Pour l’avortement libre et gratuit, ici et ailleurs !

Posted: janvier 17th, 2014 | Author: | Filed under: corps, santé, Feminisme, Poitiers | Commentaires fermés sur Pour l’avortement libre et gratuit, ici et ailleurs !

Le 20 décembre dernier, le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy approuvait l’avant projet de loi « Protección de la vida del concebido y derechos de la mujer embarazada » (protection de la vie du foetus et des droits de la femme enceinte), qui limite l’avortement à deux conditions : en cas de viol (à condition de porter plainte au préalable), ou en cas de danger pour la santé de la femme enceinte.

Cette future loi, influencée par des lobbys d’extrême droite et des membres de l’Opus Dei, et qui passera en février au parlement sans difficulté grâce à la majorité absolue du Parti Populaire, annule l’ancien texte de 2010 qui autorisait l’avortement jusqu’à 14 semaines de grossesse. Cela impliquerait donc un retour à l’ancienne loi vieille de plus de 30 ans.

Cet avant-projet ne sort pas de nulle part, il est produit dans un contexte général où les droits du peuple espagnol sont chaque jour plus menacés. Sous le prétexte de « crise économique » le gouvernement se permet des coupures budgétaires dans la santé et l’éducation, des privatisations, la baisse des retraites, des salaires et des allocations
accordées aux handicapés, et des lois sécuritaires de plus en plus restrictives avec de graves atteintes aux libertés fondamentales (droit de réunion, de manifestation, d’expression…). Cette loi régressive sur l’avortement vient ainsi marquer une année de plus dans la « stratégie du choc » orchestrée par le gouvernement du PP.

Dans ce contexte, les femmes sont l’objet des plus graves attaques. Stigmatisées par ce gouvernement pour le fait d’être femmes, elles sont considérées comme des êtres humains de rang inférieurs, privés de capacité de discernement et de décision. Dans la logique patriarcale qui structure la société actuelle et qui s’y développe, elles ne
sont vues que comme de purs individus destinés à se reproduire sans pouvoir choisir, ni rien y redire.
Avec cette loi, on prive les femmes de liberté, on met de côté leur volonté et leur pouvoir de
décision. On les condamne aussi à la clandestinité, à des pratiques d’avortement dangereuses et qui mettront leur vie en danger.
Nos corps sont à nous, c’est nous qui décidons !

Depuis des siècles des hommes et des femmes se battent contre les régimes totalitaires, la cupidité des oligarchies économiques, le capitalisme, les patrons et le patriarcat. L’extrême limitation du droit à l’avortement en Espagne aujourd’hui est là pour nous rappeler combien le combat continue.

Contre cette loi patriarcale qui nous prive de liberté et précarise plus encore notre condition de femmes !

169px-Anarcha-feminism.svgPour une riposte féministe !


[Poitiers] Rassemblement pour la contraception et l’avortement libres et gratuit.e.s !

Posted: novembre 13th, 2013 | Author: | Filed under: Feminisme, femmes, homosexualités, genres | Commentaires fermés sur [Poitiers] Rassemblement pour la contraception et l’avortement libres et gratuit.e.s !

ivg-web

Voici une quarantaine d’années, le mouvement de libération des femmes s’est battu pour obtenir le droit à disposer librement de son corps, notamment en maîtrisant sa fécondité. Sous la pression de la rue, et malgré l’opposition d’une bonne partie de la classe politique et du corps médical, la contraception a ainsi été libéralisée et remboursée par la Sécurité sociale en 1974 ; et, l’année suivante, la loi Veil a dépénalisé l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Mais depuis les conditions d’accès à l’avortement sont devenues de plus en plus difficiles, tant par le manque de centres d’IVG que par leur qualité et par les délais pratiqués.

Le rapport rendu par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, le 7 novembre dernier, sur l’accès à l’IVG met en évidence le parcours de la combattante par lequel les femmes doivent passer pour un avortement. Dans le Poitou-Charentes, un tiers seulement des établissements pratiquant l’IVG prennent en charge cette intervention sur une patiente entre la dixième et la douzième semaine de grossesse. Pourtant, selon le code de la santé publique, « les établissements publics […] qui disposent de lits ou de places autorisés en gynécologie-obstétrique ou en chirurgie ne peuvent refuser de pratiquer des interruptions volontaires de grossesse ».

Divers obstacles jalonnent le parcours de soins, causant parfois des situations dramatiques. Les chiffres (sous-estimés) montrent que, dans notre région, 86 IVG n’ont pas été prises en charge en 2012, obligeant les femmes concernées à s’orienter vers une autre région ou à renoncer à l’IVG. Comme le souligne le rapport du Haut Conseil, la loi n’est pas pleinement appliquée « compte tenu du refus de certains médecins et établissements de santé de pratiquer certaines IVG ». Des professionnel.le.s de santé n’hésitent en effet pas à remettre en cause la décision des femmes, à les culpabiliser, voire à refuser délibérément de les prendre en charge. Oubliant toute éthique, piétinant la santé, c’est-à-dire le bien-être et le respect de ces personnes.

Face à la toute-puissance du corps médical, les gouvernements successifs ont laissé faire, et c’est ainsi que la situation s’est très rapidement détériorée. Même le Haut Conseil « s’étonne vivement que ce dysfonctionnement qui contrevient aux obligations légales fasse l’objet d’une tolérance » de la part des pouvoirs publics. À la vérité, le refus de pratiquer l’IVG est sans doute bien moins dû à la « liberté de conscience » derrière laquelle se retranchent nombre de chirurgiens, et les pouvoirs publics avec eux, qu’au faible intérêt financier représenté par une telle intervention. En avril 2013, son tarif a certes été revalorisé de 50 %, comme le demandaient depuis des années des associations de défense de l’avortement pour inciter les établissements de santé à le pratiquer – mais il est peu certain que cela suffise à inverser le cours des choses, « l’affaire » n’étant sûrement pas assez juteuse.

De plus, dans le même temps, les centres de Planning familial luttent pour leur survie face à la suppression chronique des subventions de l’État, alors qu’il s’agirait d’assurer une meilleure information sur la sexualité des femmes et des hommes dès le plus jeune âge. Et, comme le soulignait déjà le MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et la contraception) dans les années 70, le seul moyen de faire disparaître les fortes inégalités existant entre les femmes sur la question de l’avortement consiste à pouvoir recourir à cet acte sans qu’il dépende de leurs revenus et de leur couverture sociale. Or, si les frais de soins, de surveillance et d’hospitalisation liés à une IVG sont enfin, depuis avril dernier, intégralement pris en charge par l’assurance maladie (ils ne l’étaient jusque-là qu’à 70 ou 80 % pour les assurées majeures), les femmes non couvertes par la Sécurité sociale ne peuvent en bénéficier… et de toute façon, en l’état actuel du dispositif de santé et face à l’incurie du secteur public, le recours aux cliniques privées ici comme ailleurs reste conditionné au règlement de dépassements d’honoraires et autres frais qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses.

La retombée du mouvement des femmes a de plus permis aux catholiques intégristes de reprendre du poil de la bête à travers des mouvements anti-IVG menés essentiellement par des hommes.

Ainsi, l’association SOS tout-petits qui, en 1986, « consciente du caractère sacré de la vie humaine de la conception à la mort naturelle », s’est donnée « pour but de la sauvegarder par la prière ». Il s’agit pour ces intégristes de « protéger la vie » par tous les moyens : prières anti-IVG devant les cliniques, actes d’intimidation et de culpabilisation envers les patientes du Planning familial, affiches de fœtus ensanglantés ou commandos anti-IVG dans des blocs opératoires. Depuis la loi de 1993 sur le délit d’entrave à l’IVG, ils ont dû revoir leurs méthodes à la baisse. En 2012, une patiente du Planning familial a par exemple reçu d’eux… une paire de chaussons en tricot avec une médaille représentant la Vierge Marie. Mais le ridicule de tels « cadeaux » ne saurait faire oublier la violence de ces mouvements, sur lesquels plane évidemment l’ombre du FN – qui considère le Planning familial comme une incitation à l’IVG et préconise le déremboursement de cet acte…

Nous revendiquons le droit des femmes à choisir si elles veulent un enfant, et quand. Le droit d’être accompagnées dignement et gratuitement dans toutes leurs décisions, avec des moyens en réponse à leurs besoins, quels que soient leur âge et leur condition.

Samedi 16 novembre 2013, nous nous rassemblerons à 11 heures devant l’église Notre-Dame, à Poitiers, pour réaffirmer notre volonté de choisir et de disposer librement de nos corps et de nos vies.

Puis, à 14 heures, nous accueillerons comme il se doit les intégristes de SOS tout-petits et leurs sympathisant.e.s, toujours devant l’église Notre-Dame. Rejoignez-nous !

Un groupe d’autodéfense antisexiste

P.-S. : Nous profitons de l’occasion pour lancer un appel à témoignages auprès de toutes les femmes qui se sont fait avorter à Poitiers. Écrivez-vous à faispasgenre [arrobase] riseup [point] net