Dossier Vitalis
Posted: janvier 25th, 2012 | Author: Epine noire | Filed under: Environnement et écologie, Poitiers, Transports, Urbanisme/aménagements du territoire | 1 Comment »Retour sur les agressions dans les bus Vitalis
Vous l’avez peut être entendu, lu ou vu cette année, il y aurait eu une hausse des agressions physiques et verbales envers les contrôleureuse-s et les conducteur-trice-s de bus du Vitalis (Régie des Transports Poitevins) de la communauté d’agglo poitevine (CAP, nouvellement rebaptisée «Grand Poitiers» pour l’entrée dans l’ère de la métropolisation –cf.J-P Garnier-), Vitalis. Au total, ce sont trois agressions très médiatisées qui ont poussé les salariés de Vitalis à faire prévaloir leur droit de retrait, c’est-à dire de cesser subitement de travailler.
Nous ne souhaitons pas rentrer dans les détails de ces paroles et gestes de mépris et de haine envers des personnes ayant une autorité sur le quotidien de milliers de personnes chaque jour. Car effectivement, il faut que les usagers leur rendent des comptes, ce qui signifie montrer patte blanche à chaque montée (ou bien descente) dans le bus, comme par exemple acheter un ticket, montrer son pass-bus etc… Cependant, nous tenterons de montrer que derrière les prérogatives du «droit de retrait», les réactions émotives et solidaires des collègues de boulot se cachent des raisons un peu plus complexes : c’est l’enjeu des rapports de force au
sein de la société Vitalis, et des rapports qu’elle entretient avec ses usagers-habitants [de l’agglomération poitevine] au sein du vaste projet de rénovation urbain Coeur-d’agglo.
Vitalis et le « management Veolia»
[Peu avant la diffusion du journal nous avons appris que Veolia opère une nouvelle stratégie du groupe (qui signifie caprice des actionnaires) en voulant délaisser le secteur des transports collectifs pour se recentrer sur l’eau et l’Énergie.
Nous suivrons cela de plus près (source presse rapine : Les Echos)]
Nom donnée à la régie des transports des transports poitevins depuis le 1er janvier 2004 pour toute la communauté d’agglomération poitevine. C’est une société d’économie mixte : c’est à dire gérée à la fois par le privé et par les autorités publics, en l’occurrence pour Poitiers, c’est la communauté d’agglo qui décide de la stratégie économique et de la politique tarifaire à mener.
Or depuis quelques années, on a entendu ici et là quelques voix dissonantes au sein de Vitalis. Celles-ci critiquent les transformations de l’organisation du travail. Et pour cause, depuis 2009, Vitalis a un nouveau directeur en la personne de Thierry Wischnewski. Ce dernier, a un CV bien fourni, puisqu’il a été a maintes reprises à la tête de plusieurs compagnies privés de transports de voyageurs : dans la région rouennaise (TCAR), en région parisienne (STRAV) ou bien encore dans la région bordelaise (Veolia Transport Bordeaux). Transfuge de Veolia-Environnement (ex Compagnie générale des eaux, ex Vivendi, est une multinationale qui s’est spécialisée dans les services que l’Etat lui a cédé peu à peu ces dernières années : eau, propreté, énergie et transports) Monsieur Wischnewski débarque avec des nouvelles techniques de gestion des travailleurs du secteur public, c’est-à-dire le management public. C’est une gestion particulière, d’inspiration néo-libérale de l’entreprise, assez brutale dans la mesure où sous couvert d’optimisation et de performance (zéro défaut…) du réseau de bus, on exerce une pression sur les travailleurs. C’est assez paradoxal étant donné que des mots comme « polyvalence »,« autonomie» ou bien « d’élargissement des tâches et des compétences » sont mis en exergue quand bien même la hiérarchisation s’est accrue. Ce qui met les salariés sous pression et les rendent responsables de tout ce qui arrive dans leur travail. Cette nouvelle forme déstabilise de fait, un grand nombre de salariés en remettant en cause leur savoir-faire et acquis de leur expérience professionnelle. Par ailleurs, on peut souligner la stratégie économique de Veolia-Transport dans la région : la multinationale gère déjà une partie des transports dans la campagne aux alentours de Poitiers (par exemple pour les bus scolaires) et elle réussit à installer « un homme-lige » à la tête de Vitalis [1]. A terme, il est évident que Veolia souhaite avoir un rôle prépondérant dans les transports collectifs dans la région.
« Sécuriser » à tout prix
Les techniques de management ne touchent pas seulement les salariés : elles ont bien évidemment une incidence sur les usagers. Thierry Wischnewski a une conception bien particulière de la sécurité, puisqu’il a prôné l’instauration des caméras de surveillance et leur généralisation dans tous les bus de la régie. C’est pourquoi, depuis plus d’un an maintenant, il y a trois caméras par bus dans les 130 que possèdent Vitalis ; faites les comptes, c’est énorme [2] ! De plus, ces caméras s’accompagnent d’un petit message qui cache mal le cynisme d’une telle décision : « Souriez, vous êtes filmés » – un détournement publicitaire qui fait référence
à l’association portant ce nom et réunissant des personnes actives contre la vidéosurveillance, les technologies du contrôle sécuritaire de la population et autres pratiques orwelliennes [3]. Soulignons que c’est avec l’aide de l’agence-conseil en communication au doux nom de Bluecom que Vitalis fait sa propagande.
Ce flicage de la part des conducteurs et donc des usagers est la conséquence d’un rapport de force plus défavorable face au patronat au cours des dernières années. Dans les années 70-80, il y avait encore des formes de résistance aux contrôles des usagers de la part des conducteurs de bus. Le recul de la conflictualité des bastions ouvriers traditionnels, l’installation d’un chômage de masse et la spectacularisation du débat sur l’insécurité à des fins électorales, ont facilité l’accroissement des dispositifs législatifs de contrôles comme par exemple, l’instauration de la Loi Sécurité Quotidienne en 2001 (sous gouvernement socialiste)
puis celles ajoutées par la majorité au pouvoir depuis 2002-2003. Ainsi,avec la crise, les comportements autoritaires, disciplinaires et de mise au pas de la part de certains conducteurs et contrôleurs sont plus favorisés.
C’est pourquoi, il n’y a là rien d’étonnant de la part de Wischnewski, car il n’en est pas à son premier coup en matière de flicage de transports collectifs. En 2001, lorsqu’il était directeur de la STRAV (Société de transport automobile de voyageurs) de Brunoy (Essonne, en Ile-de-France), il a également généralisé la mise en place de caméras dans les bus (130 bus…) [4]. Ceci était passé sans trop de résistance, et pour cause : il paraît que les conducteurs de bus en voulaient. Intéressant de voir comment les conducteurs, avec l’assentiment intéressé de leur patron, croient en les vertus de la surveillance pour ne plus être agressés dans les bus, et pour renouer la confiance avec les usagers. Cette hystérie sur les caméras en dit long sur la peur entretenue grâce aux médias, mais aussi sur une certaine coupure entre les travailleurs de Vitalis et une partie de la population. Elle a eu son point d’orgue l’an dernier, avec la propagande contre la fraude qui a fait suite à une campagne pour la gratuité des transports poitevins rappelant la propagande gouvernementale antifraude de la Sécu sur les ondes hertziennes…
Ne soyons pas dupes, il y a une corrélation entre les projets de rénovation urbaine Coeur d’agglo, la ligne LGV Sud Europe Atlantique (sans oublier le projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes) et le réaménagement des lignes de bus, la propagande antifraude et les velléités d’intimidation voire la vaste opération de police et d’aseptisation de la ville de Poitiers.
De même qu’il y a une corrélation entre le fait que Vinci s’implique dans Coeur d’agglo et l’arrivée de Wischnewski comme manager aux méthodes autoritaires de Vitalis : les grandes multinationales s’entendent [5]…
A défaut de faire grève….
Les revendications sécuritaires, voire carrément réactionnaires des conducteurs/contrôleurs de bus pour plus de sécurité donc plus de flicage des usagers nous font horreur. Ce qui nous intéresse en particulier, ce sont les interruptions de travail! Pourquoi attendre une agression d’un collègue pour se réunir, se retrouver et discuter de bien de choses autres que l’agression?
Parler du pourquoi, il y a plus de en plus de personnes qui fraudent dans les bus, pourquoi les relations sociales interpersonnelles, à certains égards, dans une ville comme Poitiers se sont tendues? Pourquoi il y a de plus en plus d’actes relevant de l’illégalisme dans la ville « bonhomme » ? Parler aussi des conditions du boulot, des relations avec le directeur de Vitalis etc.
Par conséquent, ces différents arrêts de travail en cas de « danger grave et imminent » relevant du « droit de retrait » [6], paraissent comme une arme face à la routine de la quotidienneté d’un conducteur de bus (plus efficaces que les blocages lors du mouvement contre les retraites en automne 2010). C’est en quelque sorte une façon détournée de faire grève et éclaire sur le degré de conflictualité de basse intensité au sein de Vitalis. En l’occurrence, c’est le syndicat SUD, qui a depuis plus d’un an dénoncé un « climat tendu » à Vitalis [7]. On aimerait bien qu’il dénonce également l’exploitation des taulards : Vitalis faisant faire les cartes abonnements aux taulards de la région…
La gratuité comme remède?
Face à un monde où tout devient marchandise, même un simple déplacement pour aller faire les courses, aller aux bahuts, au cinéma ou bien pour aller dans une boite d’intérim pour trouver un job, il est plus que nécessaire d’affirmer la gratuité des transports publics au sein de la CAP , quitte à faire raquer les bourges. Ceci dit, dans l’urgence, plusieurs dizaines de personnes fraudent, elles n’attendent pas l’aval d’un conseil municipal ou général pour attendre la gratuité. Malgré la propagande sur dispositifs antifraudes (plus de contrôles) et sécuritaires (comme par exemple faire suivre noctambus par un véhicule de controleurs), la fraude va bon train. Il n’y a pas de volonté politique au niveau local pour vouloir le réseau gratuit à quelque exception près [8].C’est peut-être l’occasion, en ces temps de où boucler les fins de mois deviennent plus difficile qu’à l’accoutumé pour de nombreuses personnes de lancer une initiative telle qu’une «mutuelle de fraudeurs» comme il en existe dans de nombreuses villes ? Si Vitalis veut moins de fraudes, elle n’a qu’à baisser les prix des abonnements à l’année. Ces derniers ont, par exemple pour les jeunes, augmentés, les conditions d’accès à un abonnement à un prix raisonnable pour les chômeurs et précaires se sont durcies. Alors que la direction de Vitalis ne s’étonne pas de la fraude comme acte de «ne pas payer pour se déplacer», pour vivre tout simplement.
[1] Veolia-Transports/ Poitou-Charentes [2] Transports Publics « La sécurité avant tout », 7 à Poitiers [3] http://souriez.info/ [4]Les bus du Val-d’Yerres équipés de caméras, le parisien [5] Article/ Eclairage : Comment Vinci prépare le plus grand chantier d’Europe, Le moniteur des travaux publics et des bâtiments, 24/06/2011 [6] « Droit de retrait » voir site http://www.legifrance.gouv.fr/ [7] Tract du syndicat SUD : http://www.npa86.org/IMG/pdf/SUD_VITALIS.pdf [8] Pourquoi les bus Vitalis ne sont-ils pas gratuits?, Nouvelle République, du 30/11/09
Mettre les B.H.N.S, H.S.
Les Bus à Haut Niveau de Service devraient être mis en place d’ici quelques années au sein du « Grand Poitiers », le projet regroupant 3 lignes à haut niveau de service avoisinerait les quelques 300 millions d’euros ( mise en place de la voierie, des infrastructures, achats des bus haut de gamme…). Un investissement économique lourd pour l’agglomération poitevine, mais qui ne sera pas sans bénéfices sur son économie. C’est en effet un projet à long terme s’inscrivant pleinement dans le plan urbain de « Grand Poitiers » et de son « Coeur d’Agglo » si cher à notre bon Maire. La ville Bonhomme et son agglomération étant dans un processus de métropolisation, où la mobilité, l’accessibilité sont de rigueur; les BHNS agrémentent entièrement ce dessein.
Les Bus à Haut Niveau de Service font partie des TCSP (les Transports en Commun en Site Propre), on les retrouvent aux cotés des métros et autres tramways. Ces TCSP sont déjà en place depuis plusieurs années dans les grandes villes de France, mais les nouvelles « grandes agglomérations » françaises en vue de métropolisation et en concurrence entre elles considèrentces moyens de transports comme un atout indéniable dans leur restructuration urbaine. Il n’est donc pas étonnant de voir afficher dans « Poitiers Magazine » d’Octobre 2009 au sein d’un dossier consacré aux déplacements. Malgré cette compétition, les différents projets de BHNS et plus globalement de TCSP, s’inscrivent dans un processus global et commun à l’ensemble des différentes « grandes villes » ou autres « grandes agglomérations », une mobilité rapide et régulière, un accès facile et sans encombres à différents pôles de commerces et autres lieux deconsommation, ou bien encore à divers centres de divertissement où la « Culture » y sera dispensé sans vergogne. A Poitiers ces BHNS s’entrecroiseront en centre ville, draguant les quartiers et autres communes résidentielles de l’agglomération Poitevine, cherchant bien sûr à attirer une population ayant délaissé ce dernier en faveur de différents grands centre commerciaux de la périphérie, facilitant son accès aux touristes…Vitalis sera bien sûr bénéficiaires de ce projet, complétant son parc avec des bus haut de gamme, permettant à l’entreprise d’augmenter ses tarifs, de renforcer les contrôles (d’autant plus facile par la création de 1 ou 2 pôle/ parcobus où quasi l’ensemble des bus passent), de concurrencer d’autres réseaux de transports français.Ne nous laissons pas leurrer par cette « accessibilité » pour les quartiers populaires, ainsi que par la « modernité verte », vendu à coups de pseudo « développement durable » et autre « zone verte » et « site propre ». Ces Bus à Haut Niveau de Service ; tout comme la LGV Poitiers/ Limoges, la LGV SEA, constituant « l’étoile ferroviaire Poitevine » ; s’inscrivent dans une société où l’accessibilité, la mobilité, la rapidité, les échanges commerciaux, le consumérisme sont de mise.
Ascorbic acid and acetaminophen might baclofen 10mg enhance plasma ethinyl estradiol degrees, potentially by inhibition of conjugation.
|