il faudrait que ce noble geste s’applique partout ! Ainsi, les 10 millions d’euros de subventions aux voyous de Ryanair (10 millions en 10 ans, 770 000 euros cette année comme l’an dernier) champions du monde de la dérèglementation à qui ça sert ? (trois destinations : Barcelone, Londres et Edimbourg). Aux pauvres qui prennent l’avion ? Aux promoteurs du tout tourisme qui se frottent les pinces à chaque hausse de l’immobilier… et rachètent des immeubles en centre ville ? Le syndicat mixte qui gère l’aéroport avait timidement demandé une diminution de cette contribution. Le pdg lui a cloué le bec vertement : « Ryanair est un transporteur qui cherche à réduire les coûts pour ses passagers, pas une entreprise de charité fondée pour le plus grand bien des aéroports. » Qui en doutait ?
Il y a des gens plus égaux que d’autres.
Autre exemple les 19 millions accordés pour la ligne LGV Poitiers-Limoges que les modestes riverains refusent, alors que l’on étrangle ou supprime les petites lignes (que les modestes riverains réclament) c’est pas un cadeau pour les cadres et les hommes d’affaire qui circulent toutes les semaines en TGV ? Un cadeau pour le BTP qui utilise des travailleurs clandestins au noir, sous payés ?
Et les Feuillants ? belle opération égalitaire. Un rachat au diocèse de Poitiers qui coûte trois millions d’euros (il fut un temps ou les républicains saisissaient purement et simplement les biens de l’Eglise, mais c’était il y a longtemps). Précisons quand même que si ces saints vieux murs (1) tiennent encore debout c’est grâce aux fonds publics que l’Etat refile à hauteur de 10 % des frais à la curaille pour entretenir ce coin de paradis. Et tout ça pour quoi ? Pour offrir un gueuloir neuf et rutilant aux Pierre Sennes et à ses successeur, pour mieux punir les pauvres, mieux défendre la propriété, le travail et la patrie. Et c’est vrai qu’avec la mise en œuvre de Loppsi il va y avoir du boulot.
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(1) Fondé par les jésuites. Anecdote, suite à la défaite de 1870 c’est là que fut prononcé le vœux de construire le sacré cœur à Paris pour expier les péchés qui furent à l’origine de la défaite… et qui conduisirent à l’ « horrible » commune de Paris.C’est sur le « sang des copains » que s’érigera la basilique conçue par un esprit tordu dans ce bagne clérical d’enfants.
Posted: février 15th, 2011 | Author: Epine noire | Filed under: Poitiers | Commentaires fermés sur Pour une poignée de dollars…
« Écoute, regard, pour une poignée de dollars
Les jeunes sont prêts à aller au placard
Deal, biz, braquage en temps de crise
Espèce de bâtard , accuse le pouvoir, écoute »
Ideal J, Pour une poignée de dollars…
Depuis quelques années , on assiste a un recrudescence de braquages en tout genre dans Poitiers et son agglomération. Pourtant, l’image de Poitiers la calme, son passé médiévale et catholicité, et son université érudite est encore prédominante. Et derrière cette image bonhomme ( cf paroles du maire Alain Claeys sur la bonhommie poitevine ou bien sur les paroles d’un leader bureaucrate des jeunesses socialistes dont on taira le nom, pour ne pas lui faire de la publicité, à propos du « pékin poitevin moyen » ), bon enfant, il y a des moments et des gestes qui dénotent terriblement. L’on pourrait revenir sur les actes de destructions des panneaux publicitaires ,des tags ,des vitrines de magasins ou bien encore des poubelles renversées et brulées après chaque soirée estudiantine.
Mais le braquage , comme le dit communément dans le dictionnaire, attaque a main armée, a le mérite de poser clairement les antagonismes et les écarts entre les possibilités de se procurer de l’argent ( contrairement au vol à l’étalage ) et les envies ou bien les nécessités matérielles de l’individu braqueur. Le braquage fait gagner du temps et de l’argent ; au lieu d’aller travailler, il permet de se tenir à l’ écart des ennuis matériels pour un moment ( enfin cela dépend de la somme récupérée bien entendu ). Loin l’idée d’idéaliser le braquage ( contrairement aux anarchistes illégalistes ou bien aux bandits sociaux/révolutionnaires ) qui n’est autre qu’un moyen de s’extraire de l’esclavage salarié,ce geste hante encore une partie des mouvements révolutionnaires. Car bien entendu un braquage est l’objet d’une attention particulière de la police et de la justice ; des instances de punition et de banissement (d’ailleurs qu’il soit meurtrier ou pas le braquage est considéré comme un crime passible de vingt ans de réclusion…).A propos du braquage, on peut naivement se poser la question de savoir si le braquage fait gagner du temps ou bien sortir du temps ( prison, clandestinité…) ? A cela quelques réponses et critiques peuvent être apportées : seules les expériences et les contextes du passé peuvent donner des pistes..
Poitiers et sa région sont en train de changer, ici, i il y a très peu de place pour les gens qui n’ont pas de travail dans le service public ou bien dans le tertiaire ou bien les grands poles de competitivité liés au industries de la connaissance, de plus les activités agricoles se perdent de plus en plus, elles ne persistent que par auto-suffisance ou bien a crédit ( en témoigne les différents journées-actions des producteurs-agriculteurs dans la région dont la mémorable auto-réduction dans un supermarché à Montmorillon ).Et à coté, il y a le poitiers qui galère, celui de la précarité galopante,du chomage, d’une misère sociale que la mairie tente de juguler a travers ses dispositifs associatifs, ses médiations socio-culturelles….
Ainsi, les braquages qui ont eu lieux ces derniers temps, sont ceux de la guerre sociale en cours, de la crise diront certains, d’autres de véritables « crèves-la-dalle », bref ce qui frappe dans ces braquages à la poitevine c’est le caractère insolite et misérable ( au sens de misère ) .Les bijouteries du centre ville ou bien en campagne comme a Neuville-du-Poitou ont connu a plusieurs reprises des attaques, le Lidl a trois reprises en deux mois , dont un homme qui braque le lidl ou bosse sa voisine caissière, encore que le département charentais en a connu près d’une dizaine en moins d’un mois.. Ce sont deux jeunes de vingt piges qui attendent la fermeture d’un domino’s pizza, un jour c’est la boulangerie aux 3 cités, puis un autre c’est La Poste qui se fait braquée aux Courronneries.
Tous ces actes sont là pour rappeler les braquages qui se font dans la vie quotidienne des gens, ce sont entre autre, le travail, le loyer, le crédit pour la maison, les emplois de merdes, les miettes des prestations sociales, les crédits à la consommation, les humiliations en tout genre, les braquages mentaux également par exemple comme la télévision, le Prozac et j’en passe tout ce qui tue a petit feu….
Posted: février 14th, 2011 | Author: Epine noire | Filed under: Poitiers, Université | Commentaires fermés sur Les mains sales de Vinci
Le groupe Vinci Construction est le leader mondial de construction et des services associés. Il est en charge de différents projets internationaux.
En Russie, Vinci est l’un des participants au projet de construction d’une autoroute privée qui doit relier Saint-Petersbourg à Moscou, détruisant l’écosystème de la forêt de Khimki. Pour briser la résistance des écologistes et d’autres activistes contre l’abattage de la forêt et disperser l’éco-camp qui s’était établi sur le site de l’exploitation forestière illégale, les entreprises constructrices ont fait appel à des milices néonazies, chargées sous l’œil bienveillant de la police complice de « faire la peau » aux opposants. Pendant que les milices tabassaient ces opposants au projet, la police a arrêté plusieurs militants – dont Alexey Gaskarov et Maxim Solopov, militants antifascistes, qui risquent sept ans de prison pour leur engagement politique.
Au Niger, l’action de Vinci en complicité avec l’Etat français est plus que flou : de l’exploitation des travailleurs nigériens aux complots visant à perpétuer le monopole des sociétés françaises sur ce territoire, et à maintenir l’occupation militaire française sur place, en passant par le pillage organisé de l’Afrique, Vinci, Areva et autres avancent masqués en Françafrique.
Plus près de nos contrées, Vinci a été retenue pour construire l’aéroport de Notre-Dame des Landes, destiné à accueillir des Concorde qui ne volent plus depuis des années.
Vinci construira et gérera, en partenariat avec la SNCF et RFF, la LGV Bordeaux-Paris, construira le futur viaduc qui passera au-dessus de la gare à Poitiers. Comme quoi, la fac mène à tous les débouchés : Vinci s’intéresse de très près à l’enseignement supérieur, ce qui constitue sûrement la meilleure des réponses à ceux qui prétendent que l’enseignement n’apporte aucune richesse (bien que les richesses que nous voulons tirer de l’éducation ne soient pas de cet ordre). En effet, à Poitiers, depuis 2009, le groupe s’investit dans la « Fondation Poitiers Université » aux côtés de 24 autres « partenaires » (entreprises privées, des collectivités territoriales, des particuliers et des organisations professionnelles). L’objectif est de « renforcer les liens avec le monde socio-économique », en intervenant autours de 5 thèmes : le rayonnement international, les compétences (adéquation formation-emploi), l’innovation, le soutien à l’étudiant, le développement durable (cf le superbe site internet de la fondation1).
Aussi, le ministère et l’université Paris Diderot-Paris 7 ont choisi de construire plusieurs bâtiments en ayant recours à un partenariat public privé (PPP). Pour faire simple, l’Etat désigne un « propriétaire » privé qui construit le bâtiment et le loue à l’université pendant une période de trente ans, au lieu de faire construire lui-même les bâtiments. Une fois cette période écoulée, l’université deviendra propriétaire. Le contrat final tourne autour de 273 millions d’euros pour la construction de deux bâtiments, et le projet de Vinci n’était ni celui qui correspondait le mieux aux projets de l’université ni le moins cher. Depuis, le projet a du plomb dans l’aile. Des problèmes de sécurité ont été constatés2, les permis de construire ont eu du mal à être obtenus (après avoir été refusés dans un premier temps, des recours ont été déposés, qui ont bloqué le processus). Enfin, Vinci a fini par virer l’architecte, qui contestait le projet (notamment sur la sécurité de telles constructions).
En termes de sécurité, on peut toujours faire confiance à Vinci : la multinationale a construit le terminal E de l’aéroport de Roissy, qui s’est effondré en faisant quatre morts, en 2004.
Voilà les personnes qui sont en charge désormais de l’Université, voilà ce que la privatisation apporte à l’Université.
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1. http://fondation.univ-poitiers.fr
2. Le Canard enchaîné du 14 avril 2010, « Vinci veut construire une fac aux planchers branlants ».
Posted: février 14th, 2011 | Author: Epine noire | Filed under: Poitiers, Université | Commentaires fermés sur De l’université à l’aliénation
La mobilisation contre la LRU a été bien moins importante que celle contre le CPE ; les étudiants ont été quasi absents durant le conflit des retraites. A partir de ces deux observations, les réponses se trouvent dans la mutation lente mais continue de l’Université.
D’abord, la loi LRU (liberté et responsabilité des universités) adoptée en juillet 2007 peut se résumer très brièvement par deux axes : plus de pouvoir bureaucratique et administratif, et plus de dépendance envers les financements privés. Cette loi LRU découle d’une réunion à Bologne en 1999, et est basée sur un rapport rédigé par Claude Allègre et Jacques Attali qui leur avait été commandé un an auparavant. L’Université est donc placée sous deux diktats : le diktat administratif et le diktat du marché.
Aux aspirations d’autogestion et d’ouverture sur le monde ouvrier exprimées dans les années 60, l’Etat a répondu par « autonomie », et en 2007 par « liberté » et « responsabilité » (ce qui n’est que l’expression du franchissement d’une étape supplémentaire dans la soumission au marché). Daniel Bensaïd s’exprime en ce sens : « En 68, nous voulions l’ouverture sur la société au nom du nécessaire passage “de la critique de l’Université bourgeoise à la critique de la société capitaliste”. Avec la contre-réforme libérale et la détérioration des rapports de forces, cette ouverture à la vie est détournée en ouverture au marché. »
La réorganisation opérée par les lois successives (intensification du rythme d’étude, mise en concurrence…) ne vise que « l’assujettissement disciplinaire au marché du travail et la réduction de la condition étudiante au statut de précaire en formation1 ».
En 2004, le rapport « Education et formation » de l’UNICE (Union des confédérations industrielles et des entreprises européennes) exprimait ce que les patrons attendent de l’éducation : « Les employeurs pensent que l’on devrait accorder plus d’importance à la nécessité de développer l’esprit d’entreprise à tous les niveaux dans les systèmes d’éducation et de formation. C’est la condition préalable pour que les systèmes d’éducation et de formation contribuent à faire de l’économie la connaissance européenne la plus compétitive du monde. » L’éducation doit ainsi être partie prenante de la guerre économique mondiale que se livrent les trois grands pôles économiques : l’Union européenne, la Chine et les Etats-Unis.
D’un côté, les dirigeants politiques associent l’Université à la crise ; de l’autre, les étudiants s’en contentent bon an mal an. Bien sûr, la réaction estudiantine à cette nouvelle idée de l’Université existe. Elle s’est même exprimée durement en 2008 et 2009 (notamment à Poitiers avec l’occupation d’un amphi au milieu du campus pendant trois mois), mais sans trouver un enracinement construit, politique et durable. Si bien qu’aujourd’hui encore on pourrait croire « qu’il n’y a pas pour nous d’étudiant intéressant en tant qu’étudiant ; son présent et son avenir planifié sont également méprisables », comme l’affirmait Guy Debord en son temps2 .
En l’absence de conscience critique, la socialisation d’aliéné se transmet inévitablement.
A l’image de l’Université, son public aussi a changé. Il n’est plus celui qu’a connu Debord. Si les étudiants des années 60 étaient peut-être des « petits-bourgeois », destinés à devenir les élites intellectuelles, avec les « phases de massification » successives, la population étudiante d’aujourd’hui est composite (ce qui ne permet pas d’en faire une classe à part entière). L’affirmation de Debord reste cependant en partie vraie : il n’y a pas d’étudiants intéressants en tant que tels, car ils ne se voient (pour beaucoup) que comme des futurs travailleurs, venus chercher à l’Université le « savoir » qui leur permettra de trouver un travail, et, qui sait ? monter dans la hiérarchie sociale. Leur avenir planifié est méprisable pour la même raison.
Avant, obtenir un diplôme, c’était obtenir l’assurance d’une intégration sur le marché du travail et dans la société capitaliste, traduisant l’acquisition de savoirs et de savoir-faire.
Maintenant, le diplôme traduit encore plus et de manière beaucoup plus directe la soumission aux nouvelles exigences économiques et sociales reproduisant la structure sociale, la division du travail (par l’enseignement de nouveaux savoirs, ou une orientation différente de ceux-ci).
L’Université d’aujourd’hui, à l’image des crédits européens ECTS, et à l’image de ce que les décideurs publics envisagent pour l’école en général, est une Université modulable, à la carte. Conséquence d’une gestion managériale, on cherche dorénavant à apprendre par « compétences » (traduction du terme bureaucrato-universitaire de « valider une unité d’enseignement »). Si la notation disparaît peu à peu des écoles primaires, c’est au profit des grilles de compétences, assurant une reproduction bien établie de la hiérarchie sociale qui règne (qui décidera des compétences qu’il est bon de maîtriser, au nom de qui, pourquoi, et pour quelle société ??).
Aux antipodes de leur « projet », c’est un combat offensif qu’il faut mener. Un combat pour une Université développant des savoirs critiques sur l’organisation de la société (tant celle que nous subissons que celle que nous construirons).
Pourquoi se contenter de vouloir sauver l’Université ou sauver la recherche, quand la meilleure des réponses est la destruction de la hiérarchie partout où elle se trouve? Pensons plutôt l’Université en dehors des rapports de production capitaliste.
Arrêtons de croire à la promotion sociale par le travail, l’école ou la culture. Gérons tout nous-mêmes !
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1. Judith Carreras, Carlos Sevilla, Miguel Urban, €uro-Universidad. Mytho y realidad del proceso de Bologna, Icaria, Madrid, 2006.
2. Guy Debord, Œuvres, Quarto, Gallimard, 2006, p. 733.
Posted: février 14th, 2011 | Author: Epine noire | Filed under: Poitiers, Retraites | Commentaires fermés sur Chronologie de la mobilisation et l’agitation poitevine du mouvement sur les retraites
7 Septembre :
– Manifestation à l’appel de l’intersyndicale (point de départ de la mobilisation sur les retraites après les vacances scolaires).
23 septembre :
– Manifestation à l’appel de l’intersyndicale, beaucoup plus de monde par rapport à la première manif.
– Deux lycées bloqués.
– « Assemblée populaire autonome » en fin de manifestation réunissant une cinquantaine de personne.
5 octobre :
– Première opération escargot, à l’appel de Solidaires 86, intitulée « Roulons d’un pas de sénateur ». Le but est de bloquer l’économie en ralentissant les salariés allant travailler. Le cortège d’une trentaine de voitures emprunte quelques grands axes de Poitiers, l’action est plutôt bien accueillie par les automobilistes et bien relayée par les médias. L’intersyndicale ne cautionne pas cette action.
7 Octobre :
– Deuxième opération escargot (toujours à l’appel de Solidaires)
– Première AG étudiante réunissant environ 400 personnes.
12 octobre :
– Blocage du dépôt de bus de la régie des transports poitevins tôt le matin par quelques salariéEs grévistes (50% de chauffeurs grévistes, 80% dans les ateliers). Seuls 5 bus sur 120 circulent pendant la matinée.
– Blocage de l’Hôtel Fumé (où se déroulent la majorité des cours de l’UFR de Sciences Humaines et Arts) durant la matinée.
– À 11h, AG des étudiants et des personnels de l’université dans les locaux de la fac de droit réunissant environ 800 personnes.
– À 14h30, manifestation massive à l’appel de l’intersyndicale (environ 40 000 personnes selon les syndicats). Leur presse évoque les plus gros cortèges depuis 15 ans. À l’arrivée se tient une assemblée populaire porte de Paris, important carrefour de la circulation routière, réunissant une centaine de personnes et bloquant ainsi ledit carrefour pendant une heure.
13 octobre :
– Le matin des cheminots, postiers, enseignants, étudiants, lycéens affiliéEs ou non organisent un rassemblement porte de Paris pour distribuer des tracts et tenter de bloquer la circulation (n’étant pas assez nombreux, ils ne perturbent que partiellement la circulation).
– L’après-midi, blocage de la zone économique Auchan-Sud à l’appel de Solidaires 86. L’accès au parking des magasins est empêché grâce aux voitures des manifestantEs ce qui occasionne dans le même temps un ralentissement considérable de la circulation.
– Fin d’après midi : troisième assemblée populaire qui débouche sur la création du « collectif de solidarité pour la gréve générale »
Site provisoire : http://solidarite86.wordpress.com/
– Dans le même temps assemblée organisé par l’intersyndicale décidant d’un blocage Pointe-à-Miteau (Zone économique d’Auchan-Sud) pour le lendemain.
14 octobre :
– Le matin, blocage porte de Paris par des postiers et un grand nombre de lycéens ayant bloqué leur lycées.
– Dans le même temps l’intersyndicale bloque la Pointe-à-Miteau.
– Au cours de la matinée les lycéens et les postiers gagnent le campus universitaire (sous forte escorte policière) ou est organisée une AG étudiante. Avec l’aide des lycéens et des postiers un amphi de la fac de droit est pris. Les flics se postent devant la fac de droit et un keuf, caméra au poing, s’introduit dans l’amphi pour filmer le début de l’AG. Après s’être fait copieusement insulter par les lycéens et étudiants, le porc dégage. L’AG ne dure que peu de temps, après quelques prises de paroles de postiers, personnels de l’université et lycéens, il est décidé de débrayer le campus (ce qui ne fonctionne pas vraiment) et de partir en manif sauvage pour bloquer la gare. Les bleus y sont en nombre (OPJ, BACeux, civils et keufs en uniformes mais pas de CRS). Une délégation des cheminots rejoint la manif qui se finit porte de Paris où le blocage de la circulation dure une heure.
15 octobre :
– Le matin, rendez-vous au Futuroscope. L’objectif est d’empêcher les salariéEs de la zone du Futuroscope de commencer le travail, faute d’être suffisamment nombreux c’est finalement un barrage filtrant avec diffusion de tract qui a lieu.
16 octobre :
– Manifestation a l’appel de l’intersyndicale. La mobilisation ne faiblit pas et un pique-nique-assemblée est organisé par le « collectif de solidarité pour la grève générale ».
18 octobre :
– À 8h porte de Paris, diffusion de tracts par l’intersyndicale. Des non-syndiquéEs dont des étudiants et des lycéens tentent de bloquer la circulation, ils en sont empêches par les flics et ne sont pas soutenuEs par les syndicats. Une petite ballade est ensuite organisée jusqu’à la gare. Les personnes présentes n’arrivent pas a se mettre d’accord sur une action commune les gens se dispersent.
– À 14h des étudiants de l’IRTS bloquent la circulation Boulevard Pont-Achard (qui se trouve devant leurs locaux).
– Une AG d’information se déroule au même moment à l’Hôtel Fumé (centre ville) lors de laquelle est évoquée l’éventualité du blocus.
– À 16h une autre AG se déroulant a la fac de droit (campus) débouche sur le vote du blocus de l’université de Poitiers jusqu’au vendredi 22 octobre.
19 octobre :
Au petit matin vers 4h du mat’, des salariés de la Poste bloque l’accès au centre de tri de la région : Vienne et Deux-Sèvres, ils sont aidés par d’autres salariés de secteur en lutte ( cheminots, énergie, impôts ) : le courrier n’arrivera pas à temps. Un peu plus tard, ce sont les grévistes de la régie de transports poitevins Vitalis et des étudiants qui bloquent l’accès au dépôt. Conséquence : aucun bus ne circule ce matin, la trafic reprendra doucement en fin de matinée. Des grévistes sont allés en opération escargot a Chassneuil gueuler devant la maison familiale de Raffarin ( député et ancien prmier ministre ump) et également à Chauvigny chez Fouché (sénateur ump également ).
Manifestation appelée par l’intersyndicale : beaucoup de monde ; lycéens et etudiants au cotés des travailleurs , 35.000 personnes selon les syndicats 15.000 selon la police. Ensuite il y a eu une action étudiante, à savoir l’occupation des locaux de la présidence de l’université à une quarantaine de personnes pour dénoncer l’attitude hostile de la présidence à l’égard du mouvement ( mise en place du vote électronique, le recours à la police dans l’enceinte des facultés…).La BAC empêcha, pendant 45 mins, les étudiants de se réunir pour la coordination du mouvement; à la demande de la présidence de l’université.[0]
20 octobre :
Des étudiants antibloqueurs de la faculté de droit ont réussi a entrer en brisant la vitre d’une porte coulissante sous l’œil bienveillant de la vice présidente Mme Lambert en les haranguant ( » vous êtes 500, ils sont 50, ils veulent le rapport de force donc allez y ! ») Comme tous les matins depuis deux semaines, l’intersyndical tente de bloquer le rond point de Porte de Paris ( axe routier avec grand flux d’automobilistes ), les flics sont là, ça finit toujours en barrage filtrant avec diffusions de l’information sur les luttes en cours et leur raison d’être, globalement la population soutient les luttes a grand coup de klaxons. Dans l’aprem a l’appel de Solidaires 86, blocage économique du centre commercial GEANT qui finit mitigée pas un blocage total mais barrage filtrant également beaucoup moins réussi qu’au AUCHAN , sans doute du au nombre d’entrées…
21 octobre :
Encore un blocage du dépôt de bus de Vitalis, par des salariés grévistes, des étudiants, de la Poste, : pas de bus le matin. Au même moment,au campus, des étudiants antibloqueurs ont réussi a entrer au sein des locaux grâce à la vice présidente ( elle a piqué les clés à l’administration )[1] ,elle a déclaré encore une fois d’appeler les petits fachos la corpo de la faculté de médecine pour casser les étudiants en lutte! En ville, des lycéens bloquent la porte de leur bahut, la police matraque,dans la « bousculade » des coups partent, le fameux chef de la police Papineau s’en donnent a coeur joie , il gifle un lycéen qui lui rend l’appareil illico, il sera interpellé, mais une fois au comico il sera relâché ( pour éviter une autre « scandale » papineaulesque? en plein mouvement? Sans doute ).Sans oublier que des portables qui filmaient cette « bousculade » seront confisqués et détruits par les keufs ( heureusement d’autres vidéos ont pu parvenir[2] contrairement a celle de fr3[3] ou l’on voit Papineau faire les sommations pour la caméra );au final une fille blessée et hospitalisée ,sans gravité. Des professeurs ainsi que la provo de l’établissement ont tenté de s’interposer face à la violence policière ( le personnel éducatif a fait un communiqué pour dénoncer la violence policière[4] ).
Après cette intervention policière, les lycéens d’autres lycées bloqués et perturbés viennent en aide,puis tous-tes partent en manifestation sauvage ( entre 1500 et 2000 ) dans tout le centre ville faisant tournés les flics en bourrique. Pendant ce temps-là , les flics occupés, n’ont pas vus la petite centaine de personnes ( cheminots,postiers, étudiants etc…) qui occupent la gare pendant près de deux heures! Après cela, l’AG étudiante qui appelle à la démission de la vice présidence pour son militantisme antiblocage ( et incitation a molester les étudiants bloqueurs ! ) , en plus de la nullité du vote par courrier électronique ,une petite centaine de personne partent déambuler dans la rue bloquer la circulation du campus jusqu’à la présidence de l’université gueuler pour la démission de la dite vice présidente. Par ailleurs, les étudiants apprennent que la présidence a décidée de fermer administrativement la faculté de droit! ( pour raison de sécurité dit on )
22 octobre :
RDV intersyndical a bloquer Porte de Paris, puis une AG s’est tenue devant la Médiathèque ou les salariés sont en grève depuis une dizaine de jours maintenant; Puis ensuite il y a eu un rassemblement devant la lycée Victor Hugo pour les soutenir; Des personnels du CHU ( hôpital ) font une AG avec des salariés d’autres secteurs en lutte ( dont cheminots ). Dans la matinée, il y a eu une manifestation qui a réuni entre 150 et 200 personnes aux abords de la Centrale Nucléaire de Civaux (a peu près 35 bornes de Poitiers ) , l’accès au site est bloqué par les salariés grévistes sauf pour le personnel de la maintenance,la centrale était au ralenti!
En fin d’après midi il y a eu une AG populaire ( comme tous les deux jours ) puis un rassemblement pour une opération péage gratuit sur l’autoroute A10 qui a très bien fonctionner, une centaine de personnes, présence des flics évidemment, des sous ont été récoltés pour le mouvement étudiant et pour les ouvriers des raffineries en lutte!
25 octobre :
Il y a eu un rassemblement a Chauvigny ( 20 kms de Poitiers ) de intersyndicale en soutien aux 143 salariés de l’usine de Valdivienne Buroform – rachetée en dépôt de bilan – ( construction de matériel de bureaux ) qui a réuni près de plus de 400 personnes, ambiance très combative et revendicative c’est dommage qu’il n’y a pas eu une action menée, les deux élus ump du pays chauvinois venus soutenir les salariés (Fouché et Herbert respectivement sénateur et maire ) ont été conspué pendant près d’un heure non stop!
26 octobre :
Dans la nuit précédente, il y a eu un acte de sabotage sur des chemins de fer au nord de Poitiers, au niveau de Chasseneuil du Poitou : un train de 200 passagers de la ligne Paris-Bordeaux a mis 9 heures pour arriver à pont port. Blocage économique de la zone commercial de Poitiers – Sud avec plus d’une centaine de personne pendant après de deux heures , pas très efficace car des consommateurs passent, la police est sur place , elle est pris de panique lorsque le sous-chef local n’a pas été entendu une première fois lors de la sommation…Les manifestants s’en vont car il était prévu par l’intersyndical de bloquer deux heures seulement…..
27 octobre :
Les lycéens ont appelé a une rassemblement devant la préfecture en milieu d’après midi, il y a avait du monde mais pas d’ambiance , seulement un discours, une présence très notables des organisations des jeunesses socialistes venues faire leurs rackets….
28 octobre :
Blocage dans la matinée du centre de distribution de la Poste a l’appel de CGT et SUD ( ni camions et facteurs ) jusqu’à la manifestation de 10h. Au même moment blocage du dépôt de bus de Vitalis toute la matinée. Puis a 10h grande manifestation elle part du quartier populaire des couronneries, on voit qu’il y a moins de monde 20 000 ( disons que pour Poitiers, c’est déjà pas mal ), mais la détermination est toujours aussi forte, ça fait chaud au coeur. Tiens les keufs remettent leur brassard sans doute lié à la fameuse ( ou fumeuse ) polémique des flics/casseurs… Arrivée à la préfecture la manifestation de disperse, on est de moins en moins nombreux donc les voitures peuvent passer, là deux gars montent sur bagnole, les bacqueux foncent sur eux, les arrêtent et les foutent en cellule de dégrisement. Finalement ils en ressortent tranquillement. Curieux….
2 Novembre :
le matin, AG étudiante qui vote le déblocage des facultés ( arff les étudiants-consommateurs de Droit)…mais le principe d’occupation est approuvé…
A l’appel de l’assemblée populaire / collectif « solidarité pour la grève générale » , une manifestation nocturne rebaptisée pour le coup Charivari réunit une petite centaine de personnes , à coup de pétards et de coups de bâtons casseroles , de cris, de slogans, fait du bruit dans le centre ville de Poitiers terrassée par les chantiers du projet « Cœur d’agglo » . Amusant sur les bords , les flics au taquet ( bon on commence a être habitué ). Ca fait le tour de la mairie des fenêtres prennent quelques pétards ( à ce moment les rares jeunes socialistes s’en vont ..), tombe quelques barrières de chantier estampillées « Coeur d’agglo », un logo du magasin SFR fracassé , et puis on entend un bruit : une pierre qui échoue sur la vitrine du magasin Bouygues ( dommage ) la volaille n’avait vu qu’du feu. Puis le charivari finit avec un petit repas place du Marché….
3 Novembre :
Encore un blocage du dépôt de Bus Vitalis pendant toute la matinée…
4 Novembre :
Occupation universitaire – qui échoue- : détails : http://juralibertaire.over-blog.com/article-occupation-universitaire-a-poitiers-4-novembre-60305130.html
6 Novembre :
Manifestation qui part du Pont St Cyprien, encore moins de monde que la dernière fois 15.000 personnes a tout casser.
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[0] communiqué et photos :http://www.antirep86.fr/2010/10/21/communique-de-presse-detudiants-mobilises-et-du-comite-poitevin-contre-la-repression-des-mouvements-sociaux/
[1] vidéo : http://www.dailymotion.com/video/xfb044_blocusvideo_news#from=embed&start=37
[2] vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=g9rDIGCybMs
[3] vidéo : http://limousin-poitou-charentes.france3.fr/info/poitou-charentes/blocages-tous-azimuts-a-poitiers-86-65493756.html
[4] communiqué : http://www.antirep86.fr/2010/10/23/communique-de-presse-des-professeurs-du-lycee-victor-hugo-de-poitiers-22-10-10
Posted: février 14th, 2011 | Author: Epine noire | Filed under: Occupation, Poitiers, Retraites, Université | Commentaires fermés sur Comportement de la présidence de la fac à l’encontre des prémices d’un mouvement étudiant
– Fermeture de l’amphi J, pour y empêcher toute AG, et autres initiatives… L’okupation de l’amphi J courant 2008/2009 (mouvement étudiant anti-LRU) est encore dans les mémoires, et en particulier dans celle de la présidence (trois mois d’okupation, aucun dialogue possible entre les okupantEs et les représentants de la fac, tags, cassage des pubs du campus, cassage du DAB de la fac, interpellations sur le campus, 25 000 euros de dégâts dans l’amphi dont le vol de l’ensemble du matos informatique sono…)
– La présidence ne veut pas céder d’amphi pour des AG, ou balade la coordination d’UFR en UFR afin de parasiter toute AG ! (La coordination étudiante joue son jeu, et ne veut surtout pas prendre un amphi de force !)
Les lycéenNEs, eux, ne s’en privent pas un matin, arrivant à 1 000 sur la campus ; prise de l’amphi 800 (suite au blocage par les flics de l’amphi J) pour une AG ; la police entrera dans l’amphi pour filmer, ils seront « priés » de dégager ! (Aucun mot de la présidence sur cet événement.)
– Suite à cela, occupation de la présidence par une quarantaine d’étudiantEs, à la fin d’une manif syndicale, réclamant des comptes sur cette intrusion policière au sein de la fac, et protestant contre le vote électronique mis en place par la présidence, remettant en cause le vote du blocage de la fac ! La police est là en nombre, la discussion stérile entre les étudiantEs et les représentants dure deux bonnes heures (interrompues par l’alarme à incendie) ; la présidence somme les étudiantes de partir d’eux-mêmes sinon ils se verront dans la nécessité de demander l’intervention policière pour libérer les locaux ! Les étudiants ne prennent pas le risque, tout le monde part ! Puis la décision est prise de faire une coordination au sein de la fac, mais la police en nombre bloque l’accès à la fac durant quarante-cinq minutes, et cela à la demande de la présidence !
– Le 20 octobre, des étudiants antibloqueurs brisent la vitre d’une porte coulissante de la fac de droit afin de pouvoir assister à leurs cours, et tout cela sous les vifs encouragements de Mme Lambert, la vice-présidente de l’université : « Vous êtes 500, ils sont 50, ils veulent le rapport de forces, donc allez-y ! »
Cette même Mme Lambert qui quelques jours auparavant avait d’elle-même forcé les barrages de la fac de droit, déblayant chaises et tables à l’aide de ses protégéEs antibloqueurs, agressant même un étudiant.
– Nouvelle tentative d’okupation de la présidence par une cinquantaine d’étudiantEs, suite à une manif sauvage (blocage carrefours/rond-points…), encadrement policier assez important !Cette fois la présidence a fermé l’ensemble de ses locaux, allant même jusqu’à baisser les volets de toutes les fenêtres du rez-de-chaussée…
– Intervention en surnombre des forces de police (trentaine de flics dont J.-F. Papineau vs 40 étudiantEs) pour évacuer le bâtiment de Malraux (UFR quasiment plus utilisée!) Intervention demandée par la présidence dans son ensemble !
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