Quand ça déborde enfin…

Posted: décembre 18th, 2012 | Author: | Filed under: contrôle, répression, prison, Expulsion, luttes des sans-papier-e-s, Migration, Poitiers, Police, Politiques migratoires/migrants & sans-papiers, sans frontières, sans-papiers, (im)migrations | 1 Comment »

En mars dernier, Kevin était arrêté et immédiatement placé en centre de rétention. Une agitation, inhabituelle à Poitiers, s’en est suivie. Elle s’est conclue avec la libération du lycéen. Retour sur un mois de combat.

Le 25 mars dernier, lors d’une partie de foot à Saint-Éloi, un quartier populaire de Poitiers, une patrouille vient contrôler l’identité d’un des joueurs et l’embarque. Ce garçon c’est Kevin, un lycéen de 19 ans, scolarisé en terminale Bac Professionnel Hôtellerie au lycée Kyoto de Poitiers. Si la Police l’embarque et le fait enfermer au Centre de Rétention Administrative (CRA) du Mesnil-Amelot (77), c’est parce que Kevin, est de nationalité congolaise et sans-papier. En effet, en vertu des législations (anti)migratoires successives promulguées par le pouvoir politique français depuis quarante ans, ce jeune homme, vivant en France avec sa famille depuis 2006, est tenu en situation irrégulière par la bureaucratie préfectorale. Celle-ci, s’appuyant sur le passé judiciaire de Kevin, prétexte une « intégration insuffisante » de sa part et refuse de lui délivrer un « titre de séjour »¹. Très vite, les proches, les personnels, profs et élèves du lycée ainsi que les militant-e-s et les non-affilié-e-s, s’organisent pour obtenir la libération de Kevin : pétitions, rassemblements, manifs sauvages² ont lieu. Une affiche³ invitant à la solidarité avec Kevin et à une offensive contre les frontières est également placardée dans le centre-ville.

Affiche de solidaité avec Kevin

3. Affiche de solidaité avec Kevin

La presse locale fidèle à sa doctrine marchande de « neutralité » relaye la lutte, ainsi que le vomi verbal du secrétaire général de la préfecture d’alors, Jean-Philippe Setbon, (depuis remplacé par Yves Seguy) sorte de sous-Eric Zemmour tant par l’emballage que par le contenu. Un des journaleux va même jusqu’à féliciter le travail de pacification mené lors de la première manifestation par deux militants d’extrême-gauche qui pensaient naïvement pouvoir canaliser les ardeurs de jeunes prolétaires en colère. Les efforts de ces valeureux militant-e-s anticapitalistes s’avèrent inutiles car personne, à part les keufs, ne semble souhaiter une confrontation. Ces derniers attendaient pourtant tranquillement la fin de la manifestation pour arrêter deux personnes. On a également pu voir une autre facette du maintien de l’Ordre à la française : un bus, rempli de jeunes manifestant-e-s quittant la place du marché en direction de Saint-Éloi, suivi par une voiture remplie de BACeux, dont l’un brandit son lance-grenade lacrymogène par la vitre ouverte.

Kevin lui, reste en contact avec ses proches par l’intermédiaire de son téléphone portable et a donc vent de l’agitation que la perspective de son expulsion vers le Congo (où son père a été tué car il s’opposait au pouvoir politique) provoque à Poitiers. Peut-être cela explique en partie que le 19 avril 2012, alors que des policiers le maintiennent contre son gré dans un avion de ligne à destination de Kinshasa, il se débat et hurle qu’il n’a pas à être renvoyé au Congo, surtout pas à deux mois du bac. Des passagers du même vol, prévenu-e-s à l’aéroport par des membres du Réseau Éducation Sans Frontières (RESF) se lèvent alors, empêchant de fait le décollage de l’appareil. Et ce malgré les menaces des porcs de la Police Aux Frontières (PAF) puis des CRS, qui filment les passagers debout pour les intimider. Au bout de deux heures, l’avion décolle finalement sans Kevin à bord, qui est libéré par le Juge des Libertés et de la Détention (JLD) le lendemain. Un passager est également débarqué de l’appareil par la Police qui lui reproche une rébellion.

Ce que nous souhaitons retenir de tout ça, c’est que contrairement aux précédentes tentatives d’expulsion, la défense de Kévin a été organisée rapidement et par de multiples forces (lycée, associations, partis d’extrême-gauche, anarchistes et autres), que certain-e-s engagé-e-s dans cette défense n’ont pas hésité à sortir des cadres habituels de la défense des sans-papiers à la pictave, très certainement par méconnaissance des-dits cadres. Ainsi le tempo impulsé par les jeunes de Saint-Éloi (que les militant-e-s habituel-le-s n’ont pu que suivre, non sans mal) lors de la première manifestation a fait son petit effet médiatique et a contribué à faire parler de la situation de Kévin. Cette manif’ – composée, c’est assez rare pour être signalé, de 400 personnes – n’est pas passée inaperçue, tant par sa durée, son trajet assez long et plutôt spontané et sa vitesse très soutenue, que par son niveau sonore. Les autres manifestations, plus calmes et reprises en main par une présence policière plus forte et plus agressive et par la frange la plus citoyenne des collectifs de défense des sans-papiers n’ont pas eu le même écho même si elles ont contribué elles aussi à montrer que cette violence d’État créait du désordre, et qu’il était préférable de libérer Kévin afin de rétablir une certaine paix sociale dans les rues piétonnes de notre ville « bonhomme ». Nous supposons que ce mouvement de soutien a joué sur la motivation de Kevin à ne pas se laisser embarquer de force vers le Congo et qu’il peut servir localement comme un précédent de résistance «victorieuse» à l’expulsion du territoire. Le travail des militant-e-s du RESF ici comme en région parisienne a aussi très certainement contribué à faire se lever (littéralement) les passagers du vol vers Kinshasa contre une certaine politique migratoire française et ce sous une pression policière étouffante. Pour nous, même si on ne peut parler de recette miracle, il semble que cet agencement de diverses pratiques très complémentaires de lutte puisse porter ses fruits. Une leçon à méditer ?

 

1. Le « titre de séjour » bien que ressemblant à la carte nationale d’identité (héritage pétainiste), permet un contrôle encore plus accru des populations qu’il concerne. Il est temporaire et délivré au compte-goutte bien souvent au bon vouloir et à l’arbitraire des préfectures. Une personne n’ayant plus de titre de séjour valide devient « sans-papier », est considérée « en situation irrégulière », à la merci d’une expulsion du territoire, ne bénéficie plus des prestations sociales mais peut toujours cotiser et payer l’impôt, ça y a pas de problème… Autant dire le profil bas est de rigueur pour obtenir et conserver le précieux sésame.

2. Le compromis tacite actuellement en vigueur à Poitiers entre la Police et les militant-e-s est assez pacifié : la Police laisse les manifestations non-déclarées en préfecture se dérouler, et les accompagnent, dans la mesure où elles ne sortent pas de la promenade où on crie un peu.

 

Les suites de « l’affaire de l’affiche noire »

Dans nos dernières brèves du désordre (voir l’Épine noire n°1), nous relayions une initiative de solidarité avec les sans-papiers, à savoir un collage d’affiches incitant la population pictave à se débarrasser du préfet et de son secrétaire général d’alors (tous deux aujourd’hui remplacés par d’autres) plutôt que de laisser les immigré-e-s être chassé-e-s par le pouvoir politique. Il semble que la maison poulaga ait peu goûté cette initiative, puisqu’elle a, en janvier dernier, auditionné une personne qu’elle soupçonnait être l’auteur de l’affiche. Affaire à suivre…?

 


De la repression à Poitiers… en 2011…

Posted: janvier 17th, 2012 | Author: | Filed under: contrôle social, Poitiers, Police, répression judiciaire, Répression/contrôle social, Violences policières | Commentaires fermés sur De la repression à Poitiers… en 2011…

Dans la ville où la bonhomie et les lieux policés ne sont que façades, les arrestations, les procès, les incarcérations sont toujours de mises.  Depuis le dernier numéro, plusieurs copains ou copines ont encore eu à faire avec la justice et sa police, certaines affaires ne sont pas encore closes, des instructions traînent toujours…Nous dressons donc dans ce numéro un bref récapitulatif des affaires survenues depuis le début de l’année.

Le 27 Janvier, A. passait en procès au TGI de Poitiers pour diffamation envers  JF Papineau et « sa » police ; elle avait était interpellée le 22 Juin 2010 pour avoir collé des affiches comprenant ce texte : “FÊTE DE LA MUSIQUE, tabassage gratuit de la police envers des passants place de la Liberté sous la direction de Papineau. Est-ce normal ?”. Le 21 Juin 2010 6 personnes étaient interpellées violemment par la police, et avaient été accusés d’outrage, de rébellion et de violences sur les kisdés.
Elle est condamnée à 500 euros d’amende avec sursis, à 500 euros de dommages et intérêts à JF Papineau et à lui verser 600 euros pour ses frais d’avocats.

Dans la nuit du 5 ou 6 Janvier 2011, C. est invité à sortir d’une soirée par les flics, il sort : il est alors interpellé pour ivresse sur la voie publique, menotté puis inculpé d’outrage et de rébellion. Il est convoqué le 18 Février au TGI de Poitiers, il est condamné à 3 mois de prison ferme. Notons que le procureur réclamé 70 jours/amende, mais  le juge connaissant C. pour l’affaire dite du «  21 juin 2010 » (et ayant déjà était incarcéré pour cette dite affaire) décide de le renvoyer en taule.
C. fait appel de cette décision de justice, il passe devant la cour d’appel le 24 Juin 2011 et est condamné à 3 mois de prison avec sursis assortis de 180H de TIG.

Gérard, ayant déjà était condamné en 2009 à verser 53000 euros à JC Decaux ainsi qu’a 10 mois de sursis (et ayant déjà fait 2 mois et demi de taule en préventive pour cette affaire). Il est passé, le 16 février, devant la cour d’appel de Poitiers qui a confirmé cette peine.

Le 18 Février, N. était convoqué devant la cour d’appel de Poitiers à la demande de JF Papineau, dans le cadre de l’affaire dite « du 21 Juin 2010 » où N. avait était incarcérée et condamnée à 2 mois de sursis, une amende « solidaire » (que les condamnéEs doivent payées ensemble, et des dommages et intérêts à JF Papineau. Lors du procès en appel le procureur réclame à son encontre 8 mois de prison dont 6 de ferme et l’oblige à indemniser ses victimes (les flics), le tribunal confirme sa peine le 24 mars (2 mois de sursis et 300 euros à verser à JF Papineau).

Le 5 Février, 7 personnes sont interpellées et placées en GAV (des perquiz ont lieux), suite à une manif nocturne (…). Ils sont alors inculpés « de rassemblement illicites en vue de commettre des dégradations ou des violences sur personnes et agents dépositaires de la force publique à l’aide de briquets, de fumigènes, d’engins explosifs et incendiaires… », il s’agit là de la première utilisation de la loi « anticasseurs » sur Poitiers. Ils sont convoqués le 31 Mars au TGI de Poitiers, l’audience y est alors reportée au 12 Mai ; les avocats tentent de jouer sur la rétroactivité de la loi sur les GAV et essayent de faire annuler les contenus des GAV et en particulier des interrogatoires, le rendu est alors fixé au 16 Juin puis est de nouveau reporté au 30 juin. Le contenu des GAV est alors annulé, hormis les perquisitions, autres déclarations de la poukave et les PV des kisdés. L’audience est ensuite fixée au 1er septembre, les prévenus ne se présentant pas, Le procès est à nouveau repoussé au 1er Décembre, et ils ne sont dorénavant plus que deux à devoir se présenter.

Dans la nuit du 13 au 14 mars 2011, trois personnes sont interpellées sur le campus de Poitiers, elles sont placées en GAV ( 2 perquisitions ont été effectués). Les faits qui leur sont reprochés : « destructions et dégradations sur du mobilier urbain (sucettes et abribus JC Decaux) » Elles sont convoquées à une comparution de reconnaissance préalable de culpabilité. Deux sont convoquées le 17 Mars pour la CRPC, mais l’une d’elle la refuse et n’a jamais eu de suites pour le moment, l’autre doit payer une amende de 80 euros. Le dernier quant à lui était convoqué en CRPC le 23 Juin, il l’a refusée et est passé en procès, il écope de 850euros à verser à JC Decaux et de 300 euros d’amende.

Durant le mois de mai un copain a été placé en GAV pour une vidéo publié sur internet intitulée « Poitiers street duel » (la vidéo a depuis été censurée par dailymotion…) ; il s’agissait d’un montage vidéo alternant des samples de films et de journaux télévisés sur fond d’images de la repression locale. Généreusement outragé, notre cher JF Papineau n’a bien sûr pas tarder à porter plainte ainsi que la préfecture pour menaces de mort et menaces d’atteinte à l’intégrité physique. Notre compagnon a aussi été interrogé sur l’Epine Noire, ainsi que sur le site internet «Ni dieu ni maître en Poitou». Nos bons flicards n’ont pas manqué de lui proposé un pti taf rémunéré en échange d’infos sur un certain milieu dont les porcs le considéraient proche ! Il en sortira assez rapidement (8h de GAV et une perquisition plus tard) sans poursuite et sans rémunération.
Le 30 novembre, la police a mené une perquisition dans un appartement de Poitiers, ils ont interpellés J. qui a été placé en GAV pour une dizaine d’heures. Il est mis en examen pour « complicité de menace de mort » et « atteinte à l’intégrité d’un représentant de la force publique »; dans le cadre de l’instruction sur les menaces de mort à l’égard de JF Papineau et en particulier concernant la video… aucune date de procès n’est pour le moment fixé.

Le Samedi 5 Novembre, une cinquantaine de personnes ont occupé une maison à Poitiers, (cf article concernant cette occupation), les flicardEs n’ont pas tardé à pointer leur bout de nez et de tazer. Ils/elles ont interpellées 47 personnes et les ont placés en GAV. 5 ressortent sous contrôle judiciaire et sont bien gentiment conviés à se rendre au tribunal le 8 Décembre pour se défendre de l’accusation de “participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens”, ainsi que pour l’un des mis en examen “usurpation d’identité”.

Certaines affaires ont été volontairement omises par les membres de L’Epine Noire et d’autres à la demande des intéresséEs eux-mêmes. Mais nous affirmons notre solidarité avec ces derniers, dernières.

Dans le numéro précèdent nous avions évoqués des convocations dans le cadre de l’instruction concernant le « 10 octobre 2009 » de Poitiers, nous n’avons pour le moment pas eu vent de nouvelles convocations ou de quelconques mise en examen. L’instruction sur les tags menaçant JF Papineau et d’autres têtes poitevines est toujours en cours. Une nouvelle instruction a d’ailleurs été lancée, suite à un collage d’affiches dans Poitiers comportant ce texte : « Ici, tout le monde sait qui doit être expulsé ! Poitevin-E émeutes toi ! Setbon Tomasini hors de nos vies. » (Tomasini étant le préfet et Setbon son secrétaire général); une plainte doit être prochainement déposé (si ce n’est pas déjà fait), et la flicaille a procédé à des relevés d’empreintes (digitales et génétiques sur les affiches).

Pour plus d’infos concernant ces festivités passées et à venir, consulter le site http://www.antirep86.fr.

NOUS AFFIRMONS NOTRE SOLIDARITE AVEC TOU-TE-S LES INCULPE-E-S, ET TOU-TE-S LES INCARCERE-E-S !


The Patrouilleurs, police partout…

Posted: janvier 17th, 2012 | Author: | Filed under: contrôle, répression, prison, Police | Commentaires fermés sur The Patrouilleurs, police partout…

Ça n’aura échappé à personne, surtout pas aux habitants de Poitiers, Mantes, Nice et Strasbourg : leur ville a fait la une de l’actu avec l’« entrée en action », le 9 mai, des « patrouilleurs » annoncés par le ministre de l’Intérieur Guéant, qui avait annoncé la création de ces unités de police en avril. Pas de temps à perdre, donc : « Il faut lutter contre la délinquance, la criminalité, les faire reculer et créer un climat, une ambiance de sécurité », d’après ses termes. Apparemment, le flot de lois et mesures liberticides diverses de ces dernières années ne leur suffit pas (en faire la liste ici serait superflu). En fait, ça devient un rituel, dès qu’un nouveau larron arrive au ministère de l’Intérieur, il faut qu’il crée son unité spéciale. En réalité, cette pratique existe dans les autres ministères aussi : si un ministre ne sort pas une loi à son nom, il tombe dans l’oubli. Et l’oubli, en « politique », c’est la mort. Pour montrer qu’on est passé au ministère de l’Intérieur, qu’on a servi la France, il faut créer son escadron.
En 2008, Alliot-Marie crée les UTEQ (unités territoriales de quartier) avec leur caractère de proximité comme argument. Le 17 août 2010, Hortefeux sonne le glas des UTEQ. Place désormais aux brigades spécialisées de terrain (BST). Un nom qui claque, fini la plaisanterie. En réalité, ce n’est jamais qu’un coup de com’ de plus, peu après les émeutes à La Villeneuve, à Grenoble. Aujourd’hui, place aux « patrouilleurs » – l’ordre version Guéant. Effet d’annonce une fois de plus. Différence avec la flicaille traditionnelle ? Aucune. Leur mission ? « Observer et écouter, se renseigner, interpeller. »
Mais pourquoi avoir choisi Poitiers ? A vrai dire, la question n’est pas abordée. Mais quand on la pose, la réponse paraît tellement vide de sens que l’on peut juste en conclure que les vraies raisons nous dépassent tous. C’est vrai qu’avec Cœur d’Agglo Poitiers se refait une « beauté ». Une bonne occasion de donner à la ville une actu nationale pour en faire la promotion. La jonction entre urbanisme et police s’opère davantage encore du fait de la répartition par quartiers des effectifs. L’organisation de ces « patrouilleurs » est divisée en deux : « patrouilleurs de circonscription » et « patrouilleurs de secteur ». L’idée est de placer ces patrouilleurs de secteur de préférence sur tel ou tel quartier.
Mais, quelle soit à Poitiers ou ailleurs, la police reste la même. Elle matraque, parfois à mort. La vraie question à se poser concerne le rôle de la police – y compris celle de proximité, vantée par la gauche et que l’actuel gouvernement se défend de faire renaître.
Pourquoi une police de proximité ? Pour notre cher ennemi Papineau, parce qu’il faut « OPTIMISER la visibilité de la police [1]. » La police doit être partout, comme si on ne voyait déjà pas assez de bleus dans les rues de Poitiers (et d’ailleurs). Mais le gouvernement le répète sans cesse, il ne s’agit pas d’une « police de proximité ». Soit, mais même si les patrouilleurs étaient une police de proximité, on n’en voudrait pas non plus. La police de proximité est une police comme les autres. Les flics de proximité sont des rabatteurs d’information ; celles et ceux qui leur répondent rien de plus que des balances en puissance. Voilà comment les choses se passent : aller au contact de la population le jour pour recueillir des informations, pour que la BAC et autres brigades de choc puissent intervenir plus facilement la nuit ; et Papineau d’affirmer : « Dans ce dispositif [les patrouilleurs], l’investigation et la répression ne sont pas délaissées au profit de la prevention [2]. » Une bonne nouvelle pour Papineau donc…

[1] http://www.marianne2.fr/Patrouilleurs-Gueant-sort-des-flics-de-son-chapeau_a205835.html
[2] Cf le torchon gratuit de Poitiers, même bah bon pour allumer votre cheminée hivernale : « 7 à Poitiers » du 11 mai 2011


Journée nationale d’actions contre la répression et les violences policières le 19 mars 2011

Posted: février 15th, 2011 | Author: | Filed under: Poitiers, Police, Prison, Solidarité | Commentaires fermés sur Journée nationale d’actions contre la répression et les violences policières le 19 mars 2011

A l’issue du forum antirépression organisé par le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux qui s’est tenu les 13 et 14 novembre, les participants, dont les représentants de divers comités hexagonaux, ont décidé de la tenue d’une Journée nationale d’actions contre la répression et les violences policières, le 19 mars 2011.

« Face à la multiplication des intimidations, violences policières, interpellations, condamnations de toutes sortes qui dessinent un peu partout un ordre policier généralisé est sortie des discussions l’idée d’une journée de mobilisation en France contre les politiques sécuritaires en cours ou à venir.
Les participants au forum de Poitiers appellent donc tous les collectifs et les personnes luttant contre la répression à faire du samedi 19 mars 2011 une Journée nationale d’actions contre les politiques sécuritaires, au travers d’initiatives qu’ils auront décidées localement, afin de faire connaître et de développer les diverses luttes existantes en favorisant leur coordination, et de construire une mobilisation contre toutes les formes de répression.
Merci de diffuser cet appel massivement autour de vous. Pour tout renseignement, contacter antirep86@free.fr »

Il nous paraît utile de rappeler ici quelles sont les bases du Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux en publiant quelques extraits de sa plate-forme :

• « La répression actuelle n’est pas spécifiquement poitevine, mais se développe partout à l’échelle mondiale. C’est pourquoi la politique sécuritaire française doit être replacée dans le contexte européen – il s’agit d’une mise en conformité avec les normes répressives en vigueur dans la “forteresse Europe”.

• Elle correspond à une offensive généralisée des classes dominantes contre les classes populaires, pour favoriser une phase d’expansion du capitalisme et profiter de la relative faiblesse des mouvements sociaux. Le comité considère donc la “violence” pointée par les gouvernants pour exercer une répression comme devant être replacée dans le contexte d’une société aux rapports entre les classes eux-mêmes très violents : la violence est d’abord celle des rapports sociaux existants.

• (…) Le comité s’inscrit donc comme partie prenante, à sa modeste échelle, dans les tentatives faites pour inverser ce rapport de forces, dans une optique anticapitaliste ; il cherche à favoriser une dynamique sociale contribuant à une jonction entre les différentes luttes menées sur Poitiers et sa région, à partir de la répression exercée contre elles (…), car seule la création d’un rapport de forces favorable peut permettre de gagner dans une lutte, ou du moins déjà de faire reculer le pouvoir (…).

• La répression aux multiples facettes qui s’exerce aujourd’hui dans l’hexagone ne peut en aucun cas être analysée comme une “dérive” par rapport à une situation antérieure “normale”. Cela fait de nombreuses décennies que, de loi d’exception en loi d’exception, d’extension en extension de la législation répressive, les gouvernements qui se sont succédé ont accompagné, chacun à leur manière, les offensives patronales pour “restructurer l’économie” (c’est-à-dire baisser le prix de la main-d’œuvre) et prévenir les velléités de révolte susceptibles d’en découler (les différentes réformes de l’enseignement allant elles aussi dans ce sens). De même, l’action policière actuelle est à dénoncer non comme une “dérive” ponctuelle, mais comme s’inscrivant dans une logique coercitive d’envergure.

• Elle est essentiellement préventive : il s’agit de faire peur, de dissuader les jeunes mais aussi plus largement tous les salariés, les chômeurs, etc., de se politiser et d’agir. On assiste à une remise en cause de plus en plus évidente de la liberté d’opinion – le délit d’opinion venant s’ajouter à tous les moyens d’action aujourd’hui laissés à la libre disposition des forces de l’ordre. D’une part, la police anticipe, sans attendre qu’un quelconque fait ait justifié son intervention, en s’en prenant avec de moins en moins de retenue aux personnes qui, par leurs idées ou leur style de vie, refusent l’ordre établi. D’autre part, le pouvoir prépare sans cesse de nouveaux dispositifs législatifs visant à empêcher toute occupation du terrain politique par des mouvements contestataires radicaux. C’est pourquoi le comité estime avoir un rôle de solidarité mais aussi de politisation à jouer, en ce qu’il peut par ses interventions susciter des débats et aider à une réflexion dépassant le cadre de l’antirépression au sens strict.

La structure du comité

Le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux est composé d’individus et soutenu par les associations, les partis ou les syndicats qui le désirent. Cette structuration basiste est fondamentale car si le comité devenait un jour un enjeu pour certaines structures organisationnelles, quelles qu’elles soient, et finissait par n’être plus qu’un cartel d’organisations il serait dévoyé de son objectif originel et perdrait toute efficacité et dynamique. (…) Mais nous gardons à l’esprit que des préoccupations électorales aussi bien que la position d’opposants à un pouvoir de droite peuvent jouer dans le relatif “succès” du comité aujourd’hui – succès dont nous nous réjouissons. Quoi qu’il en soit, la démarche du comité n’est pas d’aller à la pêche aux signatures, et, de même, il n’amendera pas les principes de base qu’il défend pour en obtenir davantage.

Ses positionnements de base

• Le comité défend tous les acteurs et actrices des mouvements sociaux contre la répression menée à leur encontre, sans opérer de tri entre les “bons” et les “mauvais” en fonction de leur culpabilité ou de leur innocence supposée. Ce positionnement ne signifie pas l’absence de critiques à l’égard des actions menées, et moins encore une adhésion obligatoire ou obligée à elles ; en revanche, le comité manifeste sa solidarité envers toutes et tous face à la répression ; nous les soutenons contre ce que l’appareil d’Etat leur fait, pas pour ce qu’ils et elles ont ou n’ont pas fait.

• Le comité dénonce les manœuvres du pouvoir visant à criminaliser tour à tour des fractions de la population – les jeunes, les libertaires, les marginaux… – en les étiquetant aujourd’hui “extrémistes”, “anarchistes” ou “anarcho-autonomes”, et demain autrement ; et il n’aura de cesse de rappeler que les politiques répressives, une fois installées par un pouvoir quel qu’il soit, peuvent s’exercer contre n’importe qui. »


Des petits tags et puis s’en vont…

Posted: février 15th, 2011 | Author: | Filed under: Poitiers, Police | Commentaires fermés sur Des petits tags et puis s’en vont…

Fin 2009 – début 2010, plusieurs vagues de tags sont venues orner les murs de Poitiers. Tags de solidarité aux incarcérés/incendiaires du CRA de Vincennes, tags d’insultes, de menace de mort à l’encontre des flics et notamment de Jean-François Papineau (directeur de la sûreté départemental) ; ont largement fleuri et ainsi redécoré les murs, devenus bien trop aseptisés depuis l’arrivée du maire Alain Claeys (qui lui non plus n’a pas été épargné par ces tags). D’ampleur plus ou moins importante, ces vagues de tags ont plusieurs fois défrayé la chronique, mais la police, la préfecture ainsi que la mairie ne se sont jamais réellement prononcées sur ces actes :
« En parler, c’est donner encore un écho à ces inscriptions. C’est exactement ce qu’ils recherchent. C’est devenu leur nouveau jeu, relève un policier. Faut-il pour autant passer sous silence des inscriptions qui barrent de nombreux murs du centre-ville et qui, fait aggravant, profèrent des menaces de mort directes ? Les faits durent depuis plusieurs mois et ciblent plus particulièrement le patron de la police. Les inscriptions, d’abord confidentielles, deviennent de plus en plus visibles. Elles s’affichent désormais jusque sur le commissariat ou la mairie. Difficile de ne pas réagir. C’est pourtant le choix des autorités malgré la gravité des propos tenus. Le préfet, représentant de l’Etat et garant de l’ordre public, n’a pas souhaité réagir à notre sollicitation. Le directeur de la police non plus. Il avait déjà fait savoir qu’il portait plainte à chaque attaque. Quant au maire de Poitiers, il renvoie à un précédent communiqué qui rappelait à chacun ses responsabilités. »
Artistes en manque de radicalité ou activistes radicaux s’amusant à provoquer la police et les autorités poitevines ? La question reste ouverte… sûrement pas pour tout le monde !
Cependant, début mars, deux personnes sont interpellées puis placées trente-cinq heures en GAV avant d’être relâchées !
« Les investigations se poursuivent, indique le procureur de la République. Elles sont entre les mains de la PJ de Poitiers car les tags comportaient des menaces de mort contre le patron de la police locale. L’enquête a donc été confiée à un autre service. La PJ va s’attacher à déterminer le degré d’implication des deux jeunes relâchés : simples imitateurs ou tagueurs en guerre contre la police. »
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http://juralibertaire.over-blog.com/article-deux-relaxes-et-des-tags-a-poitiers-45584261.html
http://juralibertaire.over-blog.com/article-la-police-travaille-a-poitiers-46054546.html
http://juralibertaire.over-blog.com/article-leur-presse-ment-a-poitiers-46368839.html


Poitiers, octobre 2010

Posted: février 15th, 2011 | Author: | Filed under: Poitiers, Police | 1 Comment »

Policer des lieux de vie,  des souffles de vie,  et des penchants insaisissables?

Un an après les «_évènements_» du fameux 10 octobre, la répression policière est toujours aussi présente sur les acteurs et actrices du mouvement social local.
En ce qui nous concerne, -et on le répète depuis le début- il n’y a pas réellement un avant et un après 10 octobre, c’est pour le reste de la population poitevine (une  légère coupure s’est opérée : cristallisation autour de la personne de Papineau , chef de la police locale ) mais surtout sur la jeunesse que le pouvoir policier aiguise ses savoir-faire…
Rien ne doit se passer ici à Poitiers. Les flics débarquent rapidement sur les lieux de lutte : les squats sont délogés  manu militari , les actions des lycéens et étudiants  sont surveillés comme du lait sur le feu, et le contrôle incessant de personnes considérées à risque persiste,quoique l’on peut noter une certaine baisse
Bien entendu cette pression policière s’exerce prioritairement sur la jeunesse. Certes, les militants gauchistes  et anarchistes sont visés ,mais cela va bien au delà du clanisme politique.  C’est comme si il y avait une stratégie de biologiser  la jeunesse afin de l’appréhender comme un corps étranger dans le but d’établir des schèmes de pensées et des systèmes de contrôle pour la diviser , l’isoler pour  la mater plus facilement. Dans une ville ou il y a près de 30.000 étudiants, les contrôles de terreur sont assez simple à mettre en place, sous couvert de la protection de la jeunesse; on accentue les contrôles routiers les jeudis soirs , on affine les tests anti-drogues, on perquisitionne une chambre ou un studio pour moins d’un gramme de cannabis, on surveille des maisons ou des bouts de terre occupés, on fait des traquenards lors de la fête de la musique , on fait fermer les discothèques pour de fumeuses raisons de nuisances sonores , également les bars réputés pour être des lieux ou vont et viennent les militants gauchistes et/ou anarchistes, on coupe les subventions aux associations qui tentent de faire tenir  ce qu’il reste encore de «_culture_». Tous les lieux sont appréhender comme des lieux d’agitations voire de fomentations révolutionnaires…

Depuis le début du mouvement contre la réforme de la retraite et son monde ,  l’attitude la police poitevine est  intéressante a étudier, elle opère de manière très procédurière face aux actions menées par les syndicats  et/ou  militants gauchistes et anarchistes : donc elle prend un nombre incalculables de photos, filme tous azimuts,ne contrôle plus de manière systématique, sourit même…C’est assez curieux de sa part , sans doute que la consigne de la préfecture c’est de la jouer profil bas.
Par exemple lorsqu’un lycéen rend coup pour coup au chef de la police (car ce dernier l’a giflé) et se retrouve au commissariat face à des flics lui payant le café et lui demandant de passer l’éponge, on peut  dire que la pression du mouvement social contre la réforme des retraites en plus de la présence d’un réseau luttant contre la répression policière et judiciaire semblent efficaces et peuvent faire reculer la police dans ces agissements. Cependant se cacher derrière la chaleur et le soutien que peuvent procurer un comité contre la répression ne nous fait pas occulter que ce changement de comportement en plein mouvement est quelque peut curieux. Nous verrons bien par la suite quelles tournures vont prendre les comportements de la police et bien entendu les réactions des personnes face à elle.
Ce qui est certain, il y a quelque chose qui s’est passé ces derniers mois : à savoir que toute une partie de la population poitevine (et pas seulement) est devenue hostile face à la police locale, une majorité connaissent le chef de la police M Papineau. Ce dernier s’est , en quelque sorte, «_starifié_» : qu’il soit honnit ou applaudit, il est devenu un «_notable_de la répression_» du spectacle local. Les jeunes  (et  moins jeunes également) poitevins peuvent poser un nom, personnifier le contrôle qui s’exerce dans leurs lieux de vie et de rencontres ; ce qui se ressent particulièrement dans leur comportement face aux flics maintenant, une hostilité grandissante.
Alors que personne ne se souvient du dernier chef de la police, celui ci, mis en place par le préfet raciste Tomasini,par une mise en spectacle de son autorité et de ses exactions ont ont la force d’occulter le fait que nombre de personnes déteste la police dans son ensemble , au profit d’une pensée toujours unique : «_y’en a des bien_» , «ils ne sont pas tous comme ça_» etc… Donc de servir d’épouvantail au sein de la police pour de larges franges de la population poitevine (surtout de sa frange militante) en attendant un remaniement , en le substituant par le bon flic de «proximité_», de gauche , le républicain.
Or nous considerons qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais flic (celui de la répression droitière/fasciste ou celui de la proximité de gauche),mais seulement des individus qui portent  l’uniforme  de la violence de  l’ Etat républicain  et  s’organisent pour que les puissants de ce monde continuent de dominer : alors tous moyens sont nécessaires afin de canaliser des colères et les envies d’en finir avec les injustices. Il n’y a qu’a voir les comportements de la police des différents gouvernements de gauche depuis 1981: répression et récupération politique des mouvements issus des  quartiers, des  lois liberticides tel que LSQ, répression des  mouvements ouvriers, du mouvement antinucléaire, du mouvement des chomeurs, soutien de plusieurs dictatures dans le monde…
Nous entendons, par ci par là, des rumeurs de changement de préfet en plus du départ de son poulain de flic ( car les deux suivent des carrières parallèles..)
Poitiers a beau être, une ville laboratoire de techniques d’appréhension et de prédation policière, des  lieux de vie, des gestes et des rencontres en ont prouvé le contraire ; ces techniques policières pouvaient être décryptés ,déjouées et par conséquent mises en désuétude.