Le Grand Condé, le petit condé et le proc’
Posted: février 15th, 2011 | Author: Epine noire | Filed under: Poitiers | Commentaires fermés sur Le Grand Condé, le petit condé et le proc’Un conte pour électeurs.
Nous l’avons constaté, notre bon préfet, ex militant jeune gaulliste de l’UJP (ce qui lui donna l’occasion de copiner avec le tout jeune Sarkozy) est un homme d’ordre, du genre « passe la BAC d’abord on discutera ensuite ». C’est aussi un menteur : le 24 octobre 2009 il affirmait à la Nounou que des « instruments provenant de manifestants violents avaient été saisis » au 23. Or le procès verbal signé par la police a signalé qu’aucun objet n’avait été retrouvé à l’intérieur du bâtiment.
Mais on sait moins qu’avant de s’impliquer dans la vie poitevine, Bernard Tomasini fut préfet du Val de Marne et à ce titre a géré l’affaire dite des « squatters de Cachan », en 2006.
Responsable direct de la brutalité avec laquelle furent traitées à plusieurs reprises ces familles qui durent attendre trois années pour être relogées, on se souviendra de la manière dont nanar fut « piégé » au téléphone (pour le magazine Hyperlink) par l’imitateur Gérald Dahan qui se faisait passer pour… Gérard de Villiers. En si bonne compagnie notre grand condé s’est lâché : Il ne voyait dans les oppositions à son action qu’un complot communiste et surtout affirmait qu’« en réalité, les squatteurs veulent reconstituer un village africain en plein Paris ! » Bingo, ça valait les anciennes « odeurs » de Chirac et le récent « colonialisme musulman » de Marine La Pen.
Un village africain en plein Paris, rendez-vous compte, ça vaut une horde de barbaresque dans notre bonhomme centre ville un samedi d’octobre 2009 !
Il faut dire que les centre-ville ça travaille dur édiles et argousins de tous niveaux et de toutes les couleurs politiques. A côté du Grand Condé avec ses états de services évoqués ci-dessus il y a Pierre Sennes. C’est le proc près du gueuloir de grande instance (Le Dab de la Cigogne comme l’écrivait Balzac) nommé à Poitiers le 30 mars 2009 qui est, lui aussi, un spécialiste : il fut l’un des artisans de la mise en place des conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance qui « attribue clairement la responsabilité du pilotage de la prévention administrative, d’une part, au préfet pour l’échelon départemental, d’autre part, au maire à l’échelon local. » Bref un véritable expérimentateur qui fut il n’y a pas si longtemps, traité de « Papon » par un « gâs qu’a mal tourné » mais qui avait quand même quelques connaissances élémentaire de l’histoire de notre république. « Le procureur est un salaud, un Papon ! », gueula-t-il. Le rapprochement ne plut pas aux huiles. Pourtant Papon siégea sur les mêmes bancs et au même gouvernement que le papa du Grand Condé du Poitou. Y aurait-il là dessous un vieux règlement de compte œdipien ? René Tomasini, le père aurait-il été lui aussi un salaud comme son pote ? certainement pas, il ne fut que secrétaire général de l’UDR et parrain politique de Charles Pasqua : un brevet de respectabilité !
La loi sur les conseils locaux de sécurité (2007) de notre proc’ est claire : elle « institue le maire, au plan local, comme “pilote” de la prévention de la délinquance et conforte ainsi sa légitimité vis-à-vis des autres acteurs institutionnels. » Cela nous mène tout droit à la troisième tête de notre monstre tricéphale, le petit condé de Poitiers, nout’bon maire.
Son boulot à lui c’est cœur d’agglo (voir article par ailleurs) : organiser un centre ville bourgeois et moyen bourgeois bien desservi par Vitalis pour le plus grand bien de la consommation et repousser ou maintenir les pauvres hors la cité mal desservie par le même Vitalis. D’un côté un centre ville propre, net, sans mendiants ni gauchistes, des jeunes, certes, mais étudiants et propres sur eux avec carte de l’Unef ou de la MJS, une culture aseptisée. De l’autre des cités circonscrites, surveillées, animées socioculturellement, à qui ont fera quelques fleurs du genre proposé par madame Franco présidente du comité de quartier Saint Eloi : « Mes projets de marché hebdomadaire et de balade jusqu’à la forêt de Moulière vont finir par aboutir. Je pense également lancer un concours de balcons fleuris, et instaurer un compostage collectif. J’aimerais aussi que des tables en béton avec des trames de jeux de société soient installées près du bassin d’orage. ». Avec ça tout ira mieux ! En attendant le conseiller municipal en charge de la prévention de la délinquance et de la tranquillité publique, le sous-condé Bonneton réclame une présence policière accrue dans le quartier, on n’est jamais trop prudent !
Tout remodelage urbain s’accompagne d’une politique des transports. L’occasion pour instaurer leur gratuité ? Pas pour le bonhomme Claeys qui représente la version de gauche de la trilogie sécuritaire expérimentale poitevine (TSEP). il veut pas de la gratuité… ça ne serait pas égalitaire estime-t-il. Comme l’a fait remarquer Maryse Desbourdes, alors, l’école « gratuite » n’est pas non plus égalitaire ! Rien à voir rétorque l’édile en chef. Bon, on pourrait le comprendre : faire payer le bourgeois qui va ou vient du centre ville pour permettre aux chômeurs des cités de venir s’éclater à la FNAC ou à ND la Grande. Pourquoi pas ? Mais ce n’est pas ça, c’est faire payer tout le monde, ceux pour qui un billet de bus ne représente rien et ceux pour qui c’est un frein à la libre circulation.
L’argument égalitaire est de pure démagogie car si il voulait faire payer plus aux plus riches pour ne pas se priver des 5 millions d’euros que coûteraient la gratuité il faudrait que ce noble geste s’applique partout ! Ainsi, les 10 millions d’euros de subventions aux voyous de Ryanair (10 millions en 10 ans, 770 000 euros cette année comme l’an dernier) champions du monde de la dérèglementation à qui ça sert ? (trois destinations : Barcelone, Londres et Edimbourg). Aux pauvres qui prennent l’avion ? Aux promoteurs du tout tourisme qui se frottent les pinces à chaque hausse de l’immobilier… et rachètent des immeubles en centre ville ? Le syndicat mixte qui gère l’aéroport avait timidement demandé une diminution de cette contribution. Le pdg lui a cloué le bec vertement : « Ryanair est un transporteur qui cherche à réduire les coûts pour ses passagers, pas une entreprise de charité fondée pour le plus grand bien des aéroports. » Qui en doutait ?
Il y a des gens plus égaux que d’autres.
Autre exemple les 19 millions accordés pour la ligne LGV Poitiers-Limoges que les modestes riverains refusent, alors que l’on étrangle ou supprime les petites lignes (que les modestes riverains réclament) c’est pas un cadeau pour les cadres et les hommes d’affaire qui circulent toutes les semaines en TGV ? Un cadeau pour le BTP qui utilise des travailleurs clandestins au noir, sous payés ?
Et les Feuillants ? belle opération égalitaire. Un rachat au diocèse de Poitiers qui coûte trois millions d’euros (il fut un temps ou les républicains saisissaient purement et simplement les biens de l’Eglise, mais c’était il y a longtemps). Précisons quand même que si ces saints vieux murs (1) tiennent encore debout c’est grâce aux fonds publics que l’Etat refile à hauteur de 10 % des frais à la curaille pour entretenir ce coin de paradis. Et tout ça pour quoi ? Pour offrir un gueuloir neuf et rutilant aux Pierre Sennes et à ses successeur, pour mieux punir les pauvres, mieux défendre la propriété, le travail et la patrie. Et c’est vrai qu’avec la mise en œuvre de Loppsi il va y avoir du boulot.
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(1) Fondé par les jésuites. Anecdote, suite à la défaite de 1870 c’est là que fut prononcé le vœux de construire le sacré cœur à Paris pour expier les péchés qui furent à l’origine de la défaite… et qui conduisirent à l’ « horrible » commune de Paris.C’est sur le « sang des copains » que s’érigera la basilique conçue par un esprit tordu dans ce bagne clérical d’enfants.
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