De l’économie de la connaissance (ou de l’immatérialité) à Poitiers

Posted: janvier 21st, 2012 | Author: | Filed under: (anti-)industrie, technologies, Éducation - partage des savoirs, élites, patrons & gouvernants, Poitiers | 1 Comment »

«C’est la vie la concurrence. Je vais même vous dire mieux, moi, j’ai la concurrence qui coule dans mes veines.»
Nicolas Sarkozy, au JT 20h de TF1 le 4/09/05

«Les individus ne constituent une classe que pour autant qu’ils ont à soutenir une lutte commune contre une autre
classe ; pour le reste ils s’affrontent dans la concurrence.»
Karl Marx, L’idéologie allemande.

La concurrence c’est la guerre, le profit c’est le butin

Le capitalisme, de part son fonctionnement propre a besoin de conquêtes d’espaces (ce qu’il appelle « marché ») divers et variés pour perpétuer les profits engrangés par quelques uns. Sans rentrer dans l’explication marxiste des phases du capitalisme et ses contradictions internes, chacun peut constater qu’aujourd’hui, le capital a besoin (du moins dans les pays dits développés) de moins de bras pour produire des biens. De plus, le capital s’est en grande partie financiarisé et dématérialisé à l’image des paradis fiscaux ou des spéculations boursières. L’ère de l’industrialisation est révolue au grand dam des productivistes (cf. discours sur le ré-industrialisation du territoire).Les communautés de vie ouvrière et/ou prolétarienne se sont disloquées face à l’offensive du capital et de sa bourgeoisie.
Cette offensive libérale capitaliste est basée sur un principe de base, plus précisément une idée-force qu’est la concurrence entre les travailleurs, au sein même ,et entre, les communautés de vie : c’est, d’après la doxa libérale, un des gage pour le « progrès » humain. Ce qu’il faut comprendre par : c’est comme cela que les décideurs et capitalistes vont se faire des sous ! Alors tant bien que mal on masque ce mot avec d’autres : compétition, émulation… Ce principe de concurrence, on nous l’apprend de l’enfance (écoles, activités sportives ou musicales etc..) à l’âge adulte : il faut être le premier.
Il régit un grand nombre d’activités économiques et sociales aujourd’hui. Etre le premier à produire en masse et à moindre coût n’est pas quelque chose de nouveau pour les tenants du capital (on l’a bien vu avec le taylorisme). C’est la base même de la guerre économique que [se] mènent les patrons à travers le monde.

Poitiers dans la stratégie de Lisbonne

Ainsi, des efforts sont effectués pour capter, concentrer, mobiliser ; toutes les forces productives en présence, comme dirait Marx. Dans une ville comme Poitiers (et son agglomération) qui a un bassin industriel peu conséquent contrairement au secteur tertiaire : les plus grands employeurs dans l’agglomération sont ceux de la fonction publique (Hôpital / Université..) et les activités du tertiaire (tissu associatif et culturel fort, services, commerce, transports…). C’est avec cette réalité économique et sociale que la ville de Poitiers avec son projet Coeur d’Agglo tente de s’inscrire. En réalité c’est une stratégie qui a eu lieu il y a bientôt plus de dix ans (en 2000, en pleine bulle d’Internet et du mythe de la « Nouvelle Economie ») et qui s’est mise en place au niveau européen : c’est ce que le les technocrates européens ont appelé la stratégie de Lisbonne.
En quoi consistait cette stratégie ? C’était, selon les dires du Conseil Européen, de faire de l’Union Européenne, « l’économie de la connaissance [1] la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale ».[2]
Force est de constater que ce fut partiellement un échec (surtout en matière de création d’emplois…certains s’en plaindront pas..). D’ailleurs, dès 2005, certains Etats membres vont faire marche arrière en considérant qu’il y a très peu de perspectives communes étant donné les décalages des mises en application de cette stratégie entre les dits Etats membres. En somme chacun pour sa peau et puis, ce sont les multinationales qui décident, mécontentes du vote des français et hollandais contre le projet de la constitution de la « concurrence libre et non faussée ».

Néanmoins, des politiques volontaristes, de soutien aux industries de pointes par exemple, ont été effectués dans ce sens (où l’on a vu plusieurs multinationales profiter des deniers publics de collectivités pour pouvoir s’implanter ou même être exonérées d’impôts). Mais c’est aussi et surtout une vague de privatisation et marchandisation (engagée par les socialistes..) tous azimuts des services qui s’est abattue sur de nombreux pays dans des secteurs qui tant bien que mal étaient sous le regard public (gaz,  électricité, éducation, poste, télécoms transports etc..). Et, il y a eu un des axe majeur qui a été le soutien aux industries ayant un besoin de connaissances pour la recherche fondamentale et/ou appliquée afin de la mettre en valeur. Sur le credo schumpetérien que toute innovation apporte le bonheur aux être humains, on a mis en place de pôles de compétitivité ou d’excellence (par exemple le Biopole sur le Campus universitaire). De plus, à ce propos la Région Poitou-Charentes souhaite devenir une région moteur de la recherche-développement dans ce qu’on appelle énergie « verte ». On voit bien la supercherie, sous la couche de peinture verte, c’est toujours le capital qui exhorte à sauver (sic) à sauver la planète, avec ses industries « vertes », voitures « vertes », extension et concentration de plus en plus grande de supermarchés biologiques qui coexistent avec la centrale nucléaire de Civaux : c’est le « greenwashing ». [3]
Faire de Poitiers une ville de cadres dynamiques, entendre par là, utiles à l’agglomération. Et Poitiers est comme de nombreuses villes un cas : une ville « formant » énormément de jeunes ou moins jeunes (Université, Ecoles de commerces et d’ingénierie, formations annexes au sein du programme GRUNDVTIG, CNED, etc.) qui ont, de plus en plus recours aux nouvelles technologies de l’information et de communication (télécommunications, logiciels, informatique, Internet…etc.) contribuant donc à diffuser des savoirs et de la connaissance. Toutefois, un grand nombre de poitevins doivent quitter la région car il y a très peu de débouchés. Ainsi, c’est une manne de savoirs et de connaissances échappent à la ville. Pour y remédier, la stratégie propose de miser sur la commercialisation de ces savoirs et ces connaissances.

Luttes contre « l‘utilité » et le processus de « raréfaction des savoirs »

Il n’y a pas de hasard dans la politique globale de la ville de Poitiers entre les pôles de compétitivité axés autour d’une spécialisation dans les industries des connaissances et le Projet de Coeur d’agglo, il a y continuité, résonance même. Lisser la ville et ses habitants et ce, dès les bancs de l’école. On l’a récemment vu à chaque mouvement dans les lycées ou bien dans les universités (contre la LRU et la réforme de la « mastérisation »). Mouvements opposés (mais pas seulement) au processus de Bologne, qui sous couvert d’ouverture de « l’espace universitaire européen » applique une politique basée sur l’utilité et la  non-utilité des individus et des connaissances.
Ces luttes étudiantes ont mis en lumière le fait que le monde qui leur est destiné est celui qui fait la distinction entre la connaissance reconnue et celle non reconnue par les marchés (on pourrait aller plus loin en disant culture dominante contre culture populaire). Grosso modo, ce qui se joue c’est l’avenir d’un monde qui considère ce qui est bon ou pas à comprendre, à saisir pour ces futures générations et qui est prêt donc à raréfier des connaissances et des savoirs qui échappent de fait à une emprise totale du capital. C’est aussi une critique contre toute notion de capital humain, contre une vision utilitariste et asservissante des connaissances par les puissants, contre une éducation de marché. Contre un système scolaire qui oppose sciences humaines et sciences dures. A cet égard ça n’est pas anodin que ce soit les filières de sciences humaines qui soient en pointe des agitations universitaires. Pas anodin non plus qu’il y ait de plus en plus de lycéens ou mêmes d’étudiants dans des filières scientifiques : ce monde est forgé pour eux. Il suffit qu’un imprimeur et son fils balancent un exercice du Bac S sur un forum sur Internet pour qu’il y ait «affaire d’Etat» – des parents d’élèves paniquent, un ministre d’Etat s’explique et le Tribunal Administratif saisi. Panique tellement bourgeoise qu’elle a été sans pitié avec celles et ceux qui ont refusé de plancher pour leur BTS !
Pour eux, pas d’aménagement, ils vont plancher Monsieur !

[1]Rapport sur http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http://ec.europa.eu/growthandjobs/pdf/kok_report_fr.pdf
[2]Quelques personnes se sont penchés sur cet aspect immatériel du capital. On peut noter quelques théoriciens -proche
du philosophe italien Antonio Negri- de la revue Multitudes, appelé cela capitalisme cognitif . http://multitudes.samizdat.
net/ )
[3] Voir article du Monde Diplomatique Aout 2011 , « Dans le laboratoire de l’écolo-bourgeoisie »


De Fukushima à Valognes

Posted: janvier 21st, 2012 | Author: | Filed under: Alentours, Ecologie - nucléaire - alternatives, Environnement et écologie | 10 Comments »

Avec la catastrophe de Fukushima, il a sauté aux yeux qu’après des années d’enlisement électoraliste et de mainmise bureaucratique et politicienne d’une bonne partie du mouvement antinucléaire ce dernier n’était plus en mesure de répondre à l’arrogance et à la désinformation des lobbies du nucléaire. L’exigence d’arrêt immédiat s’est vu opposer des scénarios de décision immédiate d’arrêt dans dix, vingt, trente ou quarante ans ayant comme seul point commun de vouloir sauver par tous les moyens le système économique et social qui est précisément à l’origine du développement du nucléaire. Autrement dit, arrêter le nucléaire, oui, mais en sauvant ceux qui ont tant investi dedans et à qui il faut laisser le temps d’engranger les bénéfices prévus et de se reconvertir, tels de bons capitaines d’industrie. Les récentes palinodies qui ont parsemé les tractations entre le PS et EELV ne sont que la lamentable illustration et l’aboutissement d’une longue suite de renoncements, ainsi de la montée d’apparatchiks aux dents qui rayent le plancher et dont l’unique souci est de bénéficier de places électives.

Le 15 octobre dernier, dans plusieurs villes de France, se déroulèrent des manifestations qui, pour la plupart, réunirent peu de personnes. Sauf à Rennes, où 20 000 manifestants crièrent leur détermination à en finir avec le nucléaire. Le succès rennais  était dû à la proximité de plusieurs luttes régionales (aéroport de Notre-Dame-des-Landes, lignes THT…), à une « tradition » de luttes antinucléaires fortes en Bretagne, mais aussi au fait que le collectif qui organisait le rendez-vous n’était pas structuré seulement par les écolos de gouvernement ou par le réseau Sortir du nucléaire bureaucratisé, mais aussi par une forte présence de collectifs autonomes, de dissidents de ce réseau et de libertaires. Les 2 000 personnes qui se sont regroupés au sein de la manifestation en un cortège anticapitaliste pour l’arrêt immédiat du nucléaire ont démontré qu’il était peut-être en train de se passer quelque chose, d’autant que s’est griffée immédiatement après l’initiative du camp de Valognes pour bloquer le train de déchets nucléaires en marche vers l’Allemagne. Le succès de l’appel a été immédiat, et de nombreux collectifs et individus se sont sentis concernés. L’appel affirmait avec force quelques évidences : « La nécessité de nous opposer au nucléaire ne signifie pas qu’il faille lui opposer les “énergies alternatives”, sous peine de nous retrouver aux côtés des nouvelles mafias industrielles qui exproprient les paysans des Pouilles et bientôt du Maghreb pour y construire leurs absurdes centrales solaires, et pour finir aux côtés du CEA devenu entre-temps Commissariat aux Energies Alternatives. La ligne de partage n’est pas entre le nucléaire et les énergies alternatives, mais entre une production d’énergie centralisée, commerciale et gérée par en haut, et une production décentralisée, contrôlée localement et renouvelable ; une production en contact direct avec les besoins qu’elle doit satisfaire… » ; « L’hypothèse qu’il suffirait de “faire de l’information” et de faire pression sur les élus, qui ne seraient pas assez au fait de la menace nucléaire, a été battue en brèche par Fukushima : tout le monde sait désormais. Des sondages veulent bien admettre que 60 % de la population française ne veut plus du nucléaire, et pourtant rien ne change. C’est donc que le problème nucléaire en France n’est pas une question technique d’argumentation rationnelle et de transparence de l’information, mais une question politique de rapport de forces. »
Restait à renforcer l’idée que tenter de bloquer le train et organiser un camp pendant trois jours ne consistait pas à faire un coup d’éclat médiatique et spectaculaire, mais à commencer à mettre en place des perspectives avec l’objectif de reconstruire un mouvement. Et finalement, on peut affirmer que ce fut un succès. Plus de 500 personnes participant à la fois à l’autogestion du camp, aux assemblées générales, au blocage, une participation souvent élargie à des locaux et souvent composée de représentants d’autres luttes (No Tav, Bure, NDDL), en pleine semaine fin novembre dans le Cotentin, cela vaut largement le même nombre à Toulouse ou à Bordeaux un week-end, en plein soleil, dans une manif plan-plan adoubée par le réseau pour un avenir (lointain) sans nucléaire ou par les Verts !
Les tentatives pour dénigrer l’initiative ne manquèrent pourtant pas. Greenpeace et les Verts, qui avaient soutenu officiellement le projet au début (ils ne pouvaient faire autrement !), convoquèrent en définitive à un rassemblement « pacifique » (squelettique, 80 personnes !) loin du camp, histoire de se dissocier d’un « rassemblement d’anarchistes voulant le désordre » ; parallèlement, ils se sont répandus en circulaires internes destinées à leurs contacts pour les dissuader de se mêler aux actions prévues. Belle façon de soutenir ! D’un côté, si tout se passe bien, on récupère des voix ; de l’autre, s’il y a des incidents, on évite d’en perdre.

Il s’agissait, à Valognes, de montrer qu’il était possible de s’approprier un lieu et une lutte, d’y pratiquer une action directe collective rompant avec celles de petits groupes de spécialistes non-violents, comme Greenpeace souhaite en avoir le monopole. Il s’agissait enfin de clairement dénoncer la société qui fabrique le nucléaire et d’en expliciter les raisons. La lutte antinucléaire sera de moins en moins spécifique, et elle ne devra être qu’une composante d’un vaste mouvement de sape contre l’ordre capitaliste qui nous domine sur tous les terrains.


A propos du Squat « Le Con » courant juin à Poitiers

Posted: janvier 17th, 2012 | Author: | Filed under: Expulsion, femmes, homosexualités, genres, Logement/squat, Poitiers | Commentaires fermés sur A propos du Squat « Le Con » courant juin à Poitiers

« Nous, occupants de l’immeuble situé au 89 de la rue des Feuillants depuis près de deux semaines, avons ouvert ce lieu au public le 15 juin après avoir prévenu le voisinage de notre présence.
Notre démarche est politique. Nous entendons faire de cette habitation un lieu d’échange et de rencontres : repas de quartier, friperie, expressions diverses… Nous vous invitons à venir participer à différents débats ainsi qu’à proposer des sujets de discussion. Nous souhaitons nous organiser sur l’initiative de chacun et chacune afin de nous réapproprier, à notre mesure, la ville, le temps et l’espace. A très bientôt ! »

(communiqué d’ouverture des squatteur-euse-s du « con »)

Un groupe d’individuEs considéré comme proche de « la mouvance anarchiste » -selon les merdias poitevins-, a ouvert une maison à Poitiers à partir de la mi-juin. L’occupation du lieu a été plutôt courte ; en effet après plusieurs tentatives d’intimidation de la part de la police, de Logiparc (bailleur sociale propriétaire des murs de cette maison) [1] , de mensonges à répétitions dans la presse locale [2], d’une décision d’expulsion délivré extrêmement rapidement ; la joyeuse bande d’occupantEs à quitter les lieux dans la nuit du 23 au 24juin. Bien sûr la police (en nombre) est intervenue à environ 3h du matin durant le déménagement, en s’introduisant dans la maison sans huissier de justice, l’ensemble des personnes présentes ont réussit à faire pression et à sortir sans qu’une seule identité n’est pu être récupérer par les pandores.[3]
Ce lieu a permis de rencontrer des voisins, d’organiser des bouffes collectives, une projection, et des débats. Mais surtout elle a permis à un grand nombre de personnes  de se rencontrer et à se connaitre ; créant une dynamique et des envies que ni les flics ni la presse et autres juges ne pourront enrayer. Nous prenons bonne note que ni la mairie, ni la police et autres personnalités influentes poitevines ne nous laisserons ouvrir un lieu [4], face à la restructuration urbaine poitevine nous continuerons les hostilités à leur encontre.
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Haro sur l’alcoolisme étudiant… (Et pas seulement)

Posted: janvier 17th, 2012 | Author: | Filed under: contrôle social, corps, santé, Poitiers | 1 Comment »

« Si tu donnes du vin à boire à la Montagne,
Elle danse. Vraiment la vigne est sans défaut.
Je ne regrette pas de l’avoir pour compagne :
Comment avoir sans vin, l’éducation qu’il faut ? »
Omar Khayyām .

La même ritournelle des administrateurs : occuper le terrain médiatique sur des thèmes aussi futiles et ressassés en cette période d’un retour en force de l’ordre morale et d’un puritanisme nauséabond. Cette fois-ci c’est la nouvelle rectrice de l’académie de Poitiers Martine Daoust, transfuge de Limoges, qui souhaite s’occuper des jeunes et de leurs penchants pour l’alcool.

Gestion et  contrôle « sanitaire »

Nommée par l’Etat (en conseil des ministres) à la tête de l’académie de Poitiers, Mme Daoust souhaite frapper un grand coup dans les habitudes alcooliques des étudiants de Poitiers en pondant un rapport, pour le compte du ministère de l’éducation supérieur de Valérie Pécresse (Mme LRU) sur les soirées étudiantes et week-end d’intégration [1].
Ce rapport est un cas d’école de doses de rappels par des  sur l’alcoolisme et ses impacts dans la vie  des individus et de leur communauté ; des moyens pour y remédier. On retrouve des termes comme « cadre », « contrôle », « dispositifs », « gestion de l’ivresse ».Ou bien encore pour ne pas paraître trop infantilisant «  prévention », « sensibilisation ».
Ce rapport qui est un tremplin pour une éventuelle loi  qui régirait toutes les soirées étudiantes dans des lieux publics! Fort heureusement plusieurs associations et organisations étudiantes ont accueilli avec scepticisme ce rapport comme projet de loi.

Poitiers, cible idéale pour l’infantilisation

Mme Pécresse a décidé de s’attaquer à un domaine où les jeunes avaient encore une assez grande marge de manœuvre d’autonomie dedans ou en dehors de cadres institutionnels ou non : organiser des soirées pour être avec des ami.es, susciter des rencontres, boire comme bon leur semble. Que ce rapport soit rédigé par la rectrice de l’académie de Poitiers a un sens assez particulier. Ville étudiante par excellence, Poitiers est un terrain parfait : l’esprit rabelaisien de la grosse cuite et de la rencontre fortuite du jeudi soir ou du week-end y sont prédominants.
Ce qui montre à quel point ce rapport est, en plus d’un retour en force de l’ordre moral (ne bois pas de l’alcool sinon la goule te guette !) d’une campagne hypocrite, car il existe déjà des cadres juridiques qui gèrent la vie nocturne, des associations qui font de la prévention ou  d’aide des victimes de manœuvres dégradantes et autoritaires des bizutages etc.
Contrairement à ce que pense Mme Daoust (spécialiste des phénomènes additifs relatifs à l’alcool et présidente d’honneur de la Société Française d’alcoologie [2]) et/ou au sociologue qui pense qu’il y a un lien entre esprit de compétition capitaliste, anomie sociale et taux d’alcoolisme, les étudiants et autres jeunes savent se prendre en charge… Pas besoin de marquer encore une fois le caractère biopolitique des dispositifs de contrôle en matière de santé publique qui généralement s’exercent sur les classes populaires (comme ce fut le cas au XIXème siècle contre « l’alcoolisme ouvrier » à Paris).

« Tuer  le monde de la nuit Pictave »

Ce qui se joue, c’est bien plus que la gestion de l’alcoolisme chez les étudiants, mais du monde de la nuit à Poitiers. Déjà, les professionnels s’étaient inquiétés du nombre de fermetures administratives de leurs bars ou boites (il y avait même eu un débat au Confort Moderne entre quelques professionnels et sociologues sur l’avenir des nuits poitevines).

Derrière cette prétention de protéger les étudiants, les autres catégories sociales sont également visées.
A bien y regarder, c’est d’une certaine cohérence : fermer des bars sous des prétextes douteux, pondre des rapports pour obliger les étudiants et autres jeunes de déclarer une fête en préfecture comme pour aller déposer une manif’, l’arrivée de ces nouveaux keufs appelés « patrouilleurs », rénovation urbaine (embourgeoisement) du centre-ville.
Tout doit être sous contrôle : tous les lieux, des places ou les moments où des groupes, des collectifs émergent ou se retrouvent.

Cache-misère pour Mme Daoust

C’est vrai que si elle a été nommée en conseil des ministres, Martine Daoust n’a pas été élue par le Conseil d’administration pour enrayer la politique des suppressions de postes dans l’éducation dans la région. Sans Broncher, elle est l’instigatrice de quelques centaines suppressions de postes dans le premier ou second degré et aussi de la prolifération d’emplois précaires [3].

[1] Rapport disponible en ligne.
http://media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/2011/56/8/Rapport_Daoust_169568.pdf

[2] SFA
http://www.sfalcoologie.asso.fr/page.php?choix=A1

[3] Ouste Daoust
http://www.rezocitoyen.org/ouste-daoust.html


De la repression à Poitiers… en 2011…

Posted: janvier 17th, 2012 | Author: | Filed under: contrôle social, Poitiers, Police, répression judiciaire, Répression/contrôle social, Violences policières | Commentaires fermés sur De la repression à Poitiers… en 2011…

Dans la ville où la bonhomie et les lieux policés ne sont que façades, les arrestations, les procès, les incarcérations sont toujours de mises.  Depuis le dernier numéro, plusieurs copains ou copines ont encore eu à faire avec la justice et sa police, certaines affaires ne sont pas encore closes, des instructions traînent toujours…Nous dressons donc dans ce numéro un bref récapitulatif des affaires survenues depuis le début de l’année.

Le 27 Janvier, A. passait en procès au TGI de Poitiers pour diffamation envers  JF Papineau et « sa » police ; elle avait était interpellée le 22 Juin 2010 pour avoir collé des affiches comprenant ce texte : “FÊTE DE LA MUSIQUE, tabassage gratuit de la police envers des passants place de la Liberté sous la direction de Papineau. Est-ce normal ?”. Le 21 Juin 2010 6 personnes étaient interpellées violemment par la police, et avaient été accusés d’outrage, de rébellion et de violences sur les kisdés.
Elle est condamnée à 500 euros d’amende avec sursis, à 500 euros de dommages et intérêts à JF Papineau et à lui verser 600 euros pour ses frais d’avocats.

Dans la nuit du 5 ou 6 Janvier 2011, C. est invité à sortir d’une soirée par les flics, il sort : il est alors interpellé pour ivresse sur la voie publique, menotté puis inculpé d’outrage et de rébellion. Il est convoqué le 18 Février au TGI de Poitiers, il est condamné à 3 mois de prison ferme. Notons que le procureur réclamé 70 jours/amende, mais  le juge connaissant C. pour l’affaire dite du «  21 juin 2010 » (et ayant déjà était incarcéré pour cette dite affaire) décide de le renvoyer en taule.
C. fait appel de cette décision de justice, il passe devant la cour d’appel le 24 Juin 2011 et est condamné à 3 mois de prison avec sursis assortis de 180H de TIG.

Gérard, ayant déjà était condamné en 2009 à verser 53000 euros à JC Decaux ainsi qu’a 10 mois de sursis (et ayant déjà fait 2 mois et demi de taule en préventive pour cette affaire). Il est passé, le 16 février, devant la cour d’appel de Poitiers qui a confirmé cette peine.

Le 18 Février, N. était convoqué devant la cour d’appel de Poitiers à la demande de JF Papineau, dans le cadre de l’affaire dite « du 21 Juin 2010 » où N. avait était incarcérée et condamnée à 2 mois de sursis, une amende « solidaire » (que les condamnéEs doivent payées ensemble, et des dommages et intérêts à JF Papineau. Lors du procès en appel le procureur réclame à son encontre 8 mois de prison dont 6 de ferme et l’oblige à indemniser ses victimes (les flics), le tribunal confirme sa peine le 24 mars (2 mois de sursis et 300 euros à verser à JF Papineau).

Le 5 Février, 7 personnes sont interpellées et placées en GAV (des perquiz ont lieux), suite à une manif nocturne (…). Ils sont alors inculpés « de rassemblement illicites en vue de commettre des dégradations ou des violences sur personnes et agents dépositaires de la force publique à l’aide de briquets, de fumigènes, d’engins explosifs et incendiaires… », il s’agit là de la première utilisation de la loi « anticasseurs » sur Poitiers. Ils sont convoqués le 31 Mars au TGI de Poitiers, l’audience y est alors reportée au 12 Mai ; les avocats tentent de jouer sur la rétroactivité de la loi sur les GAV et essayent de faire annuler les contenus des GAV et en particulier des interrogatoires, le rendu est alors fixé au 16 Juin puis est de nouveau reporté au 30 juin. Le contenu des GAV est alors annulé, hormis les perquisitions, autres déclarations de la poukave et les PV des kisdés. L’audience est ensuite fixée au 1er septembre, les prévenus ne se présentant pas, Le procès est à nouveau repoussé au 1er Décembre, et ils ne sont dorénavant plus que deux à devoir se présenter.

Dans la nuit du 13 au 14 mars 2011, trois personnes sont interpellées sur le campus de Poitiers, elles sont placées en GAV ( 2 perquisitions ont été effectués). Les faits qui leur sont reprochés : « destructions et dégradations sur du mobilier urbain (sucettes et abribus JC Decaux) » Elles sont convoquées à une comparution de reconnaissance préalable de culpabilité. Deux sont convoquées le 17 Mars pour la CRPC, mais l’une d’elle la refuse et n’a jamais eu de suites pour le moment, l’autre doit payer une amende de 80 euros. Le dernier quant à lui était convoqué en CRPC le 23 Juin, il l’a refusée et est passé en procès, il écope de 850euros à verser à JC Decaux et de 300 euros d’amende.

Durant le mois de mai un copain a été placé en GAV pour une vidéo publié sur internet intitulée « Poitiers street duel » (la vidéo a depuis été censurée par dailymotion…) ; il s’agissait d’un montage vidéo alternant des samples de films et de journaux télévisés sur fond d’images de la repression locale. Généreusement outragé, notre cher JF Papineau n’a bien sûr pas tarder à porter plainte ainsi que la préfecture pour menaces de mort et menaces d’atteinte à l’intégrité physique. Notre compagnon a aussi été interrogé sur l’Epine Noire, ainsi que sur le site internet «Ni dieu ni maître en Poitou». Nos bons flicards n’ont pas manqué de lui proposé un pti taf rémunéré en échange d’infos sur un certain milieu dont les porcs le considéraient proche ! Il en sortira assez rapidement (8h de GAV et une perquisition plus tard) sans poursuite et sans rémunération.
Le 30 novembre, la police a mené une perquisition dans un appartement de Poitiers, ils ont interpellés J. qui a été placé en GAV pour une dizaine d’heures. Il est mis en examen pour « complicité de menace de mort » et « atteinte à l’intégrité d’un représentant de la force publique »; dans le cadre de l’instruction sur les menaces de mort à l’égard de JF Papineau et en particulier concernant la video… aucune date de procès n’est pour le moment fixé.

Le Samedi 5 Novembre, une cinquantaine de personnes ont occupé une maison à Poitiers, (cf article concernant cette occupation), les flicardEs n’ont pas tardé à pointer leur bout de nez et de tazer. Ils/elles ont interpellées 47 personnes et les ont placés en GAV. 5 ressortent sous contrôle judiciaire et sont bien gentiment conviés à se rendre au tribunal le 8 Décembre pour se défendre de l’accusation de “participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens”, ainsi que pour l’un des mis en examen “usurpation d’identité”.

Certaines affaires ont été volontairement omises par les membres de L’Epine Noire et d’autres à la demande des intéresséEs eux-mêmes. Mais nous affirmons notre solidarité avec ces derniers, dernières.

Dans le numéro précèdent nous avions évoqués des convocations dans le cadre de l’instruction concernant le « 10 octobre 2009 » de Poitiers, nous n’avons pour le moment pas eu vent de nouvelles convocations ou de quelconques mise en examen. L’instruction sur les tags menaçant JF Papineau et d’autres têtes poitevines est toujours en cours. Une nouvelle instruction a d’ailleurs été lancée, suite à un collage d’affiches dans Poitiers comportant ce texte : « Ici, tout le monde sait qui doit être expulsé ! Poitevin-E émeutes toi ! Setbon Tomasini hors de nos vies. » (Tomasini étant le préfet et Setbon son secrétaire général); une plainte doit être prochainement déposé (si ce n’est pas déjà fait), et la flicaille a procédé à des relevés d’empreintes (digitales et génétiques sur les affiches).

Pour plus d’infos concernant ces festivités passées et à venir, consulter le site http://www.antirep86.fr.

NOUS AFFIRMONS NOTRE SOLIDARITE AVEC TOU-TE-S LES INCULPE-E-S, ET TOU-TE-S LES INCARCERE-E-S !


The Patrouilleurs, police partout…

Posted: janvier 17th, 2012 | Author: | Filed under: contrôle, répression, prison, Police | Commentaires fermés sur The Patrouilleurs, police partout…

Ça n’aura échappé à personne, surtout pas aux habitants de Poitiers, Mantes, Nice et Strasbourg : leur ville a fait la une de l’actu avec l’« entrée en action », le 9 mai, des « patrouilleurs » annoncés par le ministre de l’Intérieur Guéant, qui avait annoncé la création de ces unités de police en avril. Pas de temps à perdre, donc : « Il faut lutter contre la délinquance, la criminalité, les faire reculer et créer un climat, une ambiance de sécurité », d’après ses termes. Apparemment, le flot de lois et mesures liberticides diverses de ces dernières années ne leur suffit pas (en faire la liste ici serait superflu). En fait, ça devient un rituel, dès qu’un nouveau larron arrive au ministère de l’Intérieur, il faut qu’il crée son unité spéciale. En réalité, cette pratique existe dans les autres ministères aussi : si un ministre ne sort pas une loi à son nom, il tombe dans l’oubli. Et l’oubli, en « politique », c’est la mort. Pour montrer qu’on est passé au ministère de l’Intérieur, qu’on a servi la France, il faut créer son escadron.
En 2008, Alliot-Marie crée les UTEQ (unités territoriales de quartier) avec leur caractère de proximité comme argument. Le 17 août 2010, Hortefeux sonne le glas des UTEQ. Place désormais aux brigades spécialisées de terrain (BST). Un nom qui claque, fini la plaisanterie. En réalité, ce n’est jamais qu’un coup de com’ de plus, peu après les émeutes à La Villeneuve, à Grenoble. Aujourd’hui, place aux « patrouilleurs » – l’ordre version Guéant. Effet d’annonce une fois de plus. Différence avec la flicaille traditionnelle ? Aucune. Leur mission ? « Observer et écouter, se renseigner, interpeller. »
Mais pourquoi avoir choisi Poitiers ? A vrai dire, la question n’est pas abordée. Mais quand on la pose, la réponse paraît tellement vide de sens que l’on peut juste en conclure que les vraies raisons nous dépassent tous. C’est vrai qu’avec Cœur d’Agglo Poitiers se refait une « beauté ». Une bonne occasion de donner à la ville une actu nationale pour en faire la promotion. La jonction entre urbanisme et police s’opère davantage encore du fait de la répartition par quartiers des effectifs. L’organisation de ces « patrouilleurs » est divisée en deux : « patrouilleurs de circonscription » et « patrouilleurs de secteur ». L’idée est de placer ces patrouilleurs de secteur de préférence sur tel ou tel quartier.
Mais, quelle soit à Poitiers ou ailleurs, la police reste la même. Elle matraque, parfois à mort. La vraie question à se poser concerne le rôle de la police – y compris celle de proximité, vantée par la gauche et que l’actuel gouvernement se défend de faire renaître.
Pourquoi une police de proximité ? Pour notre cher ennemi Papineau, parce qu’il faut « OPTIMISER la visibilité de la police [1]. » La police doit être partout, comme si on ne voyait déjà pas assez de bleus dans les rues de Poitiers (et d’ailleurs). Mais le gouvernement le répète sans cesse, il ne s’agit pas d’une « police de proximité ». Soit, mais même si les patrouilleurs étaient une police de proximité, on n’en voudrait pas non plus. La police de proximité est une police comme les autres. Les flics de proximité sont des rabatteurs d’information ; celles et ceux qui leur répondent rien de plus que des balances en puissance. Voilà comment les choses se passent : aller au contact de la population le jour pour recueillir des informations, pour que la BAC et autres brigades de choc puissent intervenir plus facilement la nuit ; et Papineau d’affirmer : « Dans ce dispositif [les patrouilleurs], l’investigation et la répression ne sont pas délaissées au profit de la prevention [2]. » Une bonne nouvelle pour Papineau donc…

[1] http://www.marianne2.fr/Patrouilleurs-Gueant-sort-des-flics-de-son-chapeau_a205835.html
[2] Cf le torchon gratuit de Poitiers, même bah bon pour allumer votre cheminée hivernale : « 7 à Poitiers » du 11 mai 2011


Communiqué : Chronique de l’arbitraire

Posted: janvier 5th, 2012 | Author: | Filed under: General, médias, internet, censure, Répression/contrôle social | 31 Comments »

Chronique de l’arbitraire *

Quand diffuser de l’information devient potentiellement criminel

Ce mercredi 4 janvier au soir, la police politique de Poitiers était sur les dents. Un  petit nombre de personnes distribuait des tracts ( soutien aux inculpées de Labège [1] ) et un canard local (L’Epine Noire) devant les marches du Théatre-Cinéma de la place d’Armes au Centre-Ville. Pourquoi une distribution à cet endroit? Parce qu’il y avait la  projection du film-documentaire « Tous au Larzac »  avec un débat organisé par les Alternatifs, écologistes et autres. Autant dire qu’il y avait un grand nombre de poitevin-es et des environs qui sont venues pour y assister. L’idée était donc d’informer sur la situation des camarades de Toulouse et de faire connaitre l’Epine Noire… Pas d’entrave à la circulation, pas de papiers par terre (le public était évidemment intéressé par ce que nous distribuions), pas de violence en réunion, pas d’alcool, pas d’armes par destination, que de bonnes intentions.

Nous ne sommes pas rentrés pour la diffusion du film, on aurait peut être dû, vu ce qui s’est passé ensuite. A peine le dernier spectateur entré dans le cinéma, la bac et la police nationale avec pas moins de 6 bagnoles sont venues interpeller 6 personnes dans des rues adjacentes au théatre-Cinéma. Les gardiens de l’ordre ont contrôlé les identités vraiment pour la forme, vu que nos tronches leur sont familières. Puis, ils ont confisqué les journaux ainsi que de simples couteaux. Mais ce n’est pas fini : la police nous amène quand même au commissariat.

Au commissariat, rien de très alléchant, à part peut etre de voir le directeur de la police, Jean-Francois Papineau, et ses collègues avec, entre les mains, l’Epine Noire (c’eût été de belles photos pour le prochain numero). Les 6 personnes embarquées sont sorties, certaines ramenées jusqu’à leur domicile pour  vérification d’adresse. Une personne est sortie avec une convocation au commissariat pour port d’armes, reconvoquée aujourd’hui elle ressort avec un rappel à la loi et ils en ont profité pour prendre ses empreintes et lui tirer le portrait. D’autres personnes, vraisembablement, seront prochainement convoquées pour l’Epine Noire.

La venue du président de la Republique dans la région, aujourd’hui 5 janvier, à l’occasion des  voeux à l’education nationale, est sans doute une des raisons de leur intervention. D’autres suggèrent que c’est la distribution fortuite du canard à un RG qui allait assister au débat sur le Larzac, qui a mit la puce à l’oreille de nos amis les bleus. Les pandores n’auraient-ils pas eu vent d’un article sur le successeur de notre cher Tomasini (P..on), Yves Dassonville qui, après avoir chassé le syndicat (« voyou, disait-il) USTKE en Kanaky entame une nouvelle campagne en terre pictave contre d’autres voyous. Encore un petit effort Dassonville et l’Epine Noire verra croître son audience comme l’USTKE a su résister aux assauts colonialistes.

Cet acte est grave, car il s’agit plus que d’une énième provocation policière pictave à l’encontre de certains individus présumés anarchistes, terroristes, délinquants, voleurs, voyous, et mille autres qualificatifs qui ne sonnent finalement pas plus mal que « PAPON », « baqueux », « educastreur », « parti de l’ordre » ou « serviteur de l’Etat ».
En effet la police a saisi tous les exemplaires de l’ « Epine noire » qui restaient sur chacun d’entre nous. Il s’agit-là d’une atteinte manifeste au droit d’expression et de diffusion d’écrits politiques. Et ça nous ne saurions le tolérer pas plus que le reste. Comme quoi leur démocratie est à géométrie variable…

Bref, en tout cas comme ça l’est souvent rappelé, Poitiers reste une ville où le pouvoir teste le degré de résistance, teste des méthodes relevants de la contre-subversion. C’est une confirmation d’un rapport que la police  entretient avec un certain groupe de personnes supposées appartenir à un mouvement politique qui est particulièrement dans le viseur actuellement à Poitiers et ailleurs.Tout est à surveiller comme du lait sur le feu [2]. C’est une véritable chasse aux sorcières qui est à l’oeuvre , le spectre des lois scélérates n’est pas loin.

Nous invitons toutes celles et ceux, individuellement ou collectivement à donner leur point de vue sur cette question s’ils le souhaitent.

Qu’ils sachent que ces méthodes qui souhaitent mettre à bas toute contestation du pouvoir, du capital et de ses chiens de garde ne nous décourageront pas.
Au contraire cela nous donne encore envie de continuer de nous battre contre ce monde autoritaire et marchand.

 * ça n’est  pas la première fois que les flics confisquent du matériel militant : http://nantes.indymedia.org/article/19652

[1]http://www.antirep86.fr/2011/12/24/deja-cinq-semaines-de-detention-provisoire-pour-les-inculpe-e-s-de-labege/
[2]http://epinenoire.noblogs.org/?p=57

 L’Epine Noire


Livraison web Epine Noire de noël 2011

Posted: décembre 25th, 2011 | Author: | Filed under: General, Poitiers | 1 Comment »

Décembre 2011

Le numéro 0 de ce journal date de février 2011… À ce moment-là, des peuples, de l’autre côté de la Méditerranée, commençaient à ébranler l’ordre établi depuis bien trop longtemps. Cependant, tout est fait pour endiguer les élans d’émancipations populaires et révolutionnaires, depuis la région minière de Gafsa jusqu’à la place Tahrir, au Caire, en passant par la ville Benghazi. Et ce par tous les moyens : par des interventions militaires de puissances occidentales comme la France, ou par les élections qui scellent le mariage entre la domination du capital et de l’islam partidaire.

Cette période de frénésie consumériste aux Cordeliers, pour les fêtes de fin d’année, est marquée par la mainmise des bureaucrates de Bruxelles. Comme le disait Henri Lefebvre, « chaque bureaucratie aménage (s’aménage) son espace. Elle le jalonne, elle le marque. Il y a l’espace fiscal, l’espace administratif, l’espace juridique ».

Fini les séducteurs et le spectacle à la Berlusconi, voici venu le temps de l’austérité des cravates ! Et de deux injonctions : sauver la monnaie européenne et les banques de la crise, et mettre en place des gouvernements d’union nationale comme en Italie ou en Grèce – qui voit l’extrême droite au pouvoir aux côtés de la gauche de gestion. Parallèle sordide mais évocateur : ça rappelle la période de l’«union sacrée» d’avant la première boucherie mondiale, qui sonna le glas des luttes contre le capital pour un long moment. C’est, en quelque sorte une version moderne du sabre et du goupillon : la Police et l’Économie.
L’alliance de classes demandée par la bourgeoisie est remise en cause chaque jour – par exemple par les prolétaires chinois ; ou ici même, en Poitou-Charentes, par des salariés lorsqu’ils et elles voient des usines fermer, des emplois être supprimés (comme à Aubade, New Fabris, Valeo, à la Snecma ou aux Fonderies du Poitou).
Encore une fois seront évoqués et décortiqués ici les processus et dispositifs répressifs mis en œuvre contre toute tentative pour ne pas se résigner à cet ordre capitaliste et marchand qui n’hésite pas à parer de vert ses villes pour masquer la réalité de sa logique : le profit.

Noël ne sera pas, pour nous, placé sous le signe de la fête, mais pas non plus sous celui de la défaite. Que ce soit par rapport aux projets de rénovation urbaine « Cœur d’agglo » – au centre des stratégies du groupe Vinci – et de construction de la LGV ; contre l’enfermement ; ou contre le nucléaire, ce colosse de l’énergie mortifère qui induit une société avec une présence accrue de flics dans les rues et les transports publics (voir celle des CRS au marché de Noël à Poitiers).

En passant, une pensée aux inculpé-es de la guerre sociale en cours…

Bref, décidément, s’il était largement temps que sorte ce nouveau numéro, ce ne sera en tout cas jamais trop tard.

A consulter ici :

http://epinenoire.noblogs.org/files/2011/12/EN1.pdf