Haro sur l’alcoolisme étudiant… (Et pas seulement)

Posted: janvier 17th, 2012 | Author: | Filed under: contrôle social, corps, santé, Poitiers | 1 Comment »

« Si tu donnes du vin à boire à la Montagne,
Elle danse. Vraiment la vigne est sans défaut.
Je ne regrette pas de l’avoir pour compagne :
Comment avoir sans vin, l’éducation qu’il faut ? »
Omar Khayyām .

La même ritournelle des administrateurs : occuper le terrain médiatique sur des thèmes aussi futiles et ressassés en cette période d’un retour en force de l’ordre morale et d’un puritanisme nauséabond. Cette fois-ci c’est la nouvelle rectrice de l’académie de Poitiers Martine Daoust, transfuge de Limoges, qui souhaite s’occuper des jeunes et de leurs penchants pour l’alcool.

Gestion et  contrôle « sanitaire »

Nommée par l’Etat (en conseil des ministres) à la tête de l’académie de Poitiers, Mme Daoust souhaite frapper un grand coup dans les habitudes alcooliques des étudiants de Poitiers en pondant un rapport, pour le compte du ministère de l’éducation supérieur de Valérie Pécresse (Mme LRU) sur les soirées étudiantes et week-end d’intégration [1].
Ce rapport est un cas d’école de doses de rappels par des  sur l’alcoolisme et ses impacts dans la vie  des individus et de leur communauté ; des moyens pour y remédier. On retrouve des termes comme « cadre », « contrôle », « dispositifs », « gestion de l’ivresse ».Ou bien encore pour ne pas paraître trop infantilisant «  prévention », « sensibilisation ».
Ce rapport qui est un tremplin pour une éventuelle loi  qui régirait toutes les soirées étudiantes dans des lieux publics! Fort heureusement plusieurs associations et organisations étudiantes ont accueilli avec scepticisme ce rapport comme projet de loi.

Poitiers, cible idéale pour l’infantilisation

Mme Pécresse a décidé de s’attaquer à un domaine où les jeunes avaient encore une assez grande marge de manœuvre d’autonomie dedans ou en dehors de cadres institutionnels ou non : organiser des soirées pour être avec des ami.es, susciter des rencontres, boire comme bon leur semble. Que ce rapport soit rédigé par la rectrice de l’académie de Poitiers a un sens assez particulier. Ville étudiante par excellence, Poitiers est un terrain parfait : l’esprit rabelaisien de la grosse cuite et de la rencontre fortuite du jeudi soir ou du week-end y sont prédominants.
Ce qui montre à quel point ce rapport est, en plus d’un retour en force de l’ordre moral (ne bois pas de l’alcool sinon la goule te guette !) d’une campagne hypocrite, car il existe déjà des cadres juridiques qui gèrent la vie nocturne, des associations qui font de la prévention ou  d’aide des victimes de manœuvres dégradantes et autoritaires des bizutages etc.
Contrairement à ce que pense Mme Daoust (spécialiste des phénomènes additifs relatifs à l’alcool et présidente d’honneur de la Société Française d’alcoologie [2]) et/ou au sociologue qui pense qu’il y a un lien entre esprit de compétition capitaliste, anomie sociale et taux d’alcoolisme, les étudiants et autres jeunes savent se prendre en charge… Pas besoin de marquer encore une fois le caractère biopolitique des dispositifs de contrôle en matière de santé publique qui généralement s’exercent sur les classes populaires (comme ce fut le cas au XIXème siècle contre « l’alcoolisme ouvrier » à Paris).

« Tuer  le monde de la nuit Pictave »

Ce qui se joue, c’est bien plus que la gestion de l’alcoolisme chez les étudiants, mais du monde de la nuit à Poitiers. Déjà, les professionnels s’étaient inquiétés du nombre de fermetures administratives de leurs bars ou boites (il y avait même eu un débat au Confort Moderne entre quelques professionnels et sociologues sur l’avenir des nuits poitevines).

Derrière cette prétention de protéger les étudiants, les autres catégories sociales sont également visées.
A bien y regarder, c’est d’une certaine cohérence : fermer des bars sous des prétextes douteux, pondre des rapports pour obliger les étudiants et autres jeunes de déclarer une fête en préfecture comme pour aller déposer une manif’, l’arrivée de ces nouveaux keufs appelés « patrouilleurs », rénovation urbaine (embourgeoisement) du centre-ville.
Tout doit être sous contrôle : tous les lieux, des places ou les moments où des groupes, des collectifs émergent ou se retrouvent.

Cache-misère pour Mme Daoust

C’est vrai que si elle a été nommée en conseil des ministres, Martine Daoust n’a pas été élue par le Conseil d’administration pour enrayer la politique des suppressions de postes dans l’éducation dans la région. Sans Broncher, elle est l’instigatrice de quelques centaines suppressions de postes dans le premier ou second degré et aussi de la prolifération d’emplois précaires [3].

[1] Rapport disponible en ligne.
http://media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/2011/56/8/Rapport_Daoust_169568.pdf

[2] SFA
http://www.sfalcoologie.asso.fr/page.php?choix=A1

[3] Ouste Daoust
http://www.rezocitoyen.org/ouste-daoust.html


One Comment on “Haro sur l’alcoolisme étudiant… (Et pas seulement)”

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