Posted: janvier 17th, 2014 | Author: Epine noire | Filed under: corps, santé, Feminisme, Poitiers | Commentaires fermés sur Pour l’avortement libre et gratuit, ici et ailleurs !
Le 20 décembre dernier, le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy approuvait l’avant projet de loi « Protección de la vida del concebido y derechos de la mujer embarazada » (protection de la vie du foetus et des droits de la femme enceinte), qui limite l’avortement à deux conditions : en cas de viol (à condition de porter plainte au préalable), ou en cas de danger pour la santé de la femme enceinte.
Cette future loi, influencée par des lobbys d’extrême droite et des membres de l’Opus Dei, et qui passera en février au parlement sans difficulté grâce à la majorité absolue du Parti Populaire, annule l’ancien texte de 2010 qui autorisait l’avortement jusqu’à 14 semaines de grossesse. Cela impliquerait donc un retour à l’ancienne loi vieille de plus de 30 ans.
Cet avant-projet ne sort pas de nulle part, il est produit dans un contexte général où les droits du peuple espagnol sont chaque jour plus menacés. Sous le prétexte de « crise économique » le gouvernement se permet des coupures budgétaires dans la santé et l’éducation, des privatisations, la baisse des retraites, des salaires et des allocations
accordées aux handicapés, et des lois sécuritaires de plus en plus restrictives avec de graves atteintes aux libertés fondamentales (droit de réunion, de manifestation, d’expression…). Cette loi régressive sur l’avortement vient ainsi marquer une année de plus dans la « stratégie du choc » orchestrée par le gouvernement du PP.
Dans ce contexte, les femmes sont l’objet des plus graves attaques. Stigmatisées par ce gouvernement pour le fait d’être femmes, elles sont considérées comme des êtres humains de rang inférieurs, privés de capacité de discernement et de décision. Dans la logique patriarcale qui structure la société actuelle et qui s’y développe, elles ne
sont vues que comme de purs individus destinés à se reproduire sans pouvoir choisir, ni rien y redire.
Avec cette loi, on prive les femmes de liberté, on met de côté leur volonté et leur pouvoir de
décision. On les condamne aussi à la clandestinité, à des pratiques d’avortement dangereuses et qui mettront leur vie en danger.
Nos corps sont à nous, c’est nous qui décidons !
Depuis des siècles des hommes et des femmes se battent contre les régimes totalitaires, la cupidité des oligarchies économiques, le capitalisme, les patrons et le patriarcat. L’extrême limitation du droit à l’avortement en Espagne aujourd’hui est là pour nous rappeler combien le combat continue.
Contre cette loi patriarcale qui nous prive de liberté et précarise plus encore notre condition de femmes !
Pour une riposte féministe !
Posted: juin 8th, 2013 | Author: Epine noire | Filed under: (anti-)racisme, discriminations, antifascisme, mouvement social, grèves, actions, manifs, Poitiers, Répression/contrôle social | Tags: Antifa, No Pasaran, R.I.P Clément | 24 Comments »
Le jeudi 6 juin à 18 h 30 a eu lieu à Poitiers comme dans de nombreuses autres villes une manifestation organisée à l’appel du groupe unitaire contre l’extrême droite de la Vienne à la suite de la mort de Clément Méric à Paris. Nous avons été agréablement surpris de l’ampleur de la manifestation organisée dans la journée même (entre 250 et 300 personnes), mais nous avons cependant quelques critiques à émettre et besoin de rappeler certains faits.
Nous nous étonnons que des cadres du Parti socialiste de la mairie de Poitiers soient venus sans honte se montrer en mémoire de quelqu’un qui les combattait politiquement. En effet, rappelons que Clément était certes un militant antifasciste mais qu’on ne saurait le réduire à cela. Il était révolutionnaire, et impliqué dans les luttes contre le capital et fatalement contre le gouvernement socialo-écologiste actuel. Antifasciste convaincu, il militait aussi contre toutes les formes d’exploitation et de domination : le sexisme, le racisme et l’homophobie…
Revenons à la manifestation poitevine, non déclarée comme le veut la tradition ici, et regroupant des individus (libertaires ou proches), encartés de gauche et d’extrême gauche et autres membres d’associations. Voilà bien longtemps que tout ce beau monde n’avait pas été réuni. En effet, le bras de fer entre la mairie socialiste et les associations, les anarchistes et surtout dernièrement le DAL 86 dure depuis plusieurs années, et la gouvernance de M. Claeys nous montre le véritable visage de la social-démocratie depuis.
Nous avons donc pu voir nos braves cadres locaux se retirer du cortège au niveau de la mairie alors que ce dernier évoluait vers la préfecture. Très bien, nous dirons-nous, mais cette manœuvre semble aussi avoir été tactique. Car, plus d’une heure après la fin de la manifestation, deux personnes ont été arrêtées et emmenées au poste pour « manifestation illégale » et « outrage aux forces de l’ordre » (des « Flics porcs assassins » s’étant glissés dans les slogans scandés). Ces deux personnes seront relâchées le lendemain et passeront en Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Devant le procureur, donc. Mais le fait intéressant à noter ici est cette phrase lâchée par un conseiller municipal et conseiller de Grand Poitiers bien connu comme bureaucrate de la lutte (notamment au sein des MJS lors du mouvement anti-CPE) : « Ce n’est pas une manifestation, mais un rassemblement silencieux contre les violences de l’extrême droite ». Voilà, tout est dit. Vous vous êtes fait attraper ? Vous ne pouvez que vous en prendre à vous-mêmes. Il ne fallait pas faire de manif (ou du moins pas jusqu’au bout)… puisqu’il existe une pression de la préfecture vis-à-vis des manifestations non déclarées depuis environ un an, et relayée par son chien de garde édenté : la mairie.
Ici donc, les socialistes poitevins suivent la ligne dictée par l’Elysée et le taulier de la place Beauvau : s’émouvoir de manière hypocrite sur la violence et la dangerosité idéologiques des groupes fascistes bien connus. Alors que ce sont ces mêmes socialistes qui, de par leur politique, ne contribuent point à faire reculer les pratiques et idées de l’extrême droite ; bien au contraire, celle-ci s’en est servie à plusieurs reprises afin de gagner des élections, de promouvoir des politiques sécuritaires de la République (n’oublions pas que les centres de rétention, ces prisons démocratiques pour étrangers, datent de l’ère mitterrandienne). Par ailleurs, le jour même où Clément a été agressé, la police de Manuel Valls procédait à une grande rafle de sans-papiers dans le quartier populaire de Barbès à Paris. République, sacro-sainte République! Tel un chant incantatoire, ce terme sonnait creux pour Clément et ses camarades ! Alors, fichez-nous la paix avec cet appel à un front républicain chimérique.
La République n’est qu’un champ de bataille symbolique pour les aspirants au pouvoir, ça fait bien longtemps que son caractère attractif et magique n’opère plus ! Bref, nous nous opposons fermement à cette tentative de récupération étatique de la mort de Clément.
De plus, nous pensons que la dissolution de groupes fascistes ne changera pas la donne. Hormis leur caractère symbolique orchestré par le pouvoir et une partie de la gauche, l’Histoire nous a montré à plusieurs reprises que la dissolution de ces groupes est un leurre (des Ligues des années 1930 à Unité radicale des années 2000, en passant par Ordre nouveau des années 1970) : ils se sont toujours reformés, ils ont juste eu besoin de changer de nom. Mais nous n’appelons pas non plus à une « justice pour Clément ». Cette justice qui nous condamne aussi bien et que nous combattons tous les jours.
Soulignons que depuis plusieurs années les fascistes et autres nazillons ressortent dans la rue et souhaitent la reprendre, galvanisés par les scores de leurs homologues dans de nombreux pays en Europe (Grèce, Hongrie…) sur fond de crise économique. Nous ne découvrons rien, dans plusieurs villes les fascistes sont très actifs, et s’adonnent à des actions violentes et/ou symboliques : Lyon, Toulouse, Tours, Besançon, etc. Mais les dernières manifs contre le mariage homosexuel leur ont permis de se rencontrer, de recruter, bref d’avoir un nouveau souffle, avec la complicité des médias ayant offert leurs micros sur des plateaux d’argent à des mouvements réactionnaires de toutes sortes disséminant leurs discours haineux.
Par exemple, nous avons remarqué qu’ils sont de plus en plus présents sur Poitiers, du moins par leurs affiches et autocollants. Qu’ils soient à Méridien Zéro, au Mouvement Action Sociale, au Parti de France, à l’Œuvre Française ou au plus traditionnel Front National, les militants fascistes tentent de s’implanter localement et durablement. Ils se sentent même pousser des ailes. Pour preuve, début mai ont été découvertes des affiches, collées dans les rues de Poitiers, comprenant les photos de deux militants du NPA avec comme surtitre « Wanted » et cette légende : « Tags dégueulasses, gribouillis partout, panneaux sales, portes tatouées ? Assez ! La police s’en occupe pas on va s’en occuper ! ».
En mémoire de notre camarade Clément,nous souhaiterions que les bureaucrates politiques, membres du gouvernement et autres charognards de la presse fassent profil bas sur le sujet. Pour vous, fascistes, belek : une attaque contre un est une attaque contre tous.
Dieu pardonne, pas le prolétariat !
L’Épine noire
Posted: mars 29th, 2013 | Author: Epine noire | Filed under: contrôle social, Ecologie - nucléaire - alternatives, écologie, anti-nucléaire, agriculture, ressources naturelles, Environnement et écologie, Poitiers | Commentaires fermés sur [Poitiers] Deux films projetés contre le nucléaire
Le COPAIN, COllectif Poitevin pour l’Arrêt Immédiat du Nucléaire vous convie le samedi 27 avril 2013 à une projection de deux films sur le nucléaire :
– à 14h37 : R.A.S. Nucléaire, rien à signaler
Documentaire – Belgique / France – 2009 – 58’
– à 20h02 : THT, Remballe Ton Élek !
Doc auto-média – France – 2012 – 42’
Les deux films seront suivis de discussions sur le nucléaire et les luttes qui s’y opposent, avec la participation de militant-e-s antinucléaires de Basse-Normandie :
– Retour sur la lutte anti-THT en Normandie
– Où en est le mouvement antinucléaire, perspectives…
Entrée libre.
Posted: mars 29th, 2013 | Author: Epine noire | Filed under: 30. International, contrôle social, General, Moyen Orient, Poitiers | 1 Comment »
Le Samedi 20 Avril, 15h, à la Maison du Peuple, Salle Timbaud (rue Saint Paul)
UN POINT DE VUE JUIF SUR L’APARTHEID ISRAÉLIEN
Il faut dire les mots justes pour dire ce que l’État d’Israël inflige à des millions de Palestinien-ne-s. Ces mots, ce sont : occupation, colonisation, racisme, apartheid, fragmentation, enfermement, crimes de guerre, crimes contre l’humanité…
La société civile palestinienne a lancé un appel au BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) contre l’État d’Israël sur trois revendications : fin de l’occupation et de la colonisation, égalité des droits, droit au retour des réfugiés. À la base de cette situation coloniale insupportable, il y a l’idéologie sioniste. D’un point de vue juif, c’est une gigantesque manipulation de l’histoire, de la mémoire et des identités juives. C’est une théorie de la séparation qui proclame que Juifs et Non-juifs ne peuvent pas vivre ensemble. Les Juifs étaient les parias de l’Europe considérés comme inassimilables. L’Occident et les sionistes en ont fait des colons européens au Proche-Orient. Le sionisme essaie de transformer l’antisémitisme et le génocide nazi en moyen de faire taire toute critique des crimes commis contre les Palestiniens.
NE LES LAISSONS PAS FAIRE !
Posted: janvier 16th, 2013 | Author: Epine noire | Filed under: Actualité, Alentours, écologie, anti-nucléaire, agriculture, ressources naturelles, Poitiers, Urbanisme/aménagements du territoire | Commentaires fermés sur [Poitiers & Alentours] Soirées réunions publiques / projections, sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes
[LA BUSSIÈRE] Jeudi 24 janvier, 18h @ Pub le « Why not »
[POITIERS] Vendredi 18, 19h @ Salle Timbaud (Maison du peuple)
Non à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes !
Vinquons Vinci et son capitalisme !
Notre lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes dépasse le simple soutien à une lutte extérieure que nous trouverions juste. C’est aussi NOTRE lutte…
Quand nous disons que nous rejetons « l’aéroport ET son monde », ce n’est pas juste une formule convenue. Des projets comme celui de Notre-Dame-des-Landes, nous en avons tout autour de nous, qui articulent les intérêts de grandes entreprises avec l’esprit mégalo de politiques haut placés – ainsi, dans notre région, la ligne à grande vitesse (LGV) entre Poitiers et Limoges et celle, déjà en chantier, entre Tours et Bordeaux pour obtenir un gain de temps dérisoire. Notre lutte s’inscrit contre un énième partenariat public-privé (PPP) entre l’Etat et le groupe Vinci – leader mondial du BTP impliqué dans de nombreux autres projets –, dans lequel des centaines de millions d’euros d’argent public sont investis dans un projet inutile.
Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement un aéroport, c’est le monde qui va avec et qui a un nom, le capitalisme, qu’il soit géré par la droite ou par la gauche : une forme d’organisation sociale basée sur la domination et l’exploitation du travail et sur la dépossession par la force armée, avec comme conséquences la misère aux quatre coins de la planète et le saccage des ressources dites naturelles. C’est une lutte contre la planification territoriale qui redessine les paysages et les territoires pour le seul confort des classes les plus aisées, concentrées dans les grandes métropoles où les plus pauvres sont rejetés dans des quartiers ghettos surveillés et encadrés. Ces métropoles sont en effet reliées entre elles par les LGV, autoroutes et autres aéroports, autant d’infrastructures permettant de traverser le plus vite possible des territoires consacrés à l’agriculture industrielle – qui condamne chaque jour des petites et moyennes exploitations à disparaître – et à des zones récréatives et touristiques. Des territoires entretenus par une population rurale reléguée au rang de « jardinier de la nature » dans un espace de plus en plus privé de services publics et de revenus décents. Une métropolisation qui confisque et détruit les terres agricoles de moins en moins nombreuses, entraînant misère et saccage de l’environnement.
La lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes rassemble tous ces enjeux et converge vers toutes les autres luttes anticapitalistes.
C’est une lutte collective qui nous concerne tous et toutes, en ce qu’elle réunit des personnes aux horizons et sensibilités variés en faisant naître rencontres et solidarités.
C’est pourquoi nous vous invitons à venir en discuter vendredi 18 janvier à 19 heures salle Timbaud (rue Saint-Paul à Poitiers). Un film retraçant la lutte de Notre-Dame-des-Landes sera projeté en introduction à la discussion.
Comité poitevin contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes
Posted: janvier 13th, 2013 | Author: Epine noire | Filed under: contrôle, répression, prison, Enfermements/prisons/psychiatrie, Poitiers | Commentaires fermés sur La prison tue
A l’image de notre ville bonhomme, la prison de la Pierre-Levée s’est fait une petite beauté. Mise en service en 1898 et vidée de ses derniers locataires en 2009, ses murs suintant la solitude et la douleur ont eu bien besoin d’un petit lifting pour accueillir ses nouveaux hôtes. En effet l’ancienne maison d’arrêt de Poitiers est dorénavant un centre de détention pour les peines aménagées et les peines en semi-liberté ; l’enceinte accueillera aussi le SPIP [1]. La grande et lourde porte d’entrée a été remplacé par une grille, une partie du mur d’enceinte a été détruite et remplacée par un grillage… Selon les dires de la NR [2] « Toutes ces transformations témoignent de la part de l’administration pénitentiaire d’une volonté d’ouverture du site vers l’extérieur », c’est les taulards qui vont être content d’avoir une vue directe sur le Domino’s pizza du coin à travers leurs tout nouveaux barreaux. Actuellement Poitiers change son image et voulait en finir avec cette prison austère, et lugubre, dorénavant la bonhommie poitevine s’exporte même en taule, il fait vraiment bon vivre à Grand Poitiers.
Malheureusement à quelques kilomètres de là – au sein du flamboyant centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne, ouvert depuis 3 ans et déjà surpeuplé (avec un taux d’occupation atteignant les 120%) – des gens meurent.
Le mardi 2 octobre 2012, un homme s’est pendu dans sa cellule, il ne cessait de se plaindre et de crier haut et fort qu’il allait se foutre en l’air. Cette « belle A.P. [3] » mise en valeur par la NR n’a rien trouvé de mieux à faire que de le laisser crever de désespoir dans sa geôle.
Dans la nuit du jeudi 11 au vendredi 12 octobre 2012, un homme a tenté de se suicider en se tailladant les veines, il a ensuite foutu le feu à sa cellule. Il s’en est sorti et devra expliquer son geste devant la justice, il sera surement condamner à verser la somme des réparations de sa cellule.
Journaleux, psychiatres, responsables de l’AP mettent en évidence différentes causes : alcoolisme, fragilité psychologique, premier séjour en prison, … Ils oublient que la cause réelle de ces suicides en prison est la taule en elle-même, oui la prison tue et même dans notre ville bonhomme…
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1. Services pénitentiaires d’insertion et de probation
2. La Nouvelle République
3. Administration pénitentiaire
Pour passer des messages de solidarité aux prisonniers de la maison d’arrêt de Niort et au centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne :
L’émission animée par le CRI, est diffusée sur Radio Accords le jeudi soir de 19 heures à 20 heures.
Pendant l’émission, téléphonez au 05 49 60 63 63.
Posted: décembre 24th, 2012 | Author: Epine noire | Filed under: élites, patrons & gouvernants, Poitiers, travail, chômage, économie, Université, Urbanisme/aménagements du territoire | Commentaires fermés sur Les petits calculs du « Grand Poitiers »
Alors que des représentants du MEDEF n’arrêtent pas de se plaindre de l’arrivée du PS au pouvoir, sous prétexte que la gôche n’aime pas les riches, que la gôche n’aime pas les entreprises, il est intéressant de jeter un œil au plan local d’urbanisme du Grand Poitiers, géré par la communauté de communes tenue par une majorité PS depuis des années. On peut d’ailleurs lire sur le site internet de la mairie de Poitiers que « Grand Poitiers a décroché la 1ère place des agglomérations de moins de 150 000 habitants au palmarès des villes d’affaires publié par le magazine l’Entreprise en 2009 dans l’accompagnement à la création d’entreprise ». Belle preuve de la haine «socialiste» du monde de l’entreprise et de l’intoxication médiatique du MEDEF.
Une plaquette de présentation du « Grand Poitiers » de huit pages destinée aux entrepreneurs, intitulée « Comment Grand Poitiers fait grandir votre entreprise ? », dévoile un certain nombre de stratégies de ce projet.
De la fierté de l’industrie militaire
Cette plaquette invite les entrepreneurs à rejoindre les rangs des réussites « made in Poitiers » au nom de la stimulation de la créativité. La réussite « made in Poitiers », voilà une affirmation qui invite à la réflexion. De quelle production du terroir Poitiers peut-il diable se vanter ? La réponse est fournie avec la plaquette, à travers quelques exemples.
« Sagem (groupe Safran) [qui] applique l’optronique [1] à la défense nationale ». En d’autres termes, des lunettes de tir infrarouge et à intensification lumineuse, des lunettes pour des tirs de précision qui équipent des Famas, les jumelles infrarouges multifonctions [2] et la caméra du casque sont toutes fabriquées à Saint-Benoit ;
« Dassault produit les verrières des avions militaires », ce qui avait d’ailleurs permis au Président de l’UMP de la Vienne et conseiller régional, Olivier Chartier, de se réjouir en février dernier du projet d’achat par l’Inde de 126 avions Rafale : « Dans un contexte économique très difficile, l’annonce par l’Inde de négociations exclusives avec l’avionneur français « Dassault » est non seulement une très bonne nouvelle pour l’emploi en France mais aussi pour l’emploi dans la Vienne puisqu’une partie de ce fabuleux « chasseur » est produite sur le site de Biard. [3] »;
« Saft développe sa stratégie dans le domaine des batteries au lithium pour l’aérospatiale », mais aussi dans l’armement pour la conception de missiles…
Toutes ces entreprises de mort sont la gloire de « l’incubateur régional » : le technopôle de renommée mondiale du Futuroscope!
Après le dynamisme régional mis en avant lors de la construction du centre pénitentiaire de Vivonne, voilà ce qui doit faire sans vergogne la fierté de l’économie poitevine: l’industrie militaire. Nous voilà donc bien embarqué.
Le tout en faisant la promotion du rapprochement entre université et monde de l’entreprise : « Le territoire compte une Université dont le prestige est un facteur prépondérant d’attractivité du territoire. Les collaborations avec l’Université et l’Incubateur Régional Etincel ont été sources de rapprochements avec les milieux économiques et génératrices d’activités nouvelles et innovantes ».
Créer et accumuler de la valeur par la créativité
Lieu d’innovation par essence (notamment à travers la recherche), voici ainsi venir l’université au service de l’entreprise, ou de manière concrète et en actes, l’application de ce qui fut dénoncé lors des derniers mouvements universitaires, en particulier lors de ceux engagés contre la LRU (une loi qui était déjà défendue à l’époque par le député-maire Claeys).
L’objectif avoué de Grand Poitiers c’est de « créer de la richesse et développer l’emploi sur le territoire », en d’autres termes accumuler de la richesse selon les règles élémentaires du capitalisme, et cela à n’importe quel prix, même s’il faut en passer par la réalisation de grands projets inutiles et qui de plus sont des gouffres économiques tels que la LGV (voir l’article à ce sujet). Poitiers s’invite dans la compétition internationale entre métropoles : « Bénéficiant de nombreux axes de communication (réseau ferré Lille-Europe…), Grand Poitiers entend capitaliser sur sa situation géographique ainsi que sur l’excellence de ses formations pour attirer de nouveaux investissements ».
Sans surprise, la catégorie de population visée par ces investissements économiques pour le réaménagement urbain est la « classe créative et innovante » : nouveaux cadres, ingénieurs, artistes, bobos, …
Ce phénomène est basé sur une théorie partant du postulat que « la créativité est devenue la principale force motrice de la croissance et du développement des villes, des régions et des nations » [4]. Ainsi, pour retrouver une attractivité économique florissante les métropoles doivent devenir des « creative cities », et pour cela convaincre les acteurs de la « creative class » de s’y installer. Les groupes de population dit « non-créatifs » sont alors déplacés de leurs environnements familiers et des nouveaux groupes de citoyens « créatifs » sont importés pour servir de modèles. Chaque quartier peut donc être considéré comme une source potentielle de créativité qui doit être exploitée au maximum.
« La métropole d’avant-garde se doit de fournir à ses sujets économiques d’élites de bonnes conditions psychiques. Elle se charge de les choyer, de leur fournir des loisirs de luxe […] juste baigner dans un doux climat où l’on se sent branché, proches des innovations culturelles » [5]. La construction du TAP (Théatre auditorium de Poitiers), l’usage récurrent du vocabulaire appartenant au champ lexical de l’innovation participent de cette logique.
Le T.A.P, Théâtre Auditorium de Poitiers
Cette « classe créative » fait donc l’objet d’une attention toute particulière dans l’entreprise de promotion de la communauté de communes pour faire accepter ces différents projets tous reliés entre eux. Tous les moyens sont alors mis en œuvre en faveur de la métropolisation, aux dépens des zones rurales et agricoles, et des populations précaires de Poitiers et ses alentours.
Les passerelles sont évidentes entre ces différents projets. Cœur d’agglo, Grand Poitiers, LGV… participent à une même logique, un même esprit : l’urbain et l’humain au service de l’économie et du profit.
En plus d’un chantage à l’emploi en amont, on nous vendra par la suite les bienfaits de cette accumulation de richesses par son réinvestissement dans la création d’emplois comme le veut la théorie néolibérale du ruissellement (si tant est que celle-ci ne soit pas stockée dans des paradis fiscaux bien évidemment…).
Quoi qu’il en soit, les grands profits qui seront générés par tous ces chantiers ne profiteront pas directement aux travailleurs, cela va de soi, mais bien aux dirigeants et aux industriels, investis dans le capitalisme et premiers visés par les questions de mobilité, de concurrence et de compétition. Urbanisme et profits n’ont jamais fait aussi bon ménage qu’en ce moment. Ce que mettent en relief Grand Poitiers et les travaux de la LGV s’est avant tout la lutte contre l’immobilité. Celles et ceux ne disposant pas du capital nécessaire pour se mouvoir dans les espaces de flux sont progressivement marginalisés puis criminalisés (ces deux processus étant parfois simultanés). Gare à ceux qui ne peuvent être mobiles, (ou qui y sont contraints parce qu’on ne veut pas d’eux comme les Rroms), car leur place n’est pas dans le centre des villes post-industrielles. Ces centres qui voient disparaitre chaque jour un peu plus ce qui leur donnait de la vie, « faisait du lien », où l’on est de plus en plus contraint de faire dans les endroits réservés ce pour quoi ils ont été pensés et conçus.
Le « socialisme » au service du capital, c’est maintenant… Et c’est déjà engagé depuis de nombreuses années (que les patrons dorment tranquilles), malgré tout ce que pourra en dire le MEDEF…
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1. Technique permettant de mettre en œuvre des équipements ou des systèmes utilisant à la fois l’optique et l’électronique. Elle associe généralement un capteur optique, un système de traitement d’images, un système d’affichage ou de mémorisation. (Source : Wikipedia).
2. Signe de la militarisation des forces de l’ordre, les jumelles infrarouges multifonctions dernière version (nommées « Vigilens »), équipent désormais la police et la gendarmerie. Sur cette militarisation voir le chapitre de Mathieu Rigouste : « La guerre à l’intérieur : la militarisation du contrôle des quartiers populaires » dans le livre dirigé par Laurent Mucchielli : « La frénésie sécuritaire. Retour à l’ordre et nouveau contrôle social ».
3. La Nouvelle République, 3 février 2012
4. D’après les mots de Richard Florida sociologue/géographe/consultant urbain (la liste pourrait encore être longue) à la mode. On lui doit ces concepts de « creative class » et de « creative city ». Il est le grand théoricien des pratiques de ré-aménagements urbains contemporaines. Il a reçu à ce titre des milliers de dollars de la part de la ville de Montréal juste pour affirmer que la métropole québécoise est « un des secrets les mieux gardés d’Amérique du Nord ».
5. « Z », Numéro 4, Automne 2010. http://www.zite.fr/-Numero-4Nantes-Automne-2010176-
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