Une occupation mort-née…

Posted: février 14th, 2011 | Author: | Filed under: Occupation, Poitiers, Retraites, Université | Commentaires fermés sur Une occupation mort-née…

Il est 15 heures ce jeudi… quand une petite cinquantaine de personnes (étudiants, lycéens…, rien du tout) se rassemblent pdm, dans le but d’occuper Malraux (bâtiment de l’univ de Poitiers quasi inoccupé depuis ce début d’année scolaire) ! Certains sont là sachant ce qui va se passer et d’autres non ! Les gens attendent, boivent des bières, se regardent, attendent le lancement de l’occupation ! Cette attente se déroule dans une apathie collective ! La police est là, elle observe et elle aussi attend !
Au bout d’une bonne demi-heure, les gens se lèvent et suivent une ou deux personnes qui ont pris la décision d’y aller et de ne pas continuer à attendre éperdument ! La police suit mais ne cherche pas à intervenir, elle observe et attend et ne bloque pas l’accès au bâtiment.
Une fois à l’intérieur, ces « squateurEUSEs » restent, dans l’ensemble, dans cette apathie ressentie quelques minutes auparavant lors du rassemblement ! CertainEs s’affairent à bloquer les issues de secours et les entrées (permettant ainsi de ne laisser qu’un seul accès au bâtiment), d’autres visitent les salles, les sous-sols… cassent certaines portes fermées par l’administration à la hâte ! Des banderoles sont déployées du toit « Flics hors des facs, fuck les keufs » « La retraite à 20 ans, pour baiser il faut du temps » « Blocage, grève générale » « Lieu occupé » ! Un infokiosk est installé, un free-shop est mis en place!
Enfin une réunion est organisée pour discuter des modalités de l’occupation, et s’organiser (bouffe, blocage…), nous aurions pu espérer que cette discussion apporte une dynamique, une force à cette okupation ; mais il n’en est rien ! Il est décidé de laisser les peu de cours se déroulant au sein du bâtiment, de laisser l’ensemble de l’administration avoir accès au bâtiment (secrétaire, concierge…), de n’offrir aucune résistance à une intervention policière (aucune réflexion sur le fait  de « négocier » avec la police de ne pas être contrôlé,  filmé, pris en photo…) !
Les divergences de positions politiques, qui pouvaient se révéler carrément antagonistes, ont entraîné ces décisions (manque d’envie, sûrement pas la motiv de s’épuiser éperdument) !
En effet certains sont là pour créer un lieu de lutte, de rencontre, de fête, de réflexion… Un lieu vivant et non pas moribond auquel cette occup était condamnée depuis le début, un lieu où des gens (syndicalistes, précaires, chômeurs, lycéens… rien du tout…) auraient pu passer afin de s’organiser, de dépasser les cadres de lutte imposés par « le mouvement » dit des retraites… même si cela aurait sûrement été temporaire, cette okupation aurait pu être intense, insuffler une force, des envies nouvelles à pas mal de personnes !
Tandis que d’autres pensent à faire des ateliers peinture, théâtre… et sûrement pour travailler leurs cours afin de réussir leurs partiels, comme on a pu le voir dans le hall pendant « l’occup » ! Se  « battre » pour des miettes ou pour se donner bonne conscience de gôche tout simplement.
Cette divergence émane réellement d’une question de pratiques et de moyens mis en place dans des perspectives (court terme, long terme…) bien différentes ; c’est pour cela que nous ne pourrons jamais être en accord, et faire un front commun avec une partie « des okupantes » de Malraux !
Bref. Cette réunion tourne en rond et dans un seul sens, certains « commencent » à penser que cette occupation est déjà morte ou l’a toujours été (et ne cherchent réellement plus à s’y « investir ») !
L’arrivée de la délégation de la présidence  déstabilise une bonne partie des occupantEs, la menace de l’arrivée de la police met la pression sur certainEs personnes qui avaient oublié qu’une occupation est une action qui doit se dérouler dans un rapport de forces. Résister à la pression de la présidence et à l’évacuation policière sont des pratiques à concevoir et à établir le plus rapidement possible, et en effet cela n’avait nullement été réfléchi ou préparé ; bloquer solidement l’entrée principale, se réfugier sur le toit lors de l’interv policière aurait pu être des techniques tout à fait concevables et n’entraînant aucun risque judiciaire pour les occupantEs !!
Il est quand même décidé de rester la nuit à Malraux, la bouffe se lance ! Mais à 21 heures la police intervient (environ 8 bagnoles sans compter la caisse des barbouzes garée depuis quatre bonnes heures devant le bâtiment)  =} environ 40 flics, vilci et uniformes, J.-F. Papineau (écharpé en tricolore)…  Ça filme, ça contrôle tout le monde, ça fait tout le tour du bâtiment (grosso merdo)…les sacs et la tambouille sont rendus ; pour ce qui est du freeshop il restera entre les mains des uniformes bleus; mais l’infokiosk a réussi à être sorti assez rapidement lors de l’intervention des keufs !(2, 3 personnes ont tout de même réussi à échapper au contrôle des keufs !).
Les flics sont tranquilles, ils savent qu’ils agissent au sein de l’Université (qu’ils ont affaire en majeure partie à des étudiants), de plus la présidence a dû veiller à ce que l’intervention se passe dans le calme ; en effet, faire intervenir la police au sein de l’université n’est pas chose facile pour une présidence qui cherche et se bat constamment pour soigner l’image de sa fac ; alors; si cela doit provoquer des débordements; ça risque de faire pas mal de vagues dans le milieu universitaire (ou pas) (cf. communiqué de presse sur « l’okup ») !
Petite anecdote, le lendemain de l’expulsion de « l’okup », qui est invité à se rendre à l’inauguration et l’ouverture officielle de l’hôtel Fumé (bâtiment de la fac rénové et réouvert cette année), en compagnie de la présidence de la fac, de Ségo, le maire Cœur d’agglo… ? Notre cher Jean-François Papineau !
Cette okupation n’apporta pas l’effet escompté par certainEs, bien loin de ce que ces derniers/dernières avaient pu vivre deux ans auparavant lors de l’okupation de l’amphi J (bâtiment de la fac) pendant un peu plus de trois mois, pendant le mouvement anti-LRU de 2008. Où un lieu de vie avait réellement vu le jour, où des rencontres et des affinités avaient pu être possibles ! L’époque où le campus avait été tagué, ses pubs éradiquées, le dab détruit… Puis évacué suite à l’interpel de 3 okupants (après un cassage de pubs, incendie de poubelle, violence sur keufs, et bris de vitre d’une banque)… 25 000 euros de dégâts au sein de l’amphi aux frais de l’université ! Cette okupation de 2008/2009, et le fait que la fac de Poitiers soit l’une des premières de France à devenir propriétaire de ses murs à partir de 2011/2012, a sûrement incité la présidence à changer de comportement à l’encontre de tout mouvement étudiant (cf. l’article sur l’évolution du comportement de la présidence) !

Okupons-la, trashons-la ta fac GESSON !


Remarques sur le mouvement contre la réforme des retraites à Poitiers

Posted: février 14th, 2011 | Author: | Filed under: Poitiers, Retraites | Commentaires fermés sur Remarques sur le mouvement contre la réforme des retraites à Poitiers

A établir une litanie d’actions et les mobilisations dans le département de la Vienne (voir chronologie) l’on pourrait croire à un déferlement d’un mouvement de masse prêt à en découdre avec le pouvoir en place. Évidemment la réalité est beaucoup plus complexe. Et ça n’est pas l’intersyndicale départementale, répondant à l’appel des centrales nationales pour battre le pavé, qui dira le contraire.
Les syndicats possèdent encore l’horloge, donc ils imposent le rythme des mobilisations et des manifestations. Celles-ci, comme dans l’hexagone furent dès le départ bien garnies (on avait plus connu ça depuis celles dites «du pouvoir d’achat» en Janvier/Mars 2009 ou celles contre le CPE) avec près de 30.000 personnes. Ces nombreuses personnes sont venues pour montrer leur hostilité à la réforme qui préconise le recul de l’âge de départ. Un ras-le-bol nourri également à cause de l’affaire Woerth-Bettencourt, et de l’attitude de Sarkozy bien évidemment (antisarkozysme quand tu nous tiens…)
Malgré ses velléités d’élargir le mouvement au plus grand nombre possible, l’intersyndicale fut assez fermée à d’autres personnes non-syndiquées, de fait elle fut donc verrouillé par les syndicats institutionnels (CGT, CFDT, FO etc.…) se méfiant comme souvent d’initiatives collectives et/ ou individuels qui naissent en dehors d’elle.

L’on peut tout de même souligner l’attitude du syndicat SUD qui au niveau local a eu la volonté de faire des «choses» en dehors d’une intersyndicale hermétique, en appelant a diverses actions de blocages économiques [1] , ce qui a eu pour conséquence , dans un premier temps de pouvoir agir avec les anarchistes et radicaux dans leur rapport à l’ action directe concrète et dans un second temps d’être l’objet d’un certain regain d’intérêts de nombreux retraités, salariés, chômeurs, précaires jeunes ou moins jeune a rejoindre le cortège de SUD lors des manifestations. SUD a toujours cette position particulièrement ambigüe : présente dans une intersyndicale hostile et en même temps avoir une caution de syndicat combatif en appelant a des actions plus «radicales». Celles-ci n’ont pas perturbé le cours normal de l’économie, car elles furent très souvent très symboliques.

Les manifestations poitevines avaient un caractère assez particulier, dans la mesure ou pas mal de personnes du milieu militant, associatifs se connaissent et se reconnaissent : ce qui donne lieu a une perte de l’anonymat à un « entre soi ». On vient en manif pour croiser son amie que l’on a pas vu depuis des années, son collègue qui a changé de syndicat ou bien les parents d’une personne que l’on peut pas blairer etc. Les manifestations furent très bon enfant, une attitude et une image chère à notre Maire A. Claeys : la bonhommie poitevine. Serait ce du à l’image de la composition socioprofessionnelle de la ville de Poitiers ? Possible que le caractère de classe moyenne supérieure en plus d’un assez important fonctionnariat très syndiqués et relativement assez protégés des aléas du sacro-saint marché y sont pour quelque chose. Par exemple, on peut noter qu’il n’y a pas eu de confrontation avec les flics, pas de tentatives d’action en manifestation, on se laissait trainer dans des marches assez ternes. Comme une absence, comme un oubli qu’il y avait sans doute des actions à faire qui marque une concrétisation d’une rage légitime face à un pouvoir et son mode de gestion de nos vies. De même les révolutionnaires et autres radicaux ont été entrainés également dans cette absence malgré des tentatives : la création d’une « assemblée populaire », d’une caisse de soutien à la grève générale qui ne reposait pas sur une réalité faite de dynamique dépassant les marges de manœuvres des syndicats.

Le mouvement ouvrier a été peu présent mis à part quelques exceptions [2]. On a seulement entendu les malheurs des travailleurs de «Buroform» pour lesquels il y a eu un rassemblement de solidarité devant la Mairie de Chauvigny.

On pourra noter l’absence du mouvement paysan local [3], par exemple, l’on n’a pas vu la confédération paysanne lors des rassemblements et des actions de ce mouvement contrairement à ce que l’on a vu pendant le mouvement anti-CPE où il y a eu des passerelles crées avec les jeunes lycéens/étudiants. Ces derniers ont été très peu présents lors des manifestations à part la frange militante en dépit l’agitation qui a eu dans leurs facultés et certains bahuts qui a été l’objet d’une répression particulière de la part des forces de l’ordre, et des plus hautes instances administratives de l’éducation (voir article).
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[1] : Un syndicaliste de SUD est poursuivi pour entrave à la circulation après une action de blocage économique de l’intersyndicale, juridiquement il risque deux ans de prison, une amande et le retrait de points de son permis.
[2] : En région, on peut parler du blocage du dépôt pétrolier Total de La Pallice (La Rochelle).
[3] : Mouvement paysan qui ces dernières années a lutté, mais seule, autour de leurs revenus ou bien la crise des producteurs de lait, etc.